35.Putain d'exploit

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AKSIL

Je ne le lâche pas du regard, alors même qu'il a fini son discours depuis plusieurs minutes, je continue de l'observer sans ciller. J'ai l'impression que tout se bouscule dans ma tête, comme à chaque fois que je suis avec lui, je n'ai aucun contrôle, sur absolument rien du tout. Ce petit bonbon roux me retourne complètement le cerveau.

- Je... Tu... Tu peux dire quelque chose ? s'impatiente la boule à facette rouge en se dandinant sur place. Ou tu... tu préfères que je m'en aille ?

- Non. Reste.

Mon ventre se noue, je me racle la gorge dans le but vain de retrouver ma voix, sans succès. J'ai été tellement en colère qu'il m'envoie chier aujourd'hui, comme ça, aussi facilement, sans même prendre en compte les semaines que nous avons passées ensemble. Mais j'étais surtout furieux contre moi-même, parce que c'était exactement ce que je comptais faire quelques jours plus tôt, juste avant que nous fassions l'amour.

Et ça me rend fou, bordel ! Ça me rend dingue d'être dans cet état alors qu'il a été le plus raisonnable de nous deux, alors qu'il a compris qu'il fallait mettre un terme à cette histoire bizarre avant que l'un de nous n'y laisse des plumes. Le seul souci, c'est que je n'ai déjà plus aucune foutue plume sur moi, et que ça, je ne l'avais absolument pas prévu. Que ce soit moi, plutôt que lui, qui en souffrirais le plus.

- Parle-moi, s'il te plait...

Sa supplique me ramène les pieds sur Terre, face à ce petit gars qui ne sait plus où se mettre tant il est embarrassé. J'imagine que ce n'est pas facile pour lui non plus, ressentir des sentiments à mon égard doit le chambouler, lui qui ne me supportait clairement pas au tout début. Merde... Il est vraiment amoureux de moi ?

- Attends ! je m'exclame vivement alors que je le vois esquisser un geste vers la porte. Attends, ne bouge pas, laisse-moi quelques instants pour... pour tout mettre au clair.

Je le vois hocher imperceptiblement la tête tout en triturant ses doigts, signe évident de sa nervosité croissante. Quant à moi, je n'en mène pas large non plus, à vrai dire je ne m'attendais pas à ce qu'il débarque ainsi, j'en ai marre d'être continuellement surpris par lui. Mais le pire, c'est que j'ai envie de me coller des pains dans la gueule, parce que maintenant que je le vois debout devant moi, dans sa doudoune trop grande, avec ses cheveux qui partent dans tous les sens, tout ce que je veux c'est me jeter sur lui et l'embrasser comme un damné.

Génial... Je suis vraiment foutu.

- Je te propose de faire l'amour, tu fous le camp en te moquant de moi, je commence lentement, bataillant contre mes propres sentiments pour garder un ton sévère et ferme. Tu décides de me faire confiance, on fait l'amour et tu fuis direct après. Je reviens vers toi et tu me lâches tranquillement que c'est terminé.

Il se décompose sous mes yeux, évidemment dit comme ça, je le fais passer pour un connard alors que c'est moi qui en suis un. Je l'ai jugé, raillé, asticoté avant de lui faire du rentre-dedans sans jamais rien lui promettre de plus. J'ai pensé tout arrêter de peur de devenir dépendant pour finalement mal vivre le fait que ce soit lui qui soit parti en premier. Je suis juste un putain d'hypocrite qui ne sait pas ce qu'il veut. Enfin... Qui ne savait pas ce qu'il voulait, avant son absence.

- Et maintenant tu es là, avec ta petite voix fluette, ta doudoune immonde, ta tignasse rebelle, tes grands yeux larmoyants, tes minuscules mains crispées, tes joues écarlates et ton putain de nez retroussé.

Je me racle à nouveau la gorge, mes doigts me démangent tant je crève d'envie de fondre sur lui pour le prendre dans mes bras.

- Tu te tiens devant moi et tu me sors tout ça, après des jours et des jours de silence radio. Et tu attends une réponse de ma part ?

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant