Chapitre 14

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Point de vue d'Émi : 

Je passais une excellente journée. La soirée d'hier avait été incroyable et j'étais sur un petit nuage jusqu'à ce que la voix forcée sur l'aiguë de ma soeur résonne entre les murs du club. 

À ce moment-là j'ai su, Zoé va encore tout me prendre. 

Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en papa, papi ou les gens du club, mais mes parents aussi m'aimaient à une époque ! Et ils se sont détourné de moi parce que je n'étais pas aussi parfaite que ma soeur !

Zoé, la petite princesse, Zoé le diamant de la famille, Zoé le génie, Zoé l'élève exemplaire. 

À côté il y a Émillinda la trouble fête, Émillinda la ratée, Émillinda la honte de la famille, Émillinda l'échec. 

Je descend du bus. Je ne suis même pas surprise que personne n'ai tenté de me retenir, personne n'a dû remarquer que j'étais partie. 

J'ai bien dû pleurer dix bonnes minutes dans les toilettes. J'ai les yeux bouffis et irrités à force de frotter pour essuyer les larmes. Encore une fois le rêve se transforme en cauchemar. Je veux me réveiller et retrouver mon quotidien sans emmerdes ou je rend visite à Ink dans son atelier sans risquer de tomber sur ma parfaite petite soeur, parce qu'elle y sera forcément. 

Je n'oserai plus parler à papi parce qu'il me parlera de sa parfaite petite-fille Zoé, je n'oserai plus aller au club de peur de peur que tous me regarde comme une salope, un monstre à côté du petite ange qu'est Zoé. 

Puis elle trouvera l'association, dira à quel point je suis une connasse et que ce n'est pas une bonne idée de me laisser approcher les enfants. 

Ensuite, je changerais de pays, parce que changer de ville n'est pas suffisant apparemment. L'Italie ça me plairait bien, c'est le pays de la renaissance culturelle et artistique et puis, je pourrais troquer un toit et un nouveau départ contre une de mes oeuvres avec Tonio. 

Ouais, disparaître ce serait une bonne idée. Mais est-ce que j'ai vraiment envie de laisser partir ma famille de Little Rock ? J'ai un père, des grand-parent et un homme qui m'aime ici. Même les gens du clubs sont adorables. Je n'ai pas envie de partir. 

Hier encore j'étais prête à me battre pour eux mais maintenant qu'elle est là.. ! Maintenant qu'elle est de retour dans ma vie je n'ai plus la force de me battre. Je me suis battue pour garder mes amis et Marc, j'ai démenti les accusation de Zoé mais c'était toujours elle qu'ils croyaient au final. 

À quoi bon se battre quand on sait déjà qu'on va perdre ? 

J'ai essayé. Avec des arguments, avec des pleurs, en comptant sur les liens que j'avais avec mes proches. 

J'ai échoué, j'ai échoué, j'ai échoué. 

J'arrive à l'atelier, ouvre machinalement la porte avant de la barricader avec un meuble remplit de fourniture d'art, ferme les rideaux métallique de la vitrine que papa a fait installer....

Je ne vais bientôt plus pouvoir l'appeler papa. Cette pensée me tue un peu plus le coeur. 

Je ferme le petit rideau en tissus de la porte, remonte jusqu'à ma chambre, reprend cette vielle peluche qui a consolé tellement de mes sanglots et ouvre la porte du placard incrusté dans le mur. Il y a beaucoup d'espace dans ce placard, de quoi faire tenir deux personnes adultes si elles s'accroupissent. Je décolle les affaire qu'il y a dans l'étage du bas, m'installe, replace les affaires ferme la porte du placard de l'intérieur et commence à pleurer. 

C'est une habitude que j'ai depuis que je suis petite. Pleurer dans le placard de ma chambre. 

Je le faisais pour ne pas que Zoé me retrouve pour m'embêter encore une fois. Je me faisais disputer par nos parents à cause d'elle et elle venait me trouver pour jouer. 

PinguinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant