Chapitre 31

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Je ne sais pas depuis combien de temps nous discutons dans ce cocon chaud qu'est ma chambre, mais c'est agréable. Il est maintenant couché sur ma couverture et s'est mis à l'aise, ce qui m'a aussitôt détendue. Je suis à côté de lui, moi aussi allongée sur le côté et je souris tendrement.

— Tes livres doivent te manquer.

— Oui, j'aurais aimé les emporter. Mais bon, je peux pas prendre une bibliothèque entière, elle rentrerai pas dans mon petit sac.

Il s'esclaffe doucement. Son rire est léger, doux et communicatif car je ne peux pas m'empêcher, la seconde d'après, de le rejoindre brièvement. C'est vraiment agréable de lui parler. Je ne peux pas lui dire combien ça me fait étrange de parler sans sentir une boule de nervosité se loger dans ma gorge mais je peux l'écouter.

— Pauvre petite chose qui souffre, fait-il en se moquant.

J'ouvre la bouche, faussement choquée et je rougis un peu. Comment il ose se foutre de moi ! Mais mon incrédulité ne fait qu'amplifier son hilarité et il rigole de nouveau. J'aimerais bien lui donner gentiment un petit coup de poing mais je me rétracte. Nous ne sommes pas assez proches pour que cela paraisse normal. Je déglutis et essaye de passer au delà de ça. Autant l'embêter un petit peu mais je vais devoir travailler ma répartie.

— Dis donc, tu cachais cet humour.

— J'aime pas trop me dévoiler aux gens que je ne connais pas trop, avoue-t-il. Je préfère qu'ils pensent tous que je ne fais pas un bon alpha, que je ne sais pas me battre et que je suis froid.

— Pourtant, tu me le dis, à moi.

— Je t'aime bien, et je sais que je peux te faire confiance Léa. En un mois, j'ai eu le temps de te cerner.

J'écarquille les yeux, très surprise par ce qu'il me confie. Il a ainsi donc su ce qu'a dit Darrow... Ce n'est pas très étonnant, il a dû l'entendre quelque part. Mais encore plus, il est arrivé à me cerner ? Après tout, je suis un livre ouvert... Mais il y a un détail que je ne comprends toujours pas. Il a sa place ici non ? Alors pourquoi estime-t-il les membres de la meute comme des inconnus ?

— Mais...comment tu sais ça ?

— La plupart des gens de la meute le pensent et malheureusement pour eux, je ne suis pas aveugle.

— Mais la meute, elle ne fait pas partie de votre famille ?

L'espace d'un court instant, je vois un voile de tristesse passer ses yeux mais c'est si furtif, le temps d'un clignement d'œil, que je me demande si je n'ai pas rêvé.

— Depuis que je suis petit... Je ne me bats pas. Je n'aime pas ça, je ne l'utilise qu'en cas de danger immédiat. Mais beaucoup dans la meute voient ça d'un mauvais œil le fait que je ne veuille pas utiliser la force. Alors ils me considèrent comme le petit mouton noir du troupeau, il rit mais je sais bien que ce n'est pas de cœur, ça se ressent. Mon père a bien essayé de leur faire comprendre que ce n'était pas si important que ça mais ils ne l'écoutent pas.

— Mais c'est l'Alpha...

— Oui. Mais ils pensent qu'il a tort sur ça et qu'il me protège simplement parce que je suis son fils. Je pense qu'ils vont essayer de me remplacer.

— Quoi ? je m'exclame. Ils peuvent remplacer un...Alpha ?

Il sourit sans joie.

— Ouais. Enfin, c'est plus simple que ça. C'est l'Alpha qui dirige tout alors un autre loup défit celui-ci en combat singulier et si le chef perd, il perd aussi son titre. C'est donc l'autre loup et sa lignée qui prennent sa place. C'est une pratique ancestrale qui date de très longtemps.

La Malédiction de La Luna (S1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant