18.Mon Enfer...Mon Eden

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ZEE

Il me tourne le dos, je vois à ses épaules tendues qu'il est nerveux, le simple fait qu'il ne prononce pas le moindre mot est le signe évident qu'il redoute ce face à face. Moi-même je ne me sens pas serein, ma fuite a été précipitée, ce qui s'est passé dans ce couloir m'a bouleversé à un degré tel que j'ai vu mon monde s'écrouler, littéralement, encore une fois.

- Est-ce que tu...

Je m'interromps, mal à l'aise, le cœur serré, les nerfs à vif. Je m'approche jusqu'à lui, lentement, et pose délicatement ma main sur son épaule pour le pousser à me regarder. Ce qu'il ne fait pas, au contraire, il baisse la tête et gratte le sol de la pointe de son pied. La tension qui plane sur nous me donne l'impression de suffoquer, sa présence m'oppresse, pourtant je n'ai pensé qu'à lui, qu'à ses lèvres gonflées de nos baisers sauvages, qu'à son odeur musquée alors que son excitation enflait en même temps que sa virilité.

L'image de Saint, plaqué contre le mur, les joues écarlates, les lèvres brillantes de salive, les cheveux emmêlés et les vêtements froissés ne s'effacera jamais de mon esprit.

- Est-ce qu'on pourrait s'allonger sur le lit ? je marmonne alors que mes doigts glissent sur sa nuque, provoquant une chair de poule sur l'ensemble de son épiderme.

Toujours dos à moi, je l'observe attentivement acquiescer en silence, avant de retirer son manteau, ses chaussures et de poser son bonnet sur le petit bureau sous la télé. Il s'avance doucement vers le lit et grimpe dessus, avant de se coucher sur le côté, face à moi, ses yeux enfin levés vers mon visage. L'estomac noué et la gorge en feu, je l'imite et grimpe à mon tour sur la matelas pour adopter une position identique, nos coudes et nos genoux entrant délicieusement en contact.

Et là je le contemple, encore et encore, je note chaque détail, chaque indice qui pourrait m'indiquer la façon dont il a géré mon absence. Et ce que je discerne ne me fait pas plaisir, pas du tout. Il est fatigué, livide, les traits creusés et les paupières tombantes. Et à nouveau, je suis le seul fautif, je suis l'unique cause de ses tourments. C'est parce que je ne suis pas capable de gérer tout l'amour que je ressens pour lui et toute la culpabilité que ces sentiments font naitre en moi qu'il est dans cet état.

- Je suis désolé..., je souffle en passant mes doigts sur sa joue, me maudissant de la trouver si blême.

- Tu avais besoin de temps Zee, je le comprends.

- J'ai toujours besoin de temps alors que toi tu ne demandes jamais rien et ne fais que subir mes insécurités.

Il ferme les yeux, m'incitant à effleurer légèrement ses paupières closes avant de remonter sur ses sourcils pour finir par ses cheveux, me délectant de leur douceur. Il est si beau, même épuisé, il est à couper le souffle, une pure perfection, la mienne.

- Je t'ai laissé seul à devoir gérer le salon de thé et mon frère, sans même te donner de mes nouvelles.

- Ça a été, me rassure-t-il en rouvrant les yeux pour les braquer sur moi. Tanja a été un peu chiant car il croit qu'on s'est à nouveau pris la tête, mais il a fini par arrêter de râler.

Sa main glisse sur le matelas avec hésitation, avant de taquiner délicatement mon menton, m'envoyant aussitôt une myriade de papillons dans le ventre.

- Par contre, je pense qu'il va t'en faire baver à ton retour, glousse-t-il alors qu'il s'approche un peu plus de moi afin de caresser tendrement mon oreille. Quant au salon de thé, Elouan a été super et on a tout défoncé, tu vas être impressionné en voyant nos recettes.

- Je suis toujours impressionné Saint, dans tout ce que tu fais.

Ses beaux yeux s'écarquillent de surprise, et cette mine interloquée me fait tant souffrir que je peine à retrouver mon souffle. Est-ce normal que la personne que j'aime comme un fou soit si surpris de m'entendre le complimenter ?

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant