La Malédiction de La Luna (S1)

Chapitre 9

148 jours

Le soleil perce à travers les volets. Sa lumière m'aveugle et je me lève en gémissant. J'ai toutes les peines du monde à me réveiller, comme si j'avais passé une nuit blanche.

Je ressens un pincement au cœur. J'ai la tête pleine de rêves aussi étranges les uns que les autres. Je semble vivre la vie de quelqu'un d'autre, une inconnue. Magnifique, impétueuse et magique. Je me frotte le front, fatiguée. J'aimerais en savoir plus.

Pourquoi moi ? Pourquoi ces rêves ? Pourquoi ça me torture ? Tout est si mélangé et si illogique. Traînante, je décide de me lever et de descendre comme je suis. J'ai le besoin pressant de me confier à ma mère. Malgré le fait que je n'ai pas toujours l'impression qu'elle soit ma mère par son absence et son manque d'affection envers moi., je l'aime et j'ai besoin de son amour, de son attention.

À la moitié des marches, je saute en rigolant et j'arrive dans la cuisine. Ma mère, assise sur notre table jaune garnies de motifs en fleurs, me jette un coup d'œil appuyé. Elle n'aime pas que je saute partout mais elle sait bien que je ne peux pas m'en empêcher. Néanmoins, elle ne semble pas vouloir me tuer.

— Coucou maman.

— Bonjour. Bien dormi ?

— Pas trop non. Je fais des rêves bizarres.

Je le vois directement quand elle se fige. Ses doigts enserrés autour de sa tasse commencent à trembler doucement. Elle déglutit et me lance, contrôlant sa voix inquiète en avalant une tasse de son thé :

— Que faisais-tu dans le jardin, à dormir ?

— Quoi ? je demande. Je rêve où tu viens d'esquiver le sujet ? Tu sais combien j'aime être dans le jardin, j'y passe mes journées. Pourquoi ça t'inquiète ?

— Pour rien, élucide t-elle. Bon, dis-moi pour ces rêves.

Des bouffées de chaleur soudaines m'empêchent de respirer normalement et je me sens tellement mal. Ce n'est pas son genre d'esquiver mes questions ou mes doutes. Elle aime aller droit au but et surtout, que tout soit clair. Pourquoi j'ai l'impression dérangeante que ma mère me cache quelque chose ? Je ne la reconnais pas. Elle semble être remplacée par quelqu'un d'étrange, de stressé et de peureux. Je ne lui connais pas ce sentiment.

— Je... Ils sont étranges.

— En quoi ?

— Et bien, je suis dans la peau d'une fille. Parfois même une gamine. Et je me fais tabasser par...sa mère.

— Quoi ? souffle ma mère.

— Oui elle se fait tabasser.

J'allais continuer à lui dire que celle ci apprenait à contrôler les éléments de la nature quand une petite voix m'a coupée.

Ne dis rien. Elle sait...

— C'est tout ? continue ma mère.

— Oh...oui, c'est tout.

Je vois ma mère qui me fixe bizarrement. Elle semble tracassée, dépassée par quelque chose. On dirait qu'elle a vieilli en seulement quelques minutes. Mais je n'en rajoute pas plus, je sens bien qu'elle n'a pas besoin de ça.

— Tu ne me caches rien d'autre ? me demande t-elle.

Sa question me met mal. Je n'ai pas envie de mentir mais j'en suis bien obligée. La chaleur m'envahit et je me sens transpirer par tous les pores de la peau.

— Bien sûr que non. Pourquoi te mentirais-je ?

Elle acquiesce et ne continue pas la conversation. En soupirant, je remonte ma chambre, enfin libérée. Sans savoir pourquoi, je doute. Avais-je raison de lui demander ? Elle me paraissait dans un état second. Et cela m'est si étrange.