chapitre 32 : trahison

5.9K 563 91
                                    

Frodon s'éloigna dans la forêt, s'enfonçant un peu plus loin du campement. Il n'avait pas envie de faire demi-tour, et n'avait pas compté les minutes depuis qu'il était partit.

Il ne voulait pas y retrouver. Il fallait que ça s'arrête, pensa-t-il. Gandalf, Elanor... ils étaient morts par sa faute. Pour le protéger.

S'en était trop !

Elle le lui avait juré, se souvint-il. Elle lui avait jugé dans la Moria de le protéger. « Je vous aiderais jusqu'au bout, Frodon. Même si je dois y laisser la vie. » Et c'est ce qu'elle avait fait.

Qui d'autre encore allait mourir ?

Aragorn ? Sam ? Merry, Pipin ? Qui d'autre ?

Frodon monta une colline, traversant une ruine abandonnée. L'anneau l'appelait. Il voulait le prendre et le mettre au doigt pour disparaître, et retourner dans la Comté. Mais ce n'était pas sage.

Alors qu'il arrivait au sommet, Boromir apparut au coin d'un arbre, le surprenant dans sa promenade.

Frodon s'immobilisa, alors que l'homme lui faisait face, les bras chargés de morceaux de bois.

- Aucun de nous ne doit se promener seul, lui dit Boromir. Vous moins que les autres. Tant de choses dépendent de vous.

Le Gondorien ramassa une branche, et le fixa.

- Frodon ?

Le hobbit baissa les yeux, et n'eut qu'une seule envie. Fuir.

Broromir parut lire dans son esprit. Il s'approcha, et le dévisagea avec une lueur inquiétante, oubliant sa première tâche qui était de ramasser du bois.

- Je sais pourquoi vous recherchez la solitude, déclara Boromir. Vous souffrez, je le vois, jour après jour. Êtes-vous sur de pas souffrir inutilement ?

Les doigts de Boromir étaient enfoncés compulsivement dans les branches qu'il tenait, et Frodon ne put s'empêcher de se sentir inquiet.

- Laissez-moi vous aider, s'exclama Boromir. Il y a d'autres moyens Frodon. D'autres chemins à emprunter.

- Je sais ce que vous allez dire. Et vous parlerez sagement mais mon cœur me met en garde.

- En garde ? Contre quoi ?

Boromir s'approcha dangereusement, coinçant Frodon contre le rebord d'une statue. Le hobbit fit un pas de côté et réussit à s'échapper à son contrôle.

- Nous avons tous peur, déclara Boromir. Mais laisser cette peur nous guider détruirais tout l'espoir qui nous reste. Ne voyez-vous pas que c'est folie !

- Il n'y a pas d'autre moyen, répliqua Frodon.

Le visage de Boromir se renfrogna, et sa réponse ne parut pas lui plaire.

- Je ne requiert que la force de défendre mon peuple ! s'écria t-il en jetant violemment les branches de bois au sol.

Frodon le regarda avec stupéfaction.

- Si... si vous acceptez de me prêter l'anneau... , réclama Boromir en s'avançant.

- Non !

Frodon recula.

- Pourquoi reculez-vous ? Je ne suis pas un voleur, dit Boromir en plissant des yeux.

- Vous n'êtes pas vous-même, répondit Frodon sur la défensive.

Boromir le dévisagea, et son regard avide ne plut pas à Frodon.

- Quelle chance croyez-vous avoir ? Ils vous trouveront. Ils prendront l'anneau. Et vous les supplierez de vous achever sans attendre !

Frodon lui tourna le dos, et décida de rentrer au campement. Boromir s'élança à sa suite.

- Pauvre fou ! s'écria t-il. L'anneau n'est à vous que par un malheureux hasard ! Elle est morte à cause de vous. Elanor est morte à cause de vous ! Allez-vous donc tous nous condamner ?

Frodon se mit à courir, et Boromir le poursuivit. Il le poussa et la plaqua au sol, essayant de s'emparer de l'anneau.

- Il devrait être à moi, donnez-le moi !

Frodon se tortilla et donna des coups de pieds pour se libérer de l'emprise du Gondorien.

- Non !

- Donnez-le-moi !

Frodon attrapa la chaine autour de son cou et la serra dans mes mains. Une fois qu'il sentit l'anneau contre sa main, il le glissa à son doigt et disparut dans un Plop !

Boromir regarda le vide avec confusion, puis se prit un coup de pied magistral dans les côtes qui le repoussa en arrière. Il cria de surprise, mais se releva bien vite, le visage haineux.

- Je vois clair en vous. Vous voulez donner l'anneau à Sauron ! hurla Boromir. Vous allez nous trahir ! Vous courrez à votre perte, à notre perte à tous ! Soyez maudit ! Soyez maudit ! Vous et tous les semi hommes !

Frodon courut à en perdre haleine.

Boromir tourna la tête dans toutes les directions, cherchant Frodon qui était devenu invisible. Dans sa précipitation, il tomba sur une pierre, et reprit alors tous ses esprits.

- Frodon... Frodon, pardonnez-moi ! Oh, mon dieu. Qu'ai-je fait ? se lamenta-t-il.

Boromir se releva, et s'écria :

- FRODON !

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant