Chapitre 4

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Point de vue d'Émi : 

Me voilà attachée sur une chaise en plein milieu d'un Salon de tatouage parce que comme par hasard je me grattais, comme pour retirer cette couche sale qui me rend repoussante aux gens qui m'entourent. Cette couche qui les fait fuir et m'abandonner, qui fait que je n'ai aucune valeur pour personne. 

Peu importe à quel point je lutte, personne ne me soutiendra jamais. Je ne gagnerais jamais le combat. 

Même Mamie Laurie que j'apprécie de tout mon coeur, à tenté de me convaincre de pardonner jusqu'à son dernier souffle. Elle voulait que j'aille m'expliquer avec mes parents parce qu'elle pensait que c'était un malentendu, un simple accès de colère parce que les choses étaient difficiles pour eux en ce moment. Elle avait beau être la plus gentille du monde, elle n'a jamais voulu me soutenir, elle aussi m'a laissé tombé, parce que les enfants doivent vivre avec leurs deux parents pour être heureux.

Pourquoi un homme que je connais depuis moins d'une journée seulement voudrait m'aider ? Pour mes misérables petits problèmes ? Je n'ai jamais été battue,  jamais abusée, et même si j'ai été mise dehors, j'ai trouvé un poids alors ce n'étais pas si grave. 

"Gamine, je suis pas assez con pour croire les mensonges que tu te sers à toi-même pour fuir tes problèmes."

Je le regarde. Pourquoi il y a-t-il plus d'amour dans ses yeux alors que je le connais à peine, qu'il n'y en a jamais eu dans ceux de mes deux parents réunis qui sont du même sang que moi ? Pourquoi ? Comment un inconnu peut-il donner autant d'affection à un étranger ?

Les larmes montent et coulent toute seules. 

C'est étrange comme en fait, les adultes sont juste des enfants qui portent un masque pour cacher leurs émotions. Je me suis toujours sentie comme une enfant, l'âge de l'indépendance n'a jamais vraiment signifié quelque chose pour moi, dans ma tête je suis toujours une gosse qui essaie de se démerder dans un monde d'adulte, parce que les choses sont dures et qu'en fait personne n'est vraiment sûr de lui. 

Bref, je me retrouve à chialer dans les bras d'un type que je connais depuis hier comme une petite chose fragile et le pire, c'est qu'au fond je sens que ça me fait du bien.

"Parles-moi Pinguin, parles-moi."

J'ai envie que ça sorte, et j'ai besoin qu'on m'écoute et qu'on prenne en considération ce que je dis. 

"Ce matin j'ai reçu une lettre de ma petite soeur.

- Et c'est mal ? Demande l'autre Biker.

- C'est la princesse de mes parents. Depuis que j'ai huit ans ils lui passent tous ses caprices. Ils ont commencé à oublier mes récitals de musique et de danse, puis ils ont oublié de venir me chercher à mes cours de dessins. Je me suis rendu compte qu'à chaque fois c'était pour ma soeur qu'il le faisaient. Ensuite ils ont accepté de la faire sauter une classe même si elle n'avait pas le niveau et ce sont mes amis qui m'ont tourné le dos. À chaque fois qu'elle venait, je finissais toute seule et même si je réagissais, ça finissait par être de ma faute. Je devais pas avoir de mauvaises notes pour ne pas faire honte à ma famille et si je ne devais jamais me faire remarquer si je venais à faire mieux que ma soeur.  Un jour ils ont commencé à nous donner de l'argent de poche. De mon côté j'économisais mais Zoé...elle dépensais tout et quand elle était à sec elle venait me voir. Je refusais mais mes parents lui donnaient toujours raison et tout mon argent finissait dans sa poche. Un jour j'ai demandé un billet de dix dollars pour m'acheter une boite de crayon de couleurs et mes parents m'ont refusé ça en me disant que si je voulais plus que ce que j'avais par mois, je devais me trouver un boulot. Quand ma soeur est venu leurs demander de l'argent pour acheter des nouveaux vêtements, ils lui ont donné deux-cents dollars. Ça a toujours été elle la préférée et ils n'ont jamais fait attention à moi ! Et ensuite...ensuite...!

PinguinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant