Chapitre 60.

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La transfusion vient de se finir, ma vie repose donc sur ce culot contenant le don de moelle osseuse de mon frère.
Je m'allonge sur mon lit et ferme les yeux.
Le fait de repenser à cette histoire, cette annonce si brutale me fait frissonner de tout mon être.
D'un moment à l'autre, tout peut s'arrêter.
Ta vie ne tient plus qu'à un fil, ça te tombe dessus sans que t'y sois préparé.

Un jour tu ris, un jour tu pleures.
Un jour tu vis, un jour tu meurs.

Dans le fond, je n'attendais plus rien de cette dernière, j'attendais que la faucheuse m'emporte au fil des jours.
Puis ces jours sont devenus des années, et ces années se sont transformées en cauchemar.
Pendant que certains invoquent Dieu pour avoir une belle et longue vie, notamment la santé, moi, de mon côté, je le suppliais de me reprendre.
Pas une seule journée n'est passée sans que je le lui demande.

J'étais si désarmée que j'ai essayé d'attenter à mes jours.
J'avais des idées sombres, très sombres.
Mais dans le fond, il y avait cette infime partie combative qui se refusait quant à elle de céder.
Elle ne voulait en aucun cas les laisser gagner.
Car oui, me tailler les veines serait leur offrir une victoire servie sur un plateau d'argent.

Puis il y a eu cette révélation qui m'a bouleversé.
Cette révélation qui m'a fait prendre conscience que si j'avais céder à cette partie sombre de moi-même, jamais je n'aurai pu découvrir l'existence de Nessim.
Si je me bats aujourd'hui ce n'est plus pour moi, mais bien pour lui.
Rien n'est fait au hasard, ça devait se passer ainsi, tout était écrit.

Je soupire et tend la main pour accéder à mon petit journal.
Ça fait un petit moment que je ne l'ai pas rempli, je décide donc de m'y mettre.

L'encre s'écoule sur une page, puis deux, et ainsi de suite.
Une sensation de bien-être s'empare de moi, l'écriture est devenue mon exutoire.
J'ai tellement de choses sur lesquelles aucun mot ne peut qualifier ce qui se trouve enfoui au plus profond de mon être, qu'il faut que ça sorte, d'une manière ou d'une autre.

La seule manière que j'ai choisie et qui me fait le plus grand bien reste celle-ci.
Ecrire me permet de me sentir libérée.
J'ai cette sensation qu'une fois les mots encrés, ces derniers prennent possession de la page blanche et plus de mon âme.
Cette âme, qui malgré tout, restera à jamais brisé, quoi que je fasse.
Les douleurs de mon passé sont encrées en moi tout comme l'encre l'est sur cette page.
Elles me hantent jour et nuit.
Il y a toujours un son, un mot, une phrase, une image qui me rappelle d'où je viens.
Que mes yeux soient ouverts ou fermés, elles sont présentes, elles sont sur chaque parcelle de mon corps et c'est indélébile, rien ne pourra les effacer.

↩️Flash-Back↩️

J'ai eu une mauvaise note, il faut dire que les maths ne sont pas trop mon fort.
Mais je sais d'avance que ce n'est pas la note qui me met dans cet état au point ou mon corps en vient à trembler.
Je sais que c'est la sentence que va engendrer cette dernière.
Je fais tous les détours possible en prenant tout mon temps pour arriver dans l'aile ou se trouve ma chambre.
Je retarde seulement au mieux l'inévitable.
Je pousse cette porte.
Je pensais ne pas la voir maintenant mais malheureusement, il fallait bien que je rentre.
J'ai déjà plus d'une heure de retard, et je sais que ça va jouer également et qu'ils vont en profiter, une fois de plus.
Je soupire en voyant la directrice ainsi que Chris posté dans la pièce qui me sert de « chambre ».

-Elle : Tu t'es perdu en route ?

-Moi : Non...

-Elle : Tu ne connais plus le chemin ?

Nessima - Dead Heart. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant