Chapitre 7.

668 34 5
                                    


Une fois tout ça fini, je pars faire mes prières.
Je peux vous dire que je n'ai pas quitté mon tapis, remerciant Dieu de m'avoir remis Aïcha sur mon chemin, sans compter la rencontre de Meriem. Je sens que cette fille va beaucoup compter pour la suite et va devenir importante dans ma vie. J'en ai l'intime conviction.

Je me lève et range mes affaires. Meriem m'a fait de la place mais bon, avec le peu d'affaires que j'ai, c'était même pas nécessaire.
En discutant avec elle, j'ai appris qu'elle continuait ses études dans le social se rapprochant de tout ce qui est aide, humanitaire, association, tout comme sa maman. Elle a son propre projet qui est en cours, c'est une jeune femme pleine d'ambition.

-Meriem : Ça te dis qu'on aille se balader ? J'te fais visiter un peu la ville, les alentours ?

-Moi : Oui, avec plaisir.

Aulnay-sous-bois, je savais bien que cette ville me disait quelque chose, c'est Aïcha qui m'avait dit qu'elle y habitait.

On salue sa mère et nous prenons l'ascenseur.
Arrivé en bas, y'a encore plus de garçons que tout à l'heure et parmi eux se trouve Zayden, le frère de Meriem.
Ils détournent tous le regard tout en lâchent un « salam » auquel nous répondons.

-Zayden : Tu vas où ?

-Meriem : Faire visiter notre si belle ville à Nessima.

-Lui : Va-y t'as besoin de quelque chose ? -Dit-il dans un sourire.

-Elle : Tu lis en moi, c'est dingue !

Il fouille dans sa sacoche et lui tend deux billets de cinquante euros.

-Elle : Merci mon frère d'amour.

-Lui : Ouais c'est ça, vient deuspi.

Ils se mettent à l'écart. Il lui chuchote quelque chose dans l'oreille, elle sourit et acquiesce de la tête avant de me rejoindre.

-Lui : Aller bouge et pas de conneries.

-Elle : Orh tu m'connais, salam la populass.

J'ai l'impression qu'ils sont super proches, j'aime beaucoup leur complicité, c'est beau à voir.
Quant à moi, j'ai ce manque atroce que je n'arrive à combler.. je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais c'est comme si une partie de moi manquait.
Je me suis habitué à être seule au monde, sans famille, ni attache, mais ça fait toujours bizarre de voir ce genre de scène sous tes yeux. Non pas que je sois jalouse, j'me dis seulement que la vie peut être injuste. Certains ont plus de chances que d'autres.

On se dirige sur le parking et j'la vois ouvrir la portière d'une belle peugeot 208 full black toute mignonne.
Je ne savais pas qu'elle avait le permis. D'ailleurs dès que j'ai un job, je mets de côté pour pouvoir me le payer et m'inscrire au concours infirmier, j'ai eu mon bac au passage. Bref, revenons à nos moutons.

On s'installe et elle met de la musique histoire de s'ambiancer et de détendre l'atmosphère.

-Elle : Au fait Nessima, ne t'inquiètes pas, ma mère n'est jamais rentré dans les détails te concernant. Mais sache que si tu as besoin de quoi que ce soit, de te confier ou juste parler sans même avoir besoin de réponses je suis la, ma mère aussi, tu la connais je pense que tu sais que tu peux lui faire confiance et même à mon frère n'ai surtout pas honte d'accord ?
Je ne te force pas mais quand tu te sentiras prête, je serais là. Ne garde pas tout ça en toi c'est mauvais et je sais de quoi j'parle..

Lorsqu'elle a prononcé cette dernière phrase, j'ai vu son regard se vider de toute émotions, partant loin dans ses pensées. Elle a dû en vivre des choses, parfois nous n'avons pas besoin de parler, nos yeux le font à notre place.

-Moi : Merci beaucoup, un jour peut-être mais la, j'en ai pas l'envie et ni la force, je préfère éviter d'y penser.. et sache que toi aussi hein, n'hésites surtout pas, j'serais la..

Ça m'fait tellement bizarre, moi la fille solitaire, qui n'a jamais eu d'amis, personne à qui parler, insociable, je me surprend moi-même à dire ça.
Elle me sourit et se concentre sur la route.

-Elle : Alors t'aimerais faire quoi pour la rentrée ? Travailler ? Reprendre l'école ?

-Moi : Bah j'aimerais poursuivre une formation en école d'infirmière mais il faut d'abord passer tout un concours donc je verrais bien, mais pour l'instant, travailler et pouvoir toucher mon propre argent.

-Elle : T'as l'air déterminé, c'est ça qu'il faut ! Que Dieu te facilite ma soeur, en tout cas, lâche pas.

-Moi : Amin, non t'inquiète pas pour ça, je ne suis pas du genre à lâcher.

Elle finit par se garer et nous descendons. Je me rend vite compte qu'on est au centre commercial où je suis venu ce matin.

-Meriem : Allez viens, j'vais te prendre quelques habits, tu tiendra pas avec le peu d'affaires que t'as.

-Moi : Non c'est pas nécéssaire j'te jure mais merci beaucoup.

-Elle : Eh, commence pas, tu m'suis. Aujourd'hui, c'est moi la boss et c'est moi qui commande ! -Dit-elle d'un sérieux implacable.

On s'regarde et nous rigolons quelques secondes plus tard.

-Elle : Viens, y'a primark ! Tu vas trouver ton bonheur, ça vaut trop le coup pour les voilées niveau fringues !

Je vous passe cette aprem shopping. Elle m'a rhabillé et franchement, c'est super adorable de sa part, sachant qu'elle n'était pas obligé. Je remercierai Zayden aussi parce que c'est grâce à son argent.
Je ne peux m'empêcher de penser que j'ai l'impression de profiter d'eux et de leur gentillesse, chose que je ne supporte pas.

On se balade encore un peu puis on fini par rentrer à la cité.
On descend de la voiture et on se dirige vers le bâtiment ou il y a toujours les mêmes têtes.

- : Bah alors, on ne dit plus bonjour..

Je vois Meriem se figé d'un coup, son corps entier se crispe. Elle lâche les sacs dû aux tremblements de ses mains.
Elle se retourne et je peux voir ses yeux briller.

-Moi : Meriem, tout va bien ?

Elle ne me prête aucune attention, je vois que son regard se fixe sur la personne qui vient de parler donc je me retourne à mon tour et j'aperçois un homme assez grand et imposant, avec une cicatrice sur sa joue. Il dégage un charisme de fou.

Il regarde Meriem avec un immense sourire scotché aux lèvres.

-Meriem : C'est.. pas.. non.. tu.. Wassil c'est.. toi ? -Bégaie t-elle la gorge nouée.

Elle court et lui saute dans les bras.

Les autres garçons ont le sourire aux lèvres, je regarde la scène sans trop comprendre mais ça à l'air d'être des retrouvailles. Je sens un regard sur moi, je tourne légèrement la tête et mes prunelles tombent dans les siennes.

Nessima - Dead Heart. [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant