28.Je le hais

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Petit message plutôt important à la fin du chapitre :)

SAINT

Un an plus tôt

- Allez, encore un !

Toute la bande à table m'applaudit pour me motiver à descendre un nouveau shot, les pauvres n'ont pas compris que leurs acclamations sont inutiles, il me suffit de songer à mon départ imminent pour Montpellier et l'envie de me bourrer la gueule monte en flèche.

- Fais gaffe à ne pas te rendre malade, me glisse discrètement Eddy à l'oreille alors que le liquide me brûle la gorge.

- Depuis quand tu es ma maman ? je rétorque presque méchamment tandis qu'un soupir excédé franchit ses lèvres.

- Depuis que tu joues au gosse capricieux.

Je renifle de dépit et m'engouffre une poignée de crackers histoire de remplir mon estomac avec autre chose que de l'alcool. Hors de question de lui donner raison en étant malade dans l'heure qui suit, je déteste avoir tort.

- Oh laisse-le un peu tranquille, tempête Justine assise en face de nous, toute guillerette. Il est seulement triste de quitter son petit chéri pendant un an.

- Ouais, ça doit être ça..., marmonne Eddy avant de s'envoyer une lampée de bière.

Le dépit que je perçois dans sa voix m'aurait alarmé si je n'avais pas été un poil bourré, à la place je laisse dériver mon regard sur la salle jusqu'à tomber sur celui qui me pousse à me torcher ce soir. Assis à l'autre bout du bar, et ce malgré le monde et le brouhaha ambiant, je ne vois que lui, comme s'il avait la capacité de luire au milieu de la foule dans cette semi-pénombre.

Attablé avec Nat et Tanja, il semble comme toujours en colère, ou du moins fermé. Son visage ne laisse dévoiler aucune expression, je peux presque l'entendre grogner quelques mots du bout des lèvres pour exprimer ou non son assentiment, peu enclin à bavarder davantage.

Dieu qu'il va me manquer... En cet instant précis, alors même que mon départ est pour très bientôt, je n'ai qu'un seul désir, tout annuler et rester ici, à ses côtés, même s'il me hait. Je pensais que partir allait m'aider à tirer un trait sur lui, sur ces sentiments qui me gangrènent depuis toujours, tout en ayant le plaisir de l'impressionner en suivant ses pas. Mais plus la date fatidique de mon départ approche et moins je me suis prêt à le quitter.

Même s'il m'a mis de côté et laissé tomber sans aucune raison, je reste dans sa vie, je gravite dans son univers, je ne suis jamais bien loin. Comment survivre à une année sans le voir ? Sans l'entendre ? Sans le sentir ? Pourquoi est-ce que je m'inflige ça alors que j'ai déjà dû subir son absence pendant six ans ? Ma fierté mal placée et mon besoin de reconnaissance sans doute, de sa reconnaissance plus précisément. Je crève d'envie de rentrer dans un an et qu'il s'aperçoive de tout ce que j'ai accompli, de mon talent et de mon travail acharné pour l'égaler et pourquoi pas, le dépasser.

J'ai envie qu'il admette enfin ma valeur, qu'il comprenne que je n'ai plus rien du gamin qu'il croit que je suis, qu'à défaut de m'apprécier, il puisse au moins m'estimer. Mais alors que je l'observe, ses cheveux couleur de jais ramenés négligemment en arrière, sa chemise près du corps, ses jambes écartées dans une posture que je juge anormalement trop sexy et ses grandes mains fermes qui maintiennent son verre, je sens mon courage faillir, cruellement.

- Je vais pisser, je grommelle en me relevant, non sans difficulté.

- Tu veux que je vienne avec toi ?

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant