chapitre 15 : un nouveau départ

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Elanor passa sa première nuit dans la grotte à greloter dans sa couverture, et la seconde ne fut pas plus concluante.

Elle n'attendait qu'une chose, c'était de quitter cette mine qui lui donnait froid dans le dos. Il n'y avait pas d'air, et il était impossible de faire un feu. Par ailleurs, cela n'aurait servi à rien car ils n'avaient plus grand-chose à manger dans leurs réserves.

Elanor passait son temps à calculer combien il lui restait de gâteaux elfiques et de fruits secs pour le reste du voyage.

Malheureusement il fallait encore deux jours, si elle en croyait Gandalf, pour atteindre l'autre côté. Elle aurait tout juste de quoi faire pour les jours à venir.

Au troisième jour, ils atteignirent le cœur de la mine. A cet endroit, la paroi était étroite, et l'atmosphère oppressante. D'énormes stalactites tombaient du plafond, et touchaient presque le sol. Des maisons abandonnées, sculptées dans la roche, faisait ressembler la Moria à une ville fantôme.

Elanor grimpa à la suite des autres, l'air rance de la grotte lui emplissant les poumons. Pippin glissa soudain sur une marche de l'escalier, et Merry le rattrapa de justesse.

- Faites attention, lui chuchota t-elle.

Pippin eut un sourire d'excuse.

Ils atteignirent bientôt le sommet de l'escalier, devant lequel se trouvaient trois portes. Gandalf s'arrêta, pensif.

- Je ne me souviens pas de cet endroit, marmonna-t-il.

Il s'assit alors sur un rocher, face aux portes et resta ainsi sans bouger.

Elanor croisa les bras, et se dit que le magicien en aurait pour un moment pour réfléchir, encore une fois. Le reste du groupe patienta avec discipline, mais au bout d'une heure Gandalf n'avait toujours pas bougé. Ainsi, ils s'assirent et en profitèrent pour se reposer.

- Sommes-nous perdus ? chuchota Pipin à Merry.

- Non.

- Je pense que si.

- Chut, Gandalf réfléchit, dit Merry.

Elanor regarda Gandalf avec inquiétude. Le magicien était resté immobile depuis plus de deux heures, et elle se mit à douter pour la première fois qu'il ne puisse trouver de solution.

L'angoisse lui noua la gorge à l'idée qu'ils fussent perdus.

- Merry ? appela Pippin.

- Quoi ? s'exaspéra ce dernier.

- J'ai faim.

Elanor retint un éclat de rire. Bien qu'il était agaçant, le petit hobbit lui fit soudainement pitié. Il se tenait le ventre, et apparemment il était vraiment affamé. Elanor le soupçonna d'avoir englouti le contenu de son sac, sans en prévoir les conséquences.

Elle attrapa son propre sac, et fouilla pour y trouver les quelques fruits qui lui restaient.

- Attrapez ça, Pippin.

Le hobbit leva la tête, et réceptionna la nourriture avec surprise.

- Merci, répondit Pippin.

- Mais et vous, Elanor ? demanda Merry.

Elanor fit un geste devant son visage, signifiant que ce n'était rien. Même si à ce moment elle mourrait de faim, comme les hobbits.

- Ne vous inquiétez pas pour moi Merry, il m'en reste assez. Mangez.

Joyeusement, les deux hobbits se partagèrent les fruits, et les mangèrent en silence. Elle sentit le regard de Legolas et de Boromir sur elle, et tenta de les ignorer.

Elle crut que Legolas allait se lever pour la rejoindre, mais Boromir le devança et prit place à ses côtés. Elanor le regarda avec méfiance, et se demandant ce que l'homme lui voulait.

- C'est un geste très noble ce que vous avez fait, chuchota-t-il en prenant garde à ce que les hobbits ne l'entendent pas.

Elanor perdit contenance, surprise par son compliment.

- Hum... merci.

- Je... je ne vous ai pas fait d'excuse pour la dernière fois, et j'en suis désolé. Mes paroles ont dépassés ma pensée.

Il se tut, et Elanor le dévisagea. Boromir la regardait dans les yeux, et elle se sentit soudainement gênée et mal à l'aise d'être le centre de son attention. Elle détourna la tête, et regarda dans le vide.

- Excuses acceptées.

Elle ne l'entendit pas, mais sentit Boromir soupirer.

Se sentant de plus en plus mal à l'aise en sa présence, elle décida de changer de place, et monta un peu plus haut avec l'intention de demander au magicien gris ce qu'il fabriquait. Elle laissa donc Boromir seul, et bien qu'elle aurait pu faire des efforts pour dialoguer avec lui, elle n'en eut pas la force.

Gandalf marmonnait tout seul, et il mâchonnait sa pipe en fixant chacune des ouvertures.

- Alors ? Vous avez trouvé ?

Elle crut qu'il allait sursauter, mais il se retourna calmement vers elle.

- Non. Toujours pas.

Elanor soupira, et s'assit à côté de lui.

- Pourquoi ne testerions-nous pas l'une de ces entrées ? Si ce n'est pas la bonne nous pourrons toujours rebrousser chemin.

- C'est un bon plan, excepté que je doute que nous ayons suffisamment de temps pour faire demi-tour. Ces galeries s'enfoncent sur des kilomètres, et c'est un vrai labyrinthe. Nous serons déjà morts avant d'avoir pu revenir ici, répondit Gandalf.

- Ce n'est pas bien encourageant.

- Non, en effet.

Le magicien retint un sourire, et Elanor trouva la situation désopilante, même si elle avait fortement envie de continuer de plaisanter avec Gandalf.

- Elrond vous en a parlé ? De mon épée ? demanda Elanor.

Gandalf arrêta un instant de mâchonner sa pipe.

- Bien sûr. Et il m'a parlé de vous aussi.

Ses yeux s'emplirent de malice. Elanor croisa les bras.

- Ah. Je me demandais comment vous saviez que mon épée avait été faite par Melian.

- Une épée magique ne trompe jamais un magicien, répondit Gandalf. Et surtout pas un Maia.

Frodon apparut soudainement, courant vers eux avec un air inquiet. Elanor fronça les sourcils.

- Frodon ? Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle.

- Il y a quelque chose en bas.

L'envoyée des Valar - livre II (LOTR-Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant