Hate Loving You

25.Encore plus

SAINT

Je rentre dans l'appartement, l'estomac noué par la vision des chaussures de Zee tranquillement rangées à l'entrée. Ma nervosité est telle que je sens mes doigts se crisper sur le petit sac en toile que je tiens fermement, m'enfonçant les ongles dans mes paumes tant je suis à cran. Cette tension ne m'a pas quitté depuis que j'ai reçu les résultats de mon test, ainsi que ceux de Zee, nous confirmant tranquillement que oui, nous allons enfin pouvoir nous envoyer allégrement en l'air.

Je pensais que je bondirais de joie, mais finalement l'anxiété a pris le dessus. La peur de mal m'y prendre, de le décevoir, de me retrouver passif comme cette fois-là dans la douche, incapable de me montrer sensuel et entreprenant. Du coup, histoire de me rassurer, j'ai filé à la pharmacie du coin pour acheter toute une gamme de lubrifiants et même une boite de préservatifs, si jamais il devait changer d'avis.

Je ne pensais pas qu'il voudrait le faire sans capote dès la première fois, est-ce que c'est dans ses habitudes d'ailleurs ? Je n'ai pas osé lui poser la question, pourtant elle tourne en boucle dans ma petite tête au bout du rouleau... Est-ce que Zee n'en a jamais utilisé avec Nat non plus ? A mes yeux, ça me parait dingue, moi qui n'ai jamais connu de rapport sexuel sans cette protection salutaire. Mais ça me grise aussi, beaucoup, parce que pour la toute première fois je prends conscience que je suis dans une relation amoureuse monogame, sans infidélité ou notion de partenaire libre.

Il n'y a que nous deux, nous nous appartenons l'un l'autre.

Le bruit d'un jet d'eau qui s'allume me sort de ma transe et me pousse à me déchausser avant de gagner le salon que je trouve vide. Tanja n'est pas là comme convenu et je devine que Zee est dans la salle de bain, espace que j'ai longuement occupé il y a quelques heures pour me récurer comme pas possible, désireux de sentir bon et d'être parfaitement propre pour l'homme qui occupe toutes mes pensées.

J'avance doucement jusqu'à sa chambre et dépose le tout discrètement dans le tiroir de la table de chevet avant de m'assoir sur le lit, les mains sur les genoux, le dos droit, le cœur au bord des lèvres. C'est ridicule, je suis ridicule, cette situation est ridicule. J'ai nettoyé cette chambre de fond en comble comme si c'était la mienne, alors qu'elle était déjà propre, juste pour me rassurer et me changer les idées. J'ai essayé de lire, d'écouter de la musique et même de me masturber pour tenir plus longtemps ce soir, sans succès, trop obnubilé par l'idée de faire l'amour avec Zee.

Pourtant c'est moi qui l'ai tanné à ce sujet, me plaignant que je n'en pouvais plus d'attendre, le taquinant sans cesse, pour finalement être celui qui flippe le plus. Ce que je ne comprends pas, c'est que j'ai mortellement envie de faire l'amour avec Zee, chaque fibre de mon corps se meurt de désir pour lui, chaque parcelle de ma peau se consume à l'idée d'être caressée par ses mains. Jamais je n'ai autant eu envie d'un homme et je pense que c'est ça qui m'effraie un peu... Et si je n'étais pas à la hauteur ?

Je sursaute alors que j'entends l'eau se couper, mon ventre se tord, une chair de poule vient grêler ma peau. Je ne sais pas si je dois me lever, rester assis, m'allonger sur le lit en mode aguicheur ou faire celui qui est décontracté en allant manger un bout dans la cuisine. Finalement, Zee me prend de vitesse en ouvrant la porte de la salle de bain. Chacun de ses pas, pourtant légers, retentissant avec force dans le couloir et se répercutant dans mon corps tout entier.

Et là il apparait, devant moi.

J'arrête de respirer.

Ses cheveux sont encore mouillés, quelques gouttes dévalent sa nuque et viennent glisser sur son torse nu que sa chemise noire ouverte laisse apparaitre. Son pantalon de pyjama léger tout aussi sombre est descendu si bas sur ses hanches qu'il dévoile le haut de son pubis. Sa peau légèrement scintillante semble luire dans cette lumière tamisée projetée par la lampe de chevet. Et cette façon de se tenir, à la fois nonchalante et sûre de lui, il symbolise à mes yeux le charisme à l'état pur.