chapitre 31 : les chutes de l'Argonath

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Le lendemain, la communauté reprit la route à l'aube. Aragorn les encouragea à monter dans les embarcations le plus tôt possible, et un sentiment d'urgence commença à s'installer dans le groupe. Boromir était pâle, et reclus dans le silence. La dispute de la nuit dernière avait jeté un froid entre les deux hommes.

Vers midi, ils pénétrèrent dans des gorges sinueuses dans lequel le fleuve s'enfonçait, et les parois rocheuses jetèrent des ombres sur leurs embarcations. Lorsqu'ils eurent atteint le bout du canyon, deux statues de pierre d'une taille monumentale se dressèrent de chaque côté du fleuve.

Aragorn ne put s'empêcher de tapoter l'épaule de Frodon.

- Frodon, l'Argonath.

Le hobbit leva les yeux, et contempla les magnifiques statues, hautes d'une centaine de mètre.

- Depuis longtemps je souhaite contempler les rois de jadis... mes ancêtres, murmura Aragorn.

Tous regardèrent ces représentations géantes d'Isildur et de son jeune frère Anarion, avec émerveillement.

- Pour quelle raison ont-elles été construites ? demanda Frodon, curieusement.

- On les a érigés afin de prévenir tout étranger qu'il pénétrait dans le royaume du Gondor. Et c'était aussi un avertissement pour les ennemis.

- Ils ont dû en mettre du temps pour le construire, ça oui ! s'exclama Sam admiratif.

Frodon sourit, tandis qu'Aragorn acquiesçait fièrement.

Après avoir dépassé l'Argonath, ils débouchèrent sur un lac immense qui se terminait par d'énormes chutes d'eau, qui coupaient définitivement la route.

Ils dirigèrent les barques vers la rive droite, et mirent pied sur la terre ferme avec soulagement. Les hobbits se précipitèrent pour s'installer et manger une collation, tandis que Aragorn et Legolas déballaient les affaires tranquillement.

Frodon resta en retrait, mal à l'aise. Il lui avait semblé sentir le regard de Boromir sur son dos plusieurs fois dans la matinée.

L'homme du Gondor sortit précipitamment de la barque, et aida ses compagnons à décharger les provisions.

- Nous traverserons le lac à la tombée de la nuit, annonça Aragorn. Nous cacherons les bateaux et continuerons à pied. Nous atteindrons le Mordor par le Nord.

Gimli, qui se trouvait près du feu avec Merry et Pippin, le regarda avec stupéfaction.

- Ah, oui. Il nous suffira simplement de trouver notre chemin à travers Emyn Muil, un labyrinthe infranchissable fait de rochers coupant comme des rasoirs, dit-il de mauvaise humeur. Et après cela, ce sera encore mieux... une région de marécages gluants et puants à perte de vue.

Les hobbits, et même Legolas qui l'avait écouté, furent inquiets. Leurs visages se décomposèrent au fur et à mesure que parlait Gimli, et Aragorn se dit que le nain aurait mieux fait de se taire.

- Oui, c'est notre route, répondit Aragorn sans se démonter. Je vous suggère de prendre du repos afin de recouvrer vos forces, maître nain.

- Retrouver mes... argh, ronchonna Gimli.

Alors que Pippin avait les yeux exorbités, et ouvrait la bouche tout en oubliant de manger, Legolas alla retrouver Aragorn.

- Nous devrions y aller maintenant, lui dit-il préoccupé et impatient.

- Non. Les orques patrouillent sur la rive Est, il vaut mieux attendre que l'obscurité nous cache.

- Ce n'est pas la rive Est qui m'inquiète, chuchota Legolas, les yeux perdus dans la forêt qui s'étalait devant eux. Une ombre et une menace grandissent dans mon esprit. Quelque chose approche. Je le sens.

- Allons Legolas, vous êtes fatigués... c'est votre peine pour -

- Ce n'est pas cela !

Legolas écarta la main compatissante d'Aragorn, énervé. Le rodeur le dévisagea, perplexe.

- On n'a pas besoin de recouvrer nos forces, nous les nains, grommela Gimli. N'oubliez pas ça, jeune hobbit ! lança-t-il à Merry qui déposa du bois à ses pieds.

Mais le hobbit l'ignora royalement et regarda autour de lui, inquiet.

- Où est Frodon ? demanda-t-il au reste du groupe.

Legolas et Aragorn se retournèrent, et regardèrent Merry, puis le campement. Leurs yeux cherchèrent Frodon partout, mais ils ne le trouvèrent nulle part.

Le regard d'Aragorn s'arrêta sur l'emplacement vide de Boromir, et il eut alors un très mauvais pressentiment.

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant