chapitre 6 : changement de plan

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La communauté se hâta vers le col de Caradhras.

Tout le monde avait peur que les espions de Saroumane ne fassent demi-tour. La tension était retombée sur le groupe en l'espace de quelques minutes, et Gandalf était très inquiet.

Une boule se forma dans le creux du ventre d'Elanor, lorsqu'elle songea que des orques étaient peut-être déjà sur leurs traces. Elle n'avait pas du tout envie de recroiser ces monstres, ni même avoir affaire à eux.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, la pente s'accentua et le chemin devint de plus en plus escarpé. Ils avançaient lentement cependant. Les hobbits marchaient aussi vite qu'ils le pouvaient, mais c'était dur pour eux de maintenir la cadence avec leurs petites jambes.

La montagne grossissait à vue d'œil, et Elanor songea que le col devenait étrangement menaçant.

Elle n'avait jamais vu de paysage pareil. Le pic s'élevait à des milliers de mètres dans le ciel, entouré d'un manteau neigeux et de gros nuages à l'aspect orageux. C'était une vision à la fois sublime et effrayante. Une légère brise soufflait sur son visage, cependant elle était convaincue qu'une vraie tempête se déchaînait en haut de la montagne.

Elle n'avait pas du tout envie de grimper jusqu'au sommet. Et beaucoup de ses compagnons partageaient sa pensée, elle en était convaincue. Gimli ne cessait de ronchonner, affirmant qu'ils iraient plus vite en passant par les mines de la Moria. Elanor ne savait pas ce qu'était cette Moria que Gandalf redoutait tant, mais au vu de l'expression du magicien, cela devait être bien pire que l'ascension du Col de Caradhras.

Bientôt la route s'effaça, et ils durent trouver leur chemin à travers un désert de cailloux brisés. Gandalf menait le groupe, et tout le monde le suivait sans poser de question. La neige commença à tomber, et recouvrit peu à peu le sol d'un tapis blanc.

Plus ils progressaient dans les hauteurs, et plus le froid devenait mordant. Elanor se blottit, mais son manteau ne parvint pas à la réchauffer complètement. Sa matière elfique l'avait protégée jusque-là des intempéries, cependant le tissu léger ne suffisait plus à garder sa chaleur corporelle.

Les elfes n'avaient pas conçus leurs vêtements en pensant aux humains. Pas de chance pour elle.

Sam marchait à ses côtés, et le pauvre hobbit ne cessait de glisser sur la neige et de tomber à ses pieds toutes les cinq minutes. Elanor avait pris la bride de Bill, et l'aidait à avancer dans la poudreuse autant qu'elle le pouvait.

Lorsqu'elle l'aida à se relever pour la dixième fois, Sam soupira et lui parut découragé.

- Allons Sam, courage. Vous allez y arriver, l'encouragea-t-elle en voyant sa mine déconfite.

- J'ai les pieds gelés, ma dame, s'excusa Sam.

Son visage était rouge et son nez coulait à cause du froid. Elanor l'observa avec inquiétude, se demandant si le hobbit ne couvait pas un rhume. 

Elle rapprocha le hobbit d'elle, et lui frotta les épaules pour lui donner un peu de sa chaleur. Sam la remercia, et elle remarqua avec amusement que le teint de ses joues avait pris une légère couleur rosée.

- Merci, ma dame.

Elanor rit.

- De rien, Sam. Et combien de fois faudra-t-il que je vous le répète ? Appelez-moi Elanor.

Sam rougit un peu plus.

- Oui, Elanor. Mais c'est que vous êtes une dame de haute noblesse, j'ai honte de devoir vous appeler que par votre prénom.

- Je ne suis pas noble, Sam. J'ai grandis dans une auberge, donc ça ne me dérange pas.

Elanor lui sourit, et le jeune hobbit se détendit.

Un cri de frayeur les fit soudain se retourner. Elanor vit Frodon qui était derrière eux chuter et dévaler la pente sur plusieurs mètres.

- Frodon ! s'écria Sam.

Aragorn le rattrapa heureusement avant qu'il ne descende plus loin. Il épousseta les cheveux et les vêtements de Frodon, mais le hobbit semblait préoccupé. Elanor le vit tâtonner sa gorge nue. L'expression de son visage se transforma en horreur, et il regarda tout autour de lui cherchant éperdument quelque chose dans la neige.

- Frodon ? Qu'y a-t-il ? lui demanda Aragorn, inquiet.

- Mon...

Elanor entendit le pas de quelqu'un derrière elle, et vit Boromir la dépasser elle et Sam. Il se baissa à quelques mètres d'elle et ramassa quelque chose dans la neige.

Le cœur d'Elanor rata un battement lorsqu'elle comprit qu'il avait trouvé l'anneau. 

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant