Alexander se redresse quand il me sent, tantôt affalé contre la porte et le mur, les paupières fermées.
— Tout va bien ? demandé-je en déglutissant nerveusement.
Il sourit suite à ma question et hoche la tête, tranquillement posé. J'avale ma salive et ma gorge me paraît extrêmement pâteuse cependant je ne peux ignorer la petite pointe de stress qui me traverse quand je suis à ses côtés. Ça fait déjà quelques temps mais à chaque fois que je suis proche de lui, je sens mon cœur s'emballer comme si je me faisais soudainement courser. Je ne parle même pas de mes mains moites qui ne peuvent pas s'empêcher de toucher quelque chose.
Et puis, je n'oublie certainement pas ce qu'il a failli se passer plusieurs fois. Il m'est difficile d'ignorer que nous aurions pu nous embrasser deux fois et dès que je le vois, cette pensée m'envahit pour ne plus se détacher de mon esprit. Mon cœur sursaute quand il ouvre un œil, une magnifique prunelle grise.
Son regard descend sur ce que je tiens entre mes mains. Le paquet de biscuits. Je rougis en le voyant m'observer manger, j'avais oublié que, le ventre vide, j'avais piqué de la nourriture. Sans même savoir ce que je fais, je lui tends avec entrain :
— T'en veux ?
— Non merci, j'ai déjà mangé, j'ai pas faim.
Je hoche la tête, le souffle bloqué misérablement dans ma poitrine. Le silence qui s'ensuit me gêne, surtout quand je me sens si bien en sa présence. Je ne pense ni à Léo ni à Alexia qui accaparent mon esprit en permanence et ça me fait du bien, souvent. Mais je sais aussi, d'un seul coup d'œil, qu'il reste sûrement dehors pour attendre sa jumelle.
Ça me fait sourire, car tout cela montre qu'il a simplement le cœur sur la main et qu'il se soucie de ceux qui l'entourent. Comme toi. Je serre les dents, le rouge aux joues, furieuse de voir les souvenirs remonter pile à ce moment où il est capable de voir ma gêne. Pourtant, je ne peux pas les empêcher de remonter et bientôt, je me souviens de ses mains qui touchaient avec délicatesse mon bras meurtri, ou alors de ses prunelles qui me dévoraient sans s'y cacher.
Cette fois, mon sourire s'élargit tellement qu'il s'en rend compte, le cœur gonflant de chaleur :
— Qu'est-ce qui te fait sourire ?
— Je me dis juste que tu es vraiment quelqu'un de bien. Tu te soucies de beaucoup de monde.
Je m'attendais à ce qu'il me renvoie un sourire chaleureux, content que je fasse cette remarque mais au contraire, je vois son visage s'affaisser et s'assombrir, comme si trop de mauvais souvenirs l'assaillaient d'un coup. Mon cœur accuse le coup et je me tends, prête à tout.
— J'en ai assez, soupire-t-il. J'en ai assez de me préoccuper de tout le monde et j'aimerais m'occuper un peu de moi aussi. Parfois, j'ai juste envie de rester seule, sans avoir à m'inquiéter de personne.
Un coup. J'écarquille, profondément surprise. Il ne s'est jamais confié ainsi et même si d'un côté, ça me fait terriblement plaisir, mon cœur se ratatine, sans que j'en comprenne la raison. Mes mains tremblent mais je ne dois surtout rien montrer et je le laisse continuer. Néanmoins, j'ose lui poser une question, en faignant la plus grande sérénité :
— À cause de ton père ?
— Non, assène-t-il, l'air dur. Enfin, à moitié. Tout est parti de la mort de ma mère. Nous étions sous le choc mais l'abandon de notre père a été la goutte qui a fait déborder le vase. Je lui en veux....je lui en veux toujours de n'avoir rien fait pour nous. Alexia fuit la douleur autant qu'elle peut, par n'importe quel moyen et ne supporte pas la vu du feu quand c'est trop... Jam et Kaïn ne parlent jamais de notre mère, de près ou de loin et changent rapidement de sujet, et moi...et moi...je ne sais pas.
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La Malédiction de La Luna (S1)
Manusia SerigalaSAISON 1 ✓ (Pas encore réécrit, merci pour votre compréhension quant au premiers chapitres qui peuvent être mal écrits). Plongez dans un univers où les rêves sont la clé du mystère. Enfermée chez elle depuis quatorze ans, Léana n'a rien : pas d'amis...