chapitre 14 : une lumière dans l'obscurité

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L'épée d'Elanor continuait de briller dans l'obscurité, jetant une lueur aveuglante sur les murs et les visages de ses compagnons. Tous se retournèrent pour la regarder, étonnés.

- Voilà bien la preuve de la magie de Melian, s'exclama Gandalf.

Elanor leva les yeux vers le magicien. Comment savait-il que Melian avait forgée son épée ? se demanda-t-elle. Il n'y avait que les elfes, Legolas et Elrond qui connaissaient la nature et l'origine de son épée. Et Frodon, depuis la dernière fois.

A moins que ce dernier ne lui en ait parlé... Gandalf lui sourit, et la regarda avec bienveillance. Legolas et Aragorn regardaient son épée avec une expression émerveillée. Gimli y jeta un coup d'œil, non dénué d'intérêt puis se retourna pour regarder les alentours de la mine.

- Hum... bientôt mes amis, vous allez pouvoir apprécier l'hospitalité des maîtres nains. Un bon feu, une bière brassée, une belle pièce de viande. Ceci est la demeure de mon cousin Balin.

La lueur de l'épée d'Elanor s'éteignit peu à peu, et elle regarda le phénomène sans comprendre.

- Et ils appellent ça une mine ! Une mine ! continua Gimli.

Gandalf alluma son bâton, et ils purent alors voir les murs, et l'escalier devant eux qui s'enfonçait dans les souterrains. Boromir s'avança, et un objet craqua sous son pied. Surpris, il baissa les yeux et vit que le sol était jonché de morceaux d'os.

- Ce n'est pas une mine, dit-il dans un souffle, c'est un tombeau.

Elanor balaya la salle des yeux, et vit avec effroi un nombre incalculable de cadavres sur le sol. Il y en avait partout, même sur l'escalier qui montait dans les tréfonds de la mine. Tous étaient des nains, en armure, et ils étaient percés de flèches noires et crasseuses.

- Non !

Gimli se mit à courir d'une victime à l'autre, pleurant à chaudes larmes.

- Nooon !

Elanor se mit à trembler. Le cri de désespoir du nain lui donna des sueurs froides, et elle sentit les palpitations de son cœur reprendre de plus belle.

Legolas se précipita sur le cadavre d'un nain, et tira une flèche du corps. Le bruit qu'il fit fut répugnant pour ses oreilles, et Elanor esquissa une grimace de dégout.

- Des gobelins !

Il jeta la flèche et se dressa vivement, décochant déjà une flèche dans son carquois. Aragorn et Boromir dégainèrent leurs épées, aux aguets.

- Nous n'avons plus le choix désormais. Il nous faut affronter les ténèbres de la Moria, déclara Gandalf. Allons, nous devons avancer. Reprenez vos esprits Gimli, vous aurez tout le temps de les pleurer une fois sortit de la mine.

Il posa une main sur l'épaule tressautant du nain, et celui-ci renifla bruyamment. Tout le monde le regarda avec compassion, et même Legolas, qui s'abstint de tout commentaire.

- Soyez sur vos gardes, reprit Gandalf. Il vit ici des êtres plus anciens et plus répugnants que les orques dans les profondeurs du monde. Ne faites pas de bruit, il nous faudra quatre jours de marche pour rejoindre l'autre côté. Espérons que notre présence passera inaperçue.

Sur ces paroles peu rassurantes, Gandalf s'avança et monta les marches de l'escalier, suivit le reste du groupe. Elanor serra la garde de son épée, et suivit Aragorn.

Ils débouchèrent sur un pont étroit, qui traversait un puit sans fond. Elanor sentit un léger vertige lui donner le tournis alors qu'ils traversaient en file indienne le passage, leurs pieds se posant parfois au bord du précipice. Déglutissant, elle regarda droit devant elle et suivit des yeux les pieds d'Aragorn.

La galerie était énorme, et la paroi du plafond s'élevait à plusieurs centaines de mètres au-dessus d'eux. C'était un endroit disproportionné, et construit par les nains qui avaient creusés de plus en plus loin. Elanor n'aurait jamais cru jusqu'à aujourd'hui que de si petits êtres puissent créer des choses aussi démentielles.

Ils traversèrent des galeries ou des tonneaux remplis de pierre étaient encore suspendus à des chaines. Gandalf s'arrêta à un endroit ou le mur était veiné d'un minerai blanc.

- La richesse de la Moria ne vient pas de l'or, ou des joyaux, dit-il avec un air énigmatique en se retournant vers eux, « mais du Mithril.

Il brandit son bâton vers le précipice, l'éclairant. Tous se penchèrent, et Elanor ne vit d'abord rien, puis de petites étoiles se mirent à briller dans le fond du puit, créant une constellation éblouissante. Les hobbits ouvrirent la bouche, émerveillés par la vision qui s'offrait à eux. Elanor ne put se retenir d'avoir la même expression. Ce n'est pas qu'elle aimait les babioles et les joyaux, elle n'en avait jamais eu en sa possession d'ailleurs. Mais elle devait avouer qu'elle n'aurait pas refusé de toucher ou regarder de plus près l'un de ces éclats d'argent.

- Bilbon avait une cote de maille en Mithril, déclara Gandalf, interrompant leur contemplation. Thorin la lui avait offerte.

- Oh, ça c'était un cadeau royal ! commenta Gimli.

- Oui, je ne lui ai jamais dit, mais sa valeur était plus importante que celle de la comté entière, rit Gandalf.

Frodon leva les yeux, et haussa les sourcils tout en serrant sa chemise.

Elanor se dit que le vieil hobbit était décidemment un petit cachotier. Il ne lui en avait pas parlé une seule fois au court de son récit de cette cottre de maille ! Il lui avait bien raconté que Thorin l'avait récompensé pour l'avoir aidé à récupérer sa montagne, cependant il ne s'était pas attardé sur la nature monétaire de ce qu'il avait gagné. Ah, les hobbits...

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant