Legolas ramait doucement, faisant glisser la barque sur le cours d'eau. Le temps était clair et le fleuve calme. Gimli avait depuis longtemps abandonné l'idée de pagayer, préférant somnoler à l'avant du bateau.
Ils avançaient dans le plus grand silence, et n'avaient pas échangé le moindre mot depuis leur départ de la Lorien. Legolas, comme le reste de ses compagnons, songeaient encore rêveusement du pays des elfes et à la dame de la Lorien.
Gimli était étrangement silencieux. Il n'avait pas exprimé la moindre plainte au fait de rester assis toute la journée dans une position inconfortable, contrairement à ce que Legolas s'attendait.
Il observa le nain à plusieurs moments de la journée, puis ne tenant plus, le questionna :
- Gimli ? Qu'avez-vous ? Vous êtes bien silencieux.
Gimli sortit de sa torpeur et tourna la tête.
- Hum ?
- Allez-vous bien, maître nain ?
- Ah... humph, ce départ restera la pire de mes blessures. Car j'ai jeté un ultime regard... sur ce qu'il y a de plus beau.
Legolas fronça les sourcils, puis comprit alors de quoi ou plutôt de qui le nain parlait. Il n'aurait jamais cru que la dame Galadriel puisse bouleverser autant Gimli, mais à ce qu'il semblait, même les nains semblaient sensible à son charme.
Legolas songea au souvenir d'Elanor, à ses sourires et à son rire. S'il y avait eu quelque chose de beau en ce monde, il aurait tout de suite dit ça. Mais elle n'était plus là.
- Dorénavant je ne parlerai plus de beauté si ce n'est le cadeau qu'elle m'a offert ! continua Gimli avec passion.
- Quel était ce cadeau ? demanda Legolas, doucement.
- J'ai osé lui demander un cheveu de sa belle chevelure dorée... elle m'en a donné trois, répondit Gimli.
L'elfe sourit. Il reconnaissait bien la générosité et la bonté de la Dame de la Lorien dans ce geste, pourtant surprenant. Etait-ce le signe d'un début de réconciliation entre les nains et les elfes ? Legolas voulait y croire.
Il n'aurait jamais dit ça il y a quelques mois encore, pensa t-il amusé.
La communauté déboucha à l'extrémité du Nimrodel en fin de matinée, et rejoignirent le grand fleuve de l'Anduin. La forêt s'étendait des deux côtés de la rive, et son obscurité la rendait menaçante, comme si des yeux brillants les espionnaient en secret. Quelque chose à l'Ouest dérangeait Legolas, et le poussait à épier la forêt. Son sentiment de malaise et d'insécurité se renforça au fil de la journée.
Les jours défilaient, puis un jour il tendit l'oreille et entendit des corneilles s'envoler précipitamment de leurs nids à quelques kilomètres. Des bruits sourds résonnèrent contre la pierre, qu'il finit par d'identifier par le martèlement d'un groupe en mouvement.
Les orques étaient sur leur trace.
Legolas échangea un regard avec Aragorn, et lui fit un signe. Ce dernier ne mit pas longtemps à comprendre son avertissement.
Dès cet instant, les barques avancèrent plus vite.
Au coucher du soleil, Aragorn décida de faire halte le long d'une berge, afin d'établir le campement pour la nuit.
Les hobbits se réfugièrent dans un coin, et Sam se mit à préparer le diner. Sur tous les visages se lisait l'angoisse et la fatigue. Après le diner, Boromir s'isola et se mit à surveiller le fleuve.
Aragorn qui était non loin le rejoignit, et vit que l'homme fixait quelque chose d'un air intrigué.
Une branche d'arbre flottait sur le cours d'eau, et percuta le rebord de la berge d'en face. Une main grise s'agrippa au rebord, visible malgré la pénombre.
- C'est Gollum, déclara Aragorn. Il nous suit depuis la Moria. J'avais espéré que nous l'aurions semé sur le fleuve, mais il est bien trop malin.
- S'il alerte l'ennemi sur notre position, notre traversée n'en sera que plus dangereuse.
Aragorn acquiesça.
Bien qu'ils étaient à plusieurs mètres des embarcations, la voix des deux hommes porta jusqu'au campement, et Frodon entendit le murmure de leur conversation. Il regarda dans leur direction avec inquiétude.
- Mangez quelque chose monsieur Frodon, s'exclama soudainement Sam.
- Non Sam.
- Vous n'avez rien avalé de la journée. Et vous ne dormez pas non plus. Croyez pas que j'ai rien remarqué.
Frodon baissa la tête, et demeura d'outre-tombe.
- Monsieur Frodon...
- Je vais bien.
- Non, ce n'est pas vrai. Vous n'allez pas bien du tout depuis ces derniers jours.
Frodon lui répondit par le silence. Sam reprit :
- Je suis là pour vous aider. J'ai promis à Gandalf d'y arriver.
Frodon leva les yeux, et regarda son ami avec peine.
- Tu ne peux pas Sam, pas cette fois. Va dormir.
Le hobbit parut d'abord réticent, et voulut de nouveau insister. Mais le regard de Frodon l'en dissuada. Déconfit, il s'éloigna et déroula sa couverture près de Merry et Pippin qui dormaient avec les autres.
Frodon resta un temps debout, puis vint le rejoindre. Il ne put cependant pas fermer l'œil, et écouta distraitement le ronflement de Gimli.
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L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)
Fanfiction(Suite du livre I - à lire impérativement ) Fille d'aubergiste en Eriador, Elanor ne pensait pas qu'elle se retrouverait un jour mêlée aux conflits de la Terre du Milieu. Alors que les rumeurs d'une guerre au Sud se font de plus en plus entendre, s...