chapitre 16 : Gollum

6.9K 653 97
                                    

Elanor et Gandalf baissèrent les yeux, et virent une forme grise se mouvoir en contrebas. Deux petits yeux jaunes brillèrent dans l’obscurité avant de brusquement disparaitre.

- C’est Gollum, répondit Gandalf.

- Gollum ? s’étonna Frodon.

- Cela fait maintenant trois jours qu’il nous suit.

- Il s’est échappé des donjons de Barad-dur ?

- Echappé, ou relâché, répondit Gandalf. C’est l’anneau qui la mené jusqu’ici.

- Qui est Gollum ? demanda Elanor.

Elle était perdue.

- Gollum est l’ancien possesseur de l’anneau, répondit Gandalf. Lequel à qui Bilbon l’a volé pendant notre périple jusqu’à la montagne solitaire. Gollum a gardé l’anneau pendant de nombreux siècles, et il est à présent complètement dépendant de lui.

- Bilbon ne m’a jamais raconté cette histoire.

- C’est peut-être parce qu’il n’en est peu fier, répondit Gandalf.

- Quelle pitié que Bilbon n’en ai pas fini avec lui, s’exclama Frodon.

- De la pitié ? Mais c’est la pitié qui a retenu sa main de votre oncle, lui révéla Gandalf. Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort, et les morts qui mériteraient la vie. Est-ce pour cela que vous pouvez-vous leur rendre, Frodon ?

Un silence pesant tomba entre eux.

- Ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort des gens, continua Gandalf en se radoucissant. Même les grands sages ne peuvent le prédire. Et mon cœur me dit que Gollum a encore un rôle à jouer, en bien ou en mal, avant que cette histoire ne se termine. De la pitié de Bilbon peut dépendre le sort de beaucoup.

Frodon s’assit à côté d’Elanor, décomposé.

- Je voudrais que l’anneau ne soit jamais venu à moi. Que rien de tout ceci ne se soit passé.

- Frodon.

Gandalf le regarda avec chagrin, et Elanor passa son bras autour des épaules du hobbit. Frodon était au bord des larmes, épuisé.

- Comme tous ceux qui vivent des heures si sombres, mais ce n’est pas à eux de décider, dit Gandalf. D’autres forces sont à l’œuvre dans ce monde, autres que celles du mal. En trouvant l’anneau, Bilbon a été désigné, et par ce fait vous aussi.

- Je vous aiderais jusqu’au bout, Frodon. Même si je dois y laisser la vie, dit Elanor en essayant de le réconforter.

- Je souhaiterais que vous n’ayez pas à mourir dame Elanor.

Elanor lui sourit tristement.

- Je le souhaite aussi, croyez-moi.

- Tout ce que nous devons faire, c’est savoir que faire du temps qui nous est imparti, dit Gandalf.

Il se leva brusquement.

- Oh, c’est par ici.

Elanor leva les yeux avec surprise.  Les membres de la communauté assis un peu plus bas sortirent de leur torpeur.

- Ah, ça lui revient ! s’exclama Merry, assez bas pour que Gandalf ne l’entende pas. Cependant le magicien l’entendit.

- Pas du tout. Mais l’air est moins nauséabond en bas. 

- Quoi ? s’exclama Elanor.

Le magicien s’avança vers la porte de droite, remettant son chapeau sur la tête. Il descendit les premières marches de l’escalier.

- Dans le doute maître Meriadoc, il faut toujours suivre son flair.

Gandalf se mit alors à rire, et descendit joyeusement l’escalier, Frodon sur ses talons.

Elanor resta immobile. Et dire qu’il avait osé rejeter son plan il y a deux minutes, et voilà qu’il se fiait maintenant à son nez… Quelle était donc cette plaisanterie ? Elle renifla l’air, et ne sentit aucun changement.

- Je ne sens rien du tout, cria-t-elle au magicien.

Mais Gandalf avait déjà disparu à l’angle du mur avec le reste de ses compagnons. Un peu vexée, Elanor les suivit, emboitant le pas de Legolas qui l’avait attendue.

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant