Je me retourne et j'vois le gérant de la salle.-Lui : Tu va t'faire mal la, ça fait quarante-cinq minutes que tu tapes dedans inutilement.
-Moi : Si je tape encore dedans c'est que ça m'fait pas mal non ? Et qui t'as dit que je tapais inutilement ? -Dis-je sur la défensive.
-Lui : T'es toujours sur la défensive comme ça ?
Je me contente de le regarder en arquant un sourcil.
-Lui : J'vois que t'as de l'énergie mais la, sur un sac, ça sert à rien. T'as le matos sur toi ?
-Moi : Le matos ?
-Lui : Protège dents, protège tibia, mitaines ?
-Moi : Ouais, dans mon sac.
-Lui : Enfile-les et rejoins-moi.
Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il est déjà parti.
Je vois très bien où il veut en venir. J'ouvre ma valise mais j'sens un regard sur moi, je décide de tourner la tête et je tombe sur le regard du gérant ainsi que celui d'un autre homme à ses côtés.Bon, j'avoue que la plupart des gens se ramènent en sac de sport et non pas avec une valise. Je n'y prête pas plus attention et referme aussitôt celle-ci. J'enfile ce qu'il faut et j'le rejoins.
Il me regarde, regarde ma valise derrière moi, me regarde une nouvelle fois mais ne pose pas de questions. Tant mieux parce que j'aime pas les curieux et j'aime pas les questions. Il aurait gagner l'opportunité de me faire monter en pression et sans aucune réponse de ma part.-Lui : Sur le ring.
J'le suis et monte dessus avec lui.
Il est équipé.-Lui : Bon comme t'es bien échauffé j'vais te faire des sessions et tu reproduis la même.
Il met ses mains dans les PAO et me regarde.
-Lui : Tu m'fais droite, droite, crochet gauche, coude droit.
J'exécute ce qu'il me dit.
-Lui : Bien, t'as une bonne technique, ou t'as appris à boxer ?
-Moi : Nul part.
-Lui : Tu m'en enchaîne dix comme ça, pense à bien respirer, GO.
J'enchaîne ses dix sessions.
Il m'en fait faire encore d'autres pendant dix minutes.-Lui : T'as déjà combattu ?
-Moi : Oui.
-Lui : Ok on va faire un petit combat.
À l'enttente de cette phrase, un sourire se dessine sur mes lèvres avant que je ne l'efface.
-Lui : Bon, tu connais les règles ou je te les rappelle ?
-Moi : Je les connais.
On se tape dans les gants et c'est parti. Il me laisse mettre le premier coup donc je le mets subtilement, ce qui me vaut un regard étonné de sa part.
Je vois qu'il analyse ma technique et mes déplacements.
Le chrono sonne, on s'arrête et on se tape dans les gants. Je me retourne et j'vois que tout le monde nous regarde.-Lui : Bien joué, reviens quand tu veux.
-Moi : Merci.
Je quitte le ring sous le regard des autres tout en regardant l'heure. Je vois qu'qil est déjà quatorze heures trente. J'me suis plutôt bien défoulé.
Je pose mes affaires dans ma valise et rejoins les vestiaires pour me doucher et me changer.
Je pense venir assez souvent, je pourrai me laver gratuitement. Je fais le tour des vestiaires et je remarque qu'il y a une issue de secours.
J'ouvre la porte et je vois qu'on peut l'ouvrir que de l'intérieur. Je regarde alors partout dans la pièce, j'ouvre les casiers vides et je tombe sur un vieux flyer qui fera largement l'affaire.Je le coupe et le plis en morceaux. Je me dirige vers la porte pour le coincer délicatement en bas, de sorte à ce qu'on ne voit pas qu'elle reste ouverte.
Dans la logique des choses, il n'y aura personne le soir, je pourrai donc venir passer mes nuits au chaud. C'est temporaire, il faut que j'me trouve un petit studio pas chère mais ça, ça sera pas avant d'avoir un salaire..Je rassemble mes affaires et je sors par l'entrée principale.
Tous ces efforts m'ont donné faim. J'ai vu qu'il y avait un Lidl non loin tout à l'heure, et sans mentir, Lidl c'est parfait pour moi niveau budget.J'entre à l'intérieur du magasin pour acheter de quoi manger, j'en ai pour moins de cinq euros.
Je sors et pars me poser sur un banc devant un petit parc. J'en profite pour regarder mon tel, pas d'appels.. bon en même temps j'ai déposé que ce matin.Je regarde autour de moi. Je suis dans un endroit que je ne connais pas. Je ne sais pas dans quelle ville je suis, ni même ou j'me situe.
Soudainement, je repense à mon petit agenda qui repose au fond d'ma valise, je le sors. Il est presque tout aussi vieux que moi.
Les pages défilent et je regarde l'évolution de mon écriture au fil des années. Elle a bien changé, les fautes d'orthographes aussi. J'en rigole inconsciemment.
L'impact des mots a pris un tout autre sens. On peut voir que l'innoncence de la petite Nessima a très vite été remplacé par d'autres sentiments plus puissants et plus sombres les uns que les autres.Toute ma vie repose à l'intérieur. J'ai tout écrit pour ne rien oublier, pour me donner de la force si je venais à vouloir baisser les bras, relire ces pages si l'envie d'abandonner me vient, en me disant ;
« Putain Ness, avec toutes les merdes que t'as vécu, la misère qu'on t'a fait subir, c'est maintenant que tu veux baisser les bras ? Allez relève la tête, t'es bien plus fortes que tout ça ! »
Ça peut paraître bizarre, j'vous l'accorde. Relire les pires passages de sa vie pour se rebooster. Chacun son truc après tout, n'est-ce pas ?
Je décide de prendre mon stylo et d'écrire, écrire mes dix-huit ans, c'est-à-dire ma sortie de ce maudit orphelinat. Mon jour de liberté.. je prends ma photo du jour et je la colle.
Je vous explique.
À chaque anniversaire depuis notre arrivée là-bas, on nous prenait en photo pour voir notre évolution au fil des années, ce qui fait que j'ai dix-huit photos, dix-huit bougies qui résument toute ma vie dans ce petit carnet. Hier, ils l'ont fait et me l'ont sorti.La petite Ness a bien grandit, et elle est bien loin de la vie dont elle rêvait lorsqu'elle était petite. Elle a très vite compris que les contes de fée, ça n'existait pas.
Je me perds dans mes pensées quand j'sens une présence à mes côtés, une personne vient de s'asseoir sur le banc.
Je n'y prête pas forcément attention jusqu'à un certain moment
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Nessima - Dead Heart. [Terminée]
AcciónNessima, jeune fille au regard perçant, parvient enfin à sortir d'un enfer sur terre du haut de ses dix-huit ans. Tandis que le passé la rattrape, elle va rapidement être confrontée à de nombreuses épreuves les unes plus traumatisantes que les autre...