Hate Loving You

34.Sans mentir

ELOUAN

- Voilà, tout est rangé, je vais y aller !

Je m'apprête à rejoindre les vestiaires lorsque la poigne ferme de Saint se referme sur mon bras, m'obligeant à me retourner vers lui. Le sourire enjôleur qui étire ses lèvres ne me rassure en rien, l'étincelle de malice que je vois luire dans son regard espiègle me confirme mon mauvais pressentiment.

- Et si on parlait un peu ? me propose-t-il d'une voix bien trop affable pour être honnête.

- Qu... Quoi ?

- Zee ! Tu lui prépares un thé, s'il te plait ? Au Jasmin, c'est son préféré.

- Ça marche, répond sobrement le concerné, de l'autre côté du comptoir.

Je me laisse trainer jusqu'à une table, clairement perplexe et absolument pas rassuré.

- De quoi tu veux me parler ?

Le bougre ne répond pas, les jambes croisées, le menton posé sur paume, il m'observe avec amusement, comme s'il se délectait de cette situation.

- Voilà pour toi, glisse doucement Zee en déposant la tasse devant moi avant de prendre place à coté de son chéri.

Génial. Super. Ils s'y mettent à deux maintenant.

- Tu sais que je t'ai laissé tranquille toute la semaine, n'est-ce pas ? commence Saint, sans se départir de son sourire de canaille.

- Tu rigoles ? Tu n'as pas arrêté de m'embêter !

- Ce qu'il veut dire, c'est qu'il t'a taquiné comme il le fait toujours, ni plus ni moins, précise Zee avec sérieux, ce qui contraste étrangement avec la mine réjouie de son diabolique petit-ami.

- C'est exactement ça amour, je ne l'ai pas harcelé de questions jusqu'à épuisement de sa personne, malgré les informations que je détenais en ma possession.

Une goutte de sueur perle sur ma peau, je commence à me sentir mal, quand ils agissent bizarrement de la sorte, c'est toujours lorsque ça concerne ma vie sentimentale. Alors même qu'elle est synonyme de néant depuis des années.

- Déjà, qu'est-ce que tu fiches ici toi ? j'attaque en me renfrognant, les bras croisés sur ma poitrine. Tu es censé faire l'ouverture, mais tu reviens toujours en fin de journée ! Tu ne peux pas te passer de ton mec ne serait-ce que quelques heures ?

- Si je viens ici à la fermeture, c'est pour m'envoyer en l'air sans prendre le risque d'être dérangé par mon idiot de frangin.

De quoi ? Qu'est-ce qu'il vient de dire là ?

- Bordel Saint... Tu es vraiment obligé de tout dévoiler ? soupire Zee en se pinçant l'arête du nez.

- Bah quoi ? Il demande, je lui réponds !

- Mais... Mais vous le faites ici ? je bredouille, abasourdi.

- Figure-toi que Thanos a un rhume depuis plusieurs jours, ce qui équivaut à la Grippe Espagnole si j'en crois ses gémissements continuels. Du coup, il ne quitte absolument jamais l'appartement en-dehors de ses heures de travail, ce qui nous laisse peu de temps, à Zee et à moi, pour faire l'amour.

Il se penche sur la table, la main devant la bouche, comme s'il me révélait un secret.

- Et entre nous... Zee aime prendre son temps, quinze petites minutes ne suffisent pas à le combler.

- Saint !

- Oh par pitié Zee ! Je vante tes performances au lit là, tu pourrais me remercier plutôt que d'avoir l'air offusqué !