PART I / chapitre 1 : sur la route

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Lorsqu’une semaine se fut écoulé, Gandalf annonça qu’ils approchaient du passage vers le Sud et qu’il ne resterait que quelques jours avant d’atteindre le Rohan. Elanor et les hobbits en furent soulagés, car ils avaient du mal à tenir le rythme et la durée du voyage commençait à peser sur eux.

Elanor fit de son mieux pour masquer son épuisement, et malgré qu’elle soit à bout de souffle à chaque foulée qu’elle faisait, elle continua à avancer sans se plaindre. Aragorn la regardait de temps à autre d’un air préoccupé, mais il ne vint pas lui parler.

Elanor lui en fut reconnaissante. Elle ne voulait pas montrer à la communauté qu’elle était faible. Ni prouver à Boromir qu’il avait raison. Sa fierté était une motivation bien maigre, mais suffisante pour la forcer à marcher.

A part les blagues de Gimli, qui avaient cessés, le quotidien de la communauté s’avérait assez  ennuyeux. Les repas se faisaient en silence, et ils n’osaient allumer de feu de peur qu’une troupe d’orque repèrent la fumée de loin.

Ils voyageaient une bonne partie la nuit, et se reposaient l’après-midi. Aragorn écourtait parfois leur sommeil, et Elanor avait de plus en plus l’impression qu’ils étaient traqués.

Elle n’avait pas encore osé parler à Aragorn, et lui demander de ce qu’il en était de sa relation avec Arwen. Néanmoins, elle avait remarqué qu’il portait un bijou autour du cou, et cela avait confirmé ses doutes.

Elle avait tout de suite reconnu le pendentif de sa cousine. Et elle en avait appris suffisamment depuis son séjour chez les elfes à Imladris, pour savoir que ce n’était pas un cadeau anodin, mais une marque d’un attachement profond envers la personne à qui on l’offrait. A un amant par exemple.

Elanor ne savait quoi penser de cette relation. Est-ce qu’Elrond était au courant ?

S’il l’était, elle était convaincue que l’elfe s’y opposerait farouchement, lui qui aimait sa fille comme la prunelle de ses yeux.

Elle comprenait mieux pourquoi Arwen prenait soin de cacher leur relation.

Lorsqu’ils repartaient à la nuit tombée, Legolas avait l’habitude de se mettre à l’arrière pour fermer la marche. Ses yeux perçants pouvaient mieux voir dans le noir que ceux des mortels, et il était à l’affut du moindre mouvement suspect.

Elanor ne l’avait pas beaucoup vu se reposer depuis leur départ. Legolas prenait les tours de garde le soir lorsqu’elle s’endormait, et il les réveillait à la nuit tombée. Elle comprit rapidement qu’il ne dormait pas, ou alors très peu car elle ne l’avait jamais vu s’allonger pour se reposer.

Un jour où Legolas se trouvait seul encore une fois à l’arrière, Elanor décida de le rejoindre pour discuter. Elle n’avait pas pu lui parler seule à seule depuis la dernière fois où il était apparu dans les jardins de Fondcombe.  

L’elfe marchait d’un pas léger, suivant le reste du groupe à quelques mètres de distance, tout en scrutant la pénombre.

Elanor s’arrêta à sa hauteur et Legolas tourna la tête, s’apercevant alors de sa présence.

- Puis-je rester un peu avec vous ?

Il la regarda avec surprise, mais acquiesça.

- Merci.

- Comment allez-vous ? demanda Legolas.

- Bien.

Elanor sentit qu’il examinait la moindre parcelle de son visage, notant la fatigue sous ses yeux et ses traits tirés. Il savait pertinemment qu’elle mentait.

- Vous semblez fatiguée, dit Legolas.

- Il est vrai que j’ai connu mieux, avoua-t-elle en évitant de croiser son regard.

Legolas la fixa, et Elanor se frictionna nerveusement les bras. La nuit était froide, et son sac lui tirait douloureusement les épaules. Ils marchaient depuis des heures, et son dos était en compote. Elle aurait bien aimé faire une pause à l’instant, mais ce n’était pas dans les plans de Gandalf ou d’Aragorn.

- Souhaitez-vous que je demande à Aragorn de faire une pause ? demanda Legolas, lisant dans ses pensées.

- Non, merci, répondit Elanor.

- Vous êtes sûre ?

- Oui, je préfère continuer. Je peux encore marcher quelques heures.

- Vous n’aiderez pas les autres en franchissant la limite de vos forces, lui dit gentiment l’elfe.

Elle vit dans les yeux de Legolas la même lueur d’inquiétude qu’avait Aragorn. Elanor resta silencieuse, et ressentit un peu de honte et de contrariété malgré elle.  

Legolas avait la fâcheuse manie d’arriver à lire dans son esprit, peu importe la situation, et cela était agaçant. Néanmoins il marquait un point. Elle était au bout de ses forces.

Mais il n’était pas question que la communauté fasse une pause juste pour elle. Elle ne voulait pas les mettre en danger, ni les ralentir, alors qu’elle était déjà un poids pour eux. Frodon et la quête étaient plus importants qu’elle.

- Je peux encore continuer. Je vais bien, s’exclama-t-elle en essayant d’avoir un ton assuré.

- Non, ce n’est pas vrai.

Elanor regarda Legolas, et vit qu’il avait un sourire en coin.

- Je-vais-bien !

- Je n’ai jamais vu une peredhel aussi têtue que vous, répondit l’elfe amusé.

Elanor resta interdite.

- Une quoi ?

- Une demi-elfe, lui traduit Legolas.

- Je ne suis pas une demi-elfe !

- Vous avez du sang d’elfe dans les veines. Cela fait donc de vous une demi-elfe, répondit Legolas comme si c’était une évidence.

Elanor se tut et songea à ce qu’il venait de dire. Elle n’y avait jamais vraiment pensé, mais c’est vrai qu’elle avait du sang elfe. A quel degré, elle n’en avait aucune idée. Mais au vu de son apparence, elle était convaincue que cela était issu d’une lointaine parenté.

- J’ai du mal à y croire, marmonna Elanor. Vous m’avez regardé ?

Elle se pointa du doigt et Legolas la regarda pensivement.

- Il est vrai qu’on pourrait avoir quelques doutes, répondit-il pince-sans-rire.

Elanor le regarda et vit qu’il souriait. Legolas se payait de sa tête ! Elle eut envie de placer une réplique cinglante, sachant qu’il faisait allusion à la séance de tir à l’arc où elle avait lamentablement échouée. Mais l’expression amusée de l’elfe la retint et elle ferma la bouche, contaminée par la bonne humeur de son ami.

- Voilà, je vous l’avais dit.

Legolas rit. 

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant