chapitre 12 : la Moria

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- Qu'est-ce que c'est ? demanda Elanor.

- Ce sont les emblèmes de Durin ! s'exclama Gimli.

- Et l'Arbre des Hauts Elfes, renchérit Legolas.

- Et l'étoile de Fëanor, un des elfes premiers-nés, dit Gandalf.

Le nain et l'elfe regardèrent la porte avec admiration.

- Ce sont les elfes qui ont forgés cette porte, dit Gandalf. Il fut un temps où l'amitié entre les elfes et les nains existaient encore.

- Le déclin de cette amitié ne fut pas du fait des nains, ronchonna Gimli.

- Et je n'ai pas entendu dire que c'était la faute des Elfes, rétorqua Legolas.

Tous les deux se lancèrent des regards assassins.

- Hum, comme toujours les elfes sont de mauvaise foi. Voilà un défaut qui dénote avec le reste ! lança Gimli.

- Les nains n'ont pas ma sympathie, répliqua Legolas d'un air hautain. Je n'ai jamais eu de considération pour les êtres avares et grossiers.

Gandalf les regarda, exaspéré et Elanor les observa avec stupeur et consternation. Elle trouvait leur attitude puérile dans ces circonstances. Ils avaient mieux à faire ! Les serviteurs de l'anneau étaient à leur trousse pour les éliminer, et ils trouvaient encore le moyen de se disputer. Même Legolas, qui pourtant elle avait appris à apprécier, redescendait dans son estime.

- Arrêtez donc de vous comporter comme des enfants, les sermonna-t-elle, devançant Gandalf. Nous avons tous un ennemi commun ! Et nous avons d'autres loups à fouetter que d'encenser de vieilles querelles stupides que vous a appris votre famille. Elles datent de quoi ? Cinq milles ans ? En quoi cela vous concerne-t-il ? Etiez-vous au moins nés lorsque cela s'est passé ?

Elle regarda tour à tour Legolas et Gimli, qui la fixaient, interloqués. Gimli marmonna quelques mots dans sa barbe, puis se mit à rougir sous le regard d'Elanor. Elle se tourna alors vers Legolas, qui baissa les yeux.

- C'est bien ce que je pensais !

Elanor, les nerfs à vif, s'éloigna alors et s'assit seule sur un rocher, imitant Aragorn et Boromir qui s'étaient éloignés. Gandalf la suivit des yeux.

- Elanor marque un point. Peu importe qui a commencé, moi j'ai entendu dire des deux. Mais je ne porterais pas de jugement. J'ai besoin de votre aide à tous les deux, et ce sera beaucoup plus facile pour la communauté si vous êtes amis.

Sur ces derniers mots, il leur tourna le dos et s'occupa à déchiffrer les mots inscrits sur la porte. Legolas et Gimli se regardèrent en chien de faïence, puis se tournèrent le dos.

- Que dit le texte ? demanda Frodon à Gandalf.

- Ces mots sont écrits dans l'ancien elfique du premier âge. Elles disent : Les portes de Durin, seigneur de la Moria. Parlez ami et entrez.

- Que signifie parlez ami et entrez ? demanda Merry.

- C'est simple, si vous êtes un ami vous donnez le mot de passe et vous entrez, répondit Gandalf.

Gandalf posa alors son bâton sur l'étoile aux multiples branches, et parla haut et fort dans une langue inconnue : « Annon edhellen edro hi commen ! »

Rien ne se passa. Gandalf retira son bâton, déçu. Il se dressa alors devant la porte et écarta les bras.

- Fennas nogothrim, lasto beth lammen ! s'écria t-il.

Mais la porte ne bougea pas d'un millimètre. Le silence tomba, et tout le monde soupira.

- Rien ne se passe, commenta Pippin.

Commençant à s'agiter, Gandalf se mit contre la porte et essaya de la pousser avec ses bras. Mais elle ne bougea pas.

- Autrefois je connaissais les incantations dans toutes les langues des elfes, des hommes, et des orques, dit Gandalf.

- Qu'allez-vous faire, alors ? demanda Pipin sans se démonter alors que Gandalf fronçait les sourcils.

- Cognez sur la porte avec votre tête, Peregrin Touque ! Et si cela ne les fracasses pas, et qu'on ne me libera pas de toutes vos questions idiotes, j'essayerais de trouver la formule !

Pipin se tut. Gandalf retourna à ses incantations et les autres le laissèrent, comprenant que cela prendrait plus de temps que prévu.

Legolas s'approcha doucement d'Elanor, qui écoutait distraitement la conversation entre Gandalf et les hobbits. Plongée dans ses pensées, elle ne s'aperçut de sa présence que lorsqu'il entra dans son champ de vision.

- Je suis désolé, lui dit Legolas.

Elanor le regarda avec surprise. Elle s'attendait plutôt à ce qu'il lui fasse des reproches pour lui avoir mal parlé.

- Vous aviez raison tout à l'heure, mon attitude à l'égard de Gimli est pitoyable. Je m'en excuse, lui dit Legolas en baissant les yeux sur ses pieds.

Son attitude toucha Elanor.

- Ce n'est pas à moi que vous devez des excuses, lui répondit-elle.

Elle désigna Gimli, et Legolas suivit son regard. Il hésita un moment puis acquiesça.

- Il est vrai. Néanmoins je vous ai contrariée. Et pour cela je suis désolé.

Elanor le dévisagea, et sentit ses joues s'enflammer malgré elle. Elle tapota la pierre à côté d'elle pour se redonner contenance, et l'invita à s'asseoir. Legolas accepta, et sa présence à côté d'elle n'arrangea pas les choses, contrairement à ce qu'elle avait prédit.

- Pensez-vous que nous arriverons à entrer dans ces mines à temps ? demanda Elanor, soucieuse.

- Espérons-le. Les chiens de Sauron sont encore loin, et il nous reste un peu de temps, répondit-il. Gandalf trouvera la solution.

- J'ai un mauvais pressentiment. Je n'aime pas cet endroit, déclara Elanor en regardant autour d'elle.

- Je peux aisément vous comprendre. Les mines ne sont pas un endroit que moi-même j'affectionne.

Elanor et Legolas restèrent silencieux. Elle vit Aragorn se diriger vers Sam et le poney.

- Je suis désolé Sam, mais les mines ne sont pas fait pour les poneys. Même pour ceux qui sont aussi courageux que Bill.

- Mais les loups sont à nos trousses ! s'exclama Sam.

- Il saura trouver son chemin, dit Aragorn en posant une main sur la tête du poney. Ne vous inquiétez pas.

A regret, Sam déchargea les paquets sur le dos du poney, et chacun se répartit la charge des provisions. Puis Aragorn fit partir le poney, et Sam le regarda s'éloigner les larmes aux yeux.

Merry et Pippin s'approchèrent du bord de l'eau, et se mirent à faire un concours de ricochet pour passer le temps. Elanor les regarda en fronçant les sourcils. Elle crut voir un instant des remous sur l'eau du lac. Elle allait se lever pour les arrêter, lorsqu'Aragorn se saisit bientôt du poignet de Pippin.

- Arrêtez avec ces pierres, lui conseilla-t-il fermement.

Gandalf jeta alors son bâton, énervé de ne pas trouver la solution. Frodon assit à côté de lui, leva les yeux et récita l'incantation.

- Parlez ami et entrez. C'est une énigme ! s'exclama Frodon. Comment dit-on ami ?

Gandalf le regarda songeusement.

- Mellon.

La porte s'ouvrit alors dans un raclement sinistre.

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant