Hate Loving You

3.Ne me laisse pas tout seul

ZEE

Le corps en nage, les jambes douloureuses mais libéré de toutes les toxines accumulées ces derniers jours, je rentre silencieusement dans l'appartement, pressé de me prendre une douche bien chaude et de végéter devant un bon film.

- Forrest est rentré ! s'écrie la grosse voix de Titan en provenance du salon. Alors, on s'est bien dépensé ?

- Maintenant que l'été est terminé je n'ai plus à slalomer entre les gens, c'est cool, je grogne en retirant mes baskets avant de le rejoindre pour m'arrêter net à l'embrasure de la porte.

Il est là, nonchalamment assis sur le canapé, un sourire narquois peint sur ses lèvres roses et pleines. Saint. Je n'ai pas envie de le voir ici, chez moi, pas après avoir passé une des pires semaines de ma vie, à devoir m'adapter à sa présence dans ma propre cuisine. J'ai besoin de souffler, loin de lui, de son visage angélique et de la blondeur de ses cheveux, il me faut du temps pour moi ou je vais réellement finir par imploser.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je l'attaque aussitôt en m'avançant lentement dans leur direction.

- Zee...

- Je n'ai même pas le droit de rendre visite à mon propre frère ? crache-t-il en interrompant Tanja. Déjà que je ne peux pas habiter avec lui par ta faute.

- Quoi ? Tu n'es pas bien avec ton copain ?

Le sourire qu'il se borne à vouloir afficher contraste avec la flamme qui brule dans son regard et qu'il est bien incapable de dissimuler. Il y parvient à peine au salon de thé, alors ici, dans son élément, c'est mission impossible.

- J'ai eu de la chance que son coloc foute le camp surtout, sinon je me serais retrouvé à la rue.

- Ne dis pas de bêtise Saint, bien sûr que tu serais venu ici, tempère son frère en me faisant les gros yeux.

- Tu parles ! Il n'aurait pas hésité à me laisser moisir sous un pont, persifle-t-il sans me lâcher du regard.

Un silence lourd s'installe entre nous que même Tanja n'ose pas briser, son intervention serait inutile et il le sait. C'est tous simplement plus fort que nous, loin des limites que nous nous sommes fixées au travail, il est impossible de se contenir lorsqu'on est face à face, et ce malgré toutes les promesses que je me fais. Celles d'arrêter de chercher la confrontation, de ne plus lui faire de remarques offensantes, de prendre sur moi pour le bien de tous.

Mais je n'y arrive pas, putain, quand je le vois me regarder ainsi, avec insolence et détermination, je craque et rentre dans ce jeu qui ne nous a jamais mené à rien. Je suis son ainé, je devrais être celui qui montre le bon exemple mais Saint possède ce truc en lui qui fait taire toutes mes bonnes résolutions, jusqu'à nous perdre tous les deux dans le chaos que j'ai moi-même créé.

- Pourquoi tu es là ? je lui redemande plus calmement en me dirigeant vers la cuisine ouverte. Tu n'avais pas prévu de sortir avec Elouan ?

Je me descends un verre d'eau d'une traite, adossé contre le comptoir pour ne pas avoir à affronter ses prunelles envoutantes que je peux sentir glisser sur moi bien que j'aie le dos tourné.

- On se retrouve pas loin, marmonne-t-il, toute trace de sourire disparue dans la voix.

- Eddy ne vient pas avec vous ? s'enquiert Tanja, visiblement soulagé que la tension retombe quelque peu.

- Nope, il retrouve certains de ses potes.

Là, mon sang ne fait qu'un tour. Eddy ? Le Eddy qu'il fréquentait avant son départ à Montpellier ? Cet espèce d'imbécile qui s'envoie en l'air avec tout ce qui bouge ? Ils sont encore ensemble ?