PART III / chapitre 34 : ténèbres

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Le sol était incroyablement dur et froid. Elle s'éveilla, et ouvrit les yeux, la tête appuyée contre la roche, et les oreilles bourdonnantes.

Il n'y avait pas de lumière. L'obscurité régnait tout autour d'elle et emplissait l'espace.

Elanor se redressa lentement, le corps courbaturé.

La tête lui tourna un instant, et elle dut attendre un moment avant que cette sensation désagréable ne disparaisse.

Elle posa ses mains par terre pour se relever, mais une sensation de lourdeur et de métal froid contre sa peau la stoppa net. Elle baissa les yeux, et découvrit que ses mains étaient emprisonnées dans des menottes, larges, noires et rouillées. Elle leva ses mains à hauteur de ses épaules, et une chaine reliée à ses liens tinta, brisant le silence.

- Qu'est-ce que... ?

Surprise, elle fixa les menottes. On l'avait attachée.

Qui les lui avaient mises ? Et où était-elle ?

Après avoir repris ses esprits, et attendue que sa vision soit plus nette, elle vit qu'elle se trouvait dans une sorte de grotte, dont la paroi ressemblait fortement à celles des mines de la Moria.

Seulement, un détail la dissuada de penser qu'elle était encore dans les mines.

Une porte massive en fer forgé bloquait l'issue à quelques mètres d'elle. Elanor leva les yeux, et vit qu'un plafond d'une hauteur de trois mètres la surplombait.

Où étaient ses compagnons ?

De toute évidence on l'avait amené ici. Et ça ne ressemblait en rien aux mines de la Moria. Que s'était-il donc passé ?

Ses derniers souvenirs remontaient à la bataille dans la Moria. Elle se rappelait avoir fui avec le reste de ses compagnons, alors qu'un Balrog était à leurs trousse. Ils avaient traversés un pont, et puis le Balrog était tombé, et Gandalf ...

« Fuyez pauvres fous ! »

Il était aussi tombé dans le ravin.

Les yeux d'Elanor s'embuèrent aussitôt de larmes.

Elle n'arrivait pas à se rappeler ce qui s'était passé ensuite. Ses pensées étaient encore confuses.

Elle était sur le pont. Sa cheville lui faisait mal et elle avait trébuché. Après que Gandalf soit tombé, elle avait essayé de se relever. Une douleur lui avait vrillé l'estomac, et puis elle s'était sentie basculer, et c'était le trou noir. Elle ne se souvenait de rien.

Instinctivement, elle porta la main à son ventre. Elle souleva le pan de sa tunique, et vit que sa peau était intacte. Il n'y avait rien. Pas une trace de la flèche qui l'avait transpercée.

Quel est donc ce maléfice ? se demanda t-elle.

Elle aurait dut être morte.

L'avait-on soigné ?

Chancelante, elle se releva et se dirigea vers la porte.

- Ohé ! Il y a quelqu'un ? s'écria-t-elle.

Personne ne lui répondit.

Elle tapa contre la porte avec ses poings, mais la douleur lui vrilla les poignets et elle arrêta au bout de quelques minutes sans avoir de réponse. Dépitée et angoissée, elle se rassit.

Le temps passa. Lentement.

Elle ne sut si ce fut des heures ou des jours qui défilèrent. Il n'y avait pas la moindre source de lumière qui pouvait lui donner d'indice sur l'heure de la journée.

Cela ressemblait à une prison fantôme. Abandonnée même. Quelqu'un l'avait enfermé ici, sans qu'elle sache pourquoi.

Le détail qui la troubla le plus était qu'elle n'avait ni faim, ni soif, ni sommeil. Son corps ne demandait rien, et elle ne faisait qu'attendre... attendre, encore et encore.

Ses pensées étaient occupées par ses compagnons. Legolas, Aragorn, Frodon, Sam et les autres... s'en étaient-ils sortis ? Allaient-ils bien ? Où étaient-ils ? Allait-elle les revoir un jour ?

Ses espoirs s'amenuisaient au fil du temps. Rien ne se passait, et personne ne lui rendit visite. Elle resta prostrée des jours entiers, peut-être des semaines, qui sait, sans que rien ne se passe.

Un jour enfin, elle n'aurait su dire quand, la porte s'ouvrit.

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant