23.Jaloux et possessif

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AKSIL

J'ouvre la porte de mon studio et balance mon blouson, mes clés et mon portefeuille sur le canapé. Je devrais vraiment faire comme le petit roux et me prendre un sac, je n'en peux plus de tout fourrer dans mes poches. En parlant du rouquemoute, je me retourne et le découvre toujours sur la pallier, emballé dans un papier cadeau rouge et bleu, sa fameuse doudoune et son bonnet bizarre, les doigts crispés sur la lanière de son sac en bandoulière.

Son regard presque apeuré balaye mon petit appartement avec nervosité, à croire qu'il risque sa vie en pénétrant dans mon antre. Passablement amusé, l'alcool commence peut-être enfin à agir un minimum, je retire mes baskets et me jette dans ma kitchenette à la recherche d'un truc à manger.

- Rentre et ferme la porte derrière toi ! je tonne d'une voix forte en m'emparant de deux tranches de blanc de poulet que j'emprisonne de tranches de pain de mie au blé complet. Je ne paye pas pour chauffer tout l'étage !

J'entends la porte qui se referme doucement, puis plus un bruit, je me demande même s'il n'a pas décidé de foutre le camp finalement. Je jette un coup d'œil vers l'entrée et le vois en train de se déchausser lentement, sa veste et tout son attirail posés délicatement sur mon lit. Son malaise est si palpable que je dois lutter pour ne pas éclater franchement de rire. Pourquoi diable a-t-il accepté mon invitation si c'est pour être à ce point embarrassé ? Ai-je l'air si menaçant que ça ?

- Tu veux un truc à manger ? A boire ?

Ma question le surprend, il doit vraiment me prendre pour le roi des connards, sans aucun savoir-vivre.

- Euh... Je... A manger..., bafouille-t-il rouge de gêne en se frottant les mains l'une contre l'autre tout en se dandinant sur place.

- Ouais, à manger, je répète en détachant chaque syllabe ce qui le fait lever les yeux au ciel. Tu sais, c'est mettre des aliments dans sa bouche, les mâcher, puis les avaler.

Sa petite bouche aux lèvres trop fines s'ouvre en grand, avant de se refermer aussitôt, ses yeux rivés au sol. Mais qu'est-ce qui lui arrive ? Il était plus dégourdi au bar, même si pour une fois, je suis celui qui a monopolisé la parole. En même temps, c'était trop de drôle de le voir grimacer d'agacement en retroussant son minuscule nez à chaque fois que je lui parlais de l'une de mes conquêtes. J'ai pris soin de bien exagérer les choses, histoire de l'irriter au maximum.

- Alors ? Tu manges un truc ou pas ? je soupire en engloutissant mon sandwich improvisé.

- Non, c'est bon, merci.

Ce gars a la voix la plus fluette que je n'ai jamais entendue chez un mec. Elle n'est pas féminine, on entend qu'elle a muée, mais elle est toute... petite. Voilà, petite, comme lui quoi.

- Pou... Pourquoi est-ce que je suis là ? bredouille-t-il tandis que je m'affale sur le canapé, mes bras sur le dossier, mon regard rivé au sien qu'il daigne enfin me rendre.

Il n'a rien demandé durant tout le trajet en tram et c'est une fois chez moi qu'il s'interroge, ce garçon est une énigme ambulante. Je pensais ne pas l'impressionner mais peut-être que je me suis trompé, de toute évidence il n'a pas osé refuser mon invitation et ça ne peut qu'être pour cette raison.

- Je te l'ai dit, je souris de toutes mes dents en passant une main sur mon ventre, sous mon pull. Pour te remercier de m'avoir tenu compagnie ce soir, je te propose une séance de relooking gratuit.

Je n'avais vraiment pas envie de rester seul ce soir, vraiment pas, je sais que j'aurais craqué et répondu à son foutu message de merde. J'ai besoin de me changer les idées, de penser à autre chose, et la petite boule à facette devant moi est la meilleure des distractions.

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant