Ils atteignirent les hauteurs du col de Caradhras quelques heures plus tard. Le temps s'était dégradé à un point où ils étaient pris dans un violent blizzard. Tous grelottaient, frigorifiés dans leurs manteaux de fourrures qu'ils serraient contre eux. Gandalf menait la troupe, creusant un chemin à l'aide de son bâton et ils progressaient lentement en file indienne.
Ils empruntèrent un chemin étroit au bord de la falaise, et Elanor restait autant qu'elle le pouvait près de la paroi rocheuse. Elle ne savait pas à quelle altitude ils se trouvaient, mais le ravin lui donnait le vertige et le vent qui tourbillonnait autour d'eux la terrifiait.
Legolas était le seul qui ne paraissait pas affecté par les conditions climatiques. Sa nature elfique lui donnait l'avantage de ne pas s'enfoncer dans la neige, et il posait délicatement un pied devant l'autre, avançant facilement sur la couche épaisse de neige.
Elanor se demanda pourquoi elle aussi n'avait pas ce pouvoir, alors qu'elle avait du sang elfique et se prit à l'envier. Ses cheveux bruns voltigeaient dans tous les sens, si bien qu'elle n'y voyait rien et elle avait de plus en plus de mal à mettre un pied devant l'autre tellement ses membres étaient gelés.
Un grondement sourd ronronnait dans la tempête. Le sifflement infernal du vent ne cachait plus l'orage qui menaçait d'éclater.
Legolas se tenait droit au bord du ravin, écoutant le murmure de la montagne, et il se retourna quelques secondes plus tard vers Gandalf.
- J'entends une voix sinistre dans les airs, dit-il.
Elanor tendit l'oreille et entendit effectivement une voix grave et lointaine réciter des litanies.
- C'est Saroumane ! s'écria Gandalf.
Un craquement sec retentit au-dessus de leur tête, et ils virent d'énormes rochers se détacher de la falaise. Tout le monde se précipita contre les murs de la montagne en criant, tandis que les rochers tombaient à quelques mètres d'eux, les évitant de peu.
- Gandalf, c'est trop dangereux ! Il essaye de déclencher une avalanche ! s'exclama Aragorn. Il faut faire demi-tour !
- Non !
Gandalf, entêté, s'approcha du précipice et se mit à réciter à son tour des enchantements. Sa voix amplifiée par le vide de la montagne résonna sur toutes les pierres, mais celle de Saroumane était plus puissante encore et la têmpête se renforça.
Soudain la foudre frappa le sommet de la montagne.
Elanor leva la tête, et vit avec horreur un énorme pan de neige tomber droit sur eux.
Gandalf se plaqua contre le mur, et hurla au reste du groupe de se mettre à l'abri. Elanor écarquilla les yeux, et comprit qu'elle n'aurait pas le temps de l'imiter.
Elle vit Legolas se retourner vers elle juste au moment où la neige tombait sur eux, mais il était déjà trop tard.
Le choc fut énorme. Elle eut l'impression de se de faire percuter par un morceau de la montagne. Sonnée, elle se recroquevilla et mit les mains au-dessus de sa tête pendant que l'avalanche de neige dégringolait au-dessus d'elle.
Lorsque cela fut finit, Elanor n'entendit plus aucun son, si ce n'est le battement affolé de son propre cœur. Elle essaya de bouger, mais n'y parvint pas. La neige lui brûlait la peau, et entrait sous ses vêtements. Elle essaya d'ouvrir les yeux mais ne vit qu'un voile noir devant elle, et elle ne mit pas longtemps à en déduire qu'elle était profondément encastrée sous la neige.
Au bout de plusieurs secondes, l'air commença à manquer, et elle se débattit. Elanor creusa avec ses ongles vers la surface, ignorant la douleur et la froideur de la glace qui égratignait ses doigts. Lorsqu'elle crut qu'elle n'y arriverait jamais, et qu'elle allait mourir là-dessous, à quelque mètre de ses compagnons, une main se fraya soudainement un chemin dans la neige et l'attrapa.
Elanor fut tirée à l'air libre, et elle inspira une grande bouffée d'air. Lorsqu'elle reprit ses esprits, et qu'elle ouvrit les yeux, elle s'aperçu que c'était Legolas qui l'avait secourue.
- Ça va ? lui demanda-t-il inquiet.
- Oui.
Elanor grelotta, tremblante de froid. La communauté sortit la tête et les bras de la poudreuse, tous étaient un peu secoués, mais sains et saufs.
Elle leva les yeux vers Legolas, et remarqua qu'il avait posé sa main sur sa taille. Sans qu'elle ne sache pourquoi, Elanor eut une bouffée de chaleur et rougit.
- Merci.
Legolas hocha la tête, et l'aida à se relever. Elanor épousseta ses vêtements et ses cheveux, et essaya de chasser la neige qui s'était glissée sous sa chemise. Elle était frigorifiée, et vacilla légèrement en posant un pied à terre. Mais l'elfe la tint fermement, et l'empêcha de retomber dans la neige.
Elanor s'accrocha de toutes ses forces à la tunique de Legolas, sentant qu'elle pouvait perdre l'équilibre à tout moment. Elle ne sut si c'était par nécessité, ou par envie qu'elle restait collée à l'elfe, mais elle se rendit compte qu'il lui avait manqué. C'était la première fois qu'il la tenait dans ses bras, et elle ne désirait être nulle part ailleurs à ce moment.
- Il est impossible de passer ! s'écria Boromir à Gandalf. Il nous faut redescendre le col et passer par la trouée du Rohan !
- Non ! La trouée du Rohan nous rapproche des espions de Sauron, contesta Gandalf.
- Si nous ne pouvons passer par-dessus la montagne, alors passons par-dessous. Passons par les mines de la Moria, proposa Gimli.
Gandalf le regarda avec méfiance, mais cette fois il hésita et se tourna vers Frodon.
- Laissons le porteur de l'anneau décider.
Un long silence passa pendant lequel Frodon dévisagea chaque membre de la communauté. Son regard s'attarda sur les hobbits, terrifiés et Legolas qui tenait fermement Elanor, qui était pâle comme la mort.
- Frodon ? s'enquit Gandalf.
- Nous passerons par les mines, trancha Frodon.
- Qu'il en soit ainsi.
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L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)
Fanfiction(Suite du livre I - à lire impérativement ) Fille d'aubergiste en Eriador, Elanor ne pensait pas qu'elle se retrouverait un jour mêlée aux conflits de la Terre du Milieu. Alors que les rumeurs d'une guerre au Sud se font de plus en plus entendre, s...