9.C'est toi mon chaos

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SAINT

Les étoiles sont quasiment toutes invisibles, le croissant de lune apparait et disparait au gré du vent, partiellement caché par les nuages. L'obscurité est si dense que je me sens comme happé dans un autre monde, une autre réalité avec comme seul point d'ancrage, Zee. Il brille, illumine tout ce qui se trouve autour de nous malgré sa mine sombre et son regard froid qui pourtant ne décroche pas du mien.

J'aurais aimé une réaction, n'importe laquelle, mais je n'ai droit qu'à un nouveau silence, le genre de silence que je ne supporte plus et qui me fait le détester toujours un peu plus. Le genre de silence que je voudrais briser, exploser, détruire à coups de griffes, à coups de poings, pour qu'il cesse enfin. Mais je ne peux rien faire, la crainte de passer pour un gosse capricieux me retient d'agir ainsi, de hurler, de l'insulter, alors je reste planté là, je lui rends son regard sombre tandis que mes ongles maltraitent la peau de mon ventre.

- Pourquoi est-ce que tu me détestes si ce n'est pas à cause de mon homosexualité ? j'ose lui demander, le cœur au bord des lèvres.

- Je ne te déteste pas Saint, soupire-t-il en laissant tomber sa tête en arrière contre le bois, mais sans jamais me lâcher des yeux.

- Tu dois forcément me haïr sinon pourquoi...

- Pourquoi tu m'as emmené ici ? m'interrompt-il en soufflant longuement, fatigué.

Parce que je voulais te voir, désespérément, je voulais juste passer un peu de temps avec toi.

- Pour te faire chier, je siffle, le sourire en coin afin de masquer toutes ces vérités qui menacent de sortir.

- Pourquoi tu me racontes toutes ces conneries sur cette histoire de chaleur ou de je ne sais quoi ?

- Pour te faire chier, je répète à nouveau, luttant pour garder une expression insolente alors que tout ce que je veux, c'est ramper jusqu'à lui et me lover dans ses bras.

Un nouveau soupir franchit ses lèvres, il semble si las, pas même en colère mais juste épuisé de tout ça, de moi, qu'il doit supporter à longueur de journée.

- Tu ne la ressens pas toi ? La flamme ?

Il doit forcément la ressentir, c'est impossible que je sois le seul à brûler dès que je le vois, dès que je suis avec lui. Il doit forcément s'enflammer lui aussi, même si de son côté ce n'est que de rage.

- Dans ton ventre..., j'insiste en soulevant mes vêtements pour lui montrer cette parcelle de peau que je triture depuis plusieurs minutes maintenant. Juste ici, tu ne ressens vraiment rien ?

Toujours ce mutisme, toujours ces prunelles sombres, toujours cette moue impassible. N'y tenant plus, je me relève et avance lentement, à quatre pattes, jusqu'à lui, comme aimanté par cette aura qu'il dégage et qui n'appelle que moi. Le son produit par le froissement de mes vêtements alors que je m'approche de lui me parait indécent, ses iris plongés profondément dans les miens me donnent chaud, encore plus, au point de sentir les battements de mon cœur pulser entre mes cuisses.

Une fois près de lui, et toujours à genoux, je pose délicatement ma paume sur son ventre, sur son pull bien entendu pour éviter tout rejet brutal de sa part, et accentue légèrement la pression pour qu'il sente mes doigts s'enfoncer dans sa chair. Il ne bouge pas, ne réagit pas, mais cette lueur que je vois briller dans ses yeux noirs, cette petite étincelle que son visage fermé ne parvient pas à éteindre, je la vois parfaitement. Je la vois et elle me bouleverse autant qu'elle me fait peur.

- Tu ne ressens rien ? Vraiment rien de rien ?

- Je te ressens toi.

Mon cœur rate un battement, non, il en rate plusieurs. Des frissons viennent courir le long de mon épiderme alors qu'il se penche en avant, son visage à quelques centimètres du mien, son souffle chaud s'écrasant sur ma bouche dans un baiser indirect qui me donne le vertige.

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant