11.Tu mérites mieux

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SAINT

Les yeux mi-clos, je sens la douce caresse du soleil glisser sur ma joue. Je comprends rapidement que quelque chose cloche et que je ne suis pas dans mon lit, le matelas n'est pas aussi dur que le mien, le drap est plus doux mais surtout... il y a son odeur absolument partout. Allongé dans son lit, j'ai littéralement l'impression d'être enfoui en lui, m'enivrant de son parfum jusqu'à perdre tout sens commun. Je me souviens vaguement du déroulé de la soirée de la veille, comme des scènes qui défileraient de façon plus ou moins nettes sous mes paupières closes.

Je revois sa main entre les cuisses de ce mec balèze, j'entends à nouveau les rires qui s'échappent de leur table, je ressens ses doigts contre ma braguette qu'il referme d'un mouvement rapide. Mais une fois ici, les souvenirs deviennent plus flous, plus confus. Je me jette sur son lit et parle comme un demeuré d'amour et après... le trou noir. J'ai dû m'endormir comme une loque, à moitié à poil, puant la sueur aux relents d'alcool.

Quelle joie, je viens encore d'ajouter une pierre à l'édifice du mépris qu'il ressent à mon encontre.

Tout en papillonnant des yeux, je me redresse difficilement, les muscles ankylosés, et m'étire tout en baillant bruyamment. Mon regard glisse sur la chambre au halo orangé, les rayons du soleil traversant un épais rideau rouge, accordant à la pièce une atmosphère apaisante et accueillante. Je lève la main, paume vers le haut, et intercepte quelques grains de poussière, laissant les autres virevolter autour de moi comme s'ils m'enveloppaient et me protégeaient.

A vrai dire, c'est toujours ainsi chez Zee, je me sens à chaque fois protégé et ce même s'il ne m'aime plus. Je perçois au loin des bruits de pas puis le tintement de vaisselles qui s'entrechoquent. Je devrais me lever, maintenant que je suis réveillé, il serait normal que j'aille le rejoindre pour m'excuser de mon comportement de la veille, pourtant je n'y arrive pas. A la place, je m'écroule à nouveau sur le ventre et plonge mon nez dans son oreiller, titillant du bout de la langue sa taie jusqu'à l'imbiber de ma salive.

Mes doigts agrippés au coussin, je pose doucement mes lèvres dessus et l'embrasse, d'abord tendrement, puis de plus en plus passionnément. Les émotions toutes plus extrêmes les unes que les autres me submergent aussitôt, mon bassin amorce un léger va et vient contre le drap qui s'est formé en boule contre mon aine, exacerbant le désir qui fait durcir encore davantage mon membre. Je ne comprends même pas ce que je suis en train de faire, ce n'est pas bien, c'est même pire que tout, c'est son lit, son intimité, et je suis en train de la bafouer.

- Zee...

Mais c'est Zee, c'est sa fragrance que je sens me pénétrer alors que je m'enfonce toujours un peu plus dans son matelas, comme si je m'enfonçais en lui. Pourtant je le déteste, ce qu'il a fait hier est inadmissible, se mêler ainsi de ma vie et de mon cul est une grosse blague alors qu'il est le premier à se plaindre de moi et de l'attention que je lui demande. Sans oublier sa putain de main située entre les jambes du collègue à mon frère. Mais putain... Même si je le déteste... Je l'aime encore plus... Et là, tout ce que je veux, c'est me fondre dans son corps, sur ce même lit, jusqu'à faire de son intimité la mienne, la notre.

Le mouvement de mes hanches devient lancinant, des gémissements rauques m'échappent et meurent étouffés contre l'oreiller, des images d'une lascivité désarmante viennent ensevelir le peu de raison qu'il me reste jusqu'à ce que mon regard tombe sur le miroir en pied posé à côté du lit. Et là, tout s'écroule. Je me vois alors tel que je suis, un taré à moitié nu en train de fantasmer sur un homme qu'il n'aura jamais, allant jusqu'à salir son lieu de repos de tous mes rêves sexuels totalement débridés.

La poitrine serrée par ce sentiment de honte qui m'envahit peu à peu, je finis par m'assoir sur le bord du lit, la tête entre les mains, le cœur pulsant à un rythme effréné. Parfois, je me dégoute, j'ai beau me faire la promesse d'arrêter, je vais toujours plus loin, toujours plus fort.

Hate Loving YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant