Chapitre 37

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La terreur qui me secoue les épaules est à son paroxysme, accentuée par ce qui me fait face en ce moment même.

Deux hommes, dont celui à qui appartient cette voix qui hantera mon esprit encore longtemps. Une longue cicatrice commence au dessus de son œil droit et s'arrête à la fin de sa joue. Ses prunelles noires me dévorent de haine, je le vois. En lui. Ses cheveux, aussi noirs que ses pupilles, lui tombent sur le visage. Habillé sombrement, on pourrait croire qu'il n'est autre que la Faucheuse elle-même. Son comparse, à ses côtés, sourit de toutes ses dents, tel un psychopathe dans toute sa splendeur, les yeux bleus si translucides que j'ai l'impression qu'il voit à travers ma peau. Il se lèche d'ailleurs les babines et je grimace, certaine de ne pas vouloir savoir ce que ça signifie.

À chaque fois que j'avance un peu plus, mon innocence est menacée de mort. Je recule encore, peureuse pour ma vie. Je ne veux surtout pas retourner avec lui, l'auteur de mes cauchemars et le responsable des tourments de la déesse de la lune. Je ne pourrai jamais l'aimer, même combien il essayera de m'y forcer.

— Putain, grogne Alex.

— Vous êtes fait comme des rats, ricane l'ami de l'homme à la cicatrice.

— Rive n'est pas un gentil toutou, rajoute en ricanant l'autre.

— Je pourrais en dire tout autant de toi, Dower.

Je continue de reculer, le cœur battant à toute vitesse, qui attend son heure fatidique tandis que celle-ci arrive lentement. Ceux en face de nous n'ont pas peur, au vu de la nonchalance qui guide chacune de leurs postures. Ils ne nous craignent pas et je sais pourquoi. Nous sommes les proies, ils sont les prédateurs, prêts à nous croquer.

— Vous voyez, reprend l'homme à l'allure de Faucheuse, nous aimons prendre le temps de torturer nos proies, seulement celle qui sont visées évidemment. On touche pas à la princesse.

Il ne se gêne pas pour me lorgner, avec son rire gras, comme pour m'assurer qu'il évitera de toucher à la marchandise qu'il faut transporter. Mon cœur me fait d'autant mal quand je comprends que je ne représente qu'un vulgaire morceau de viande à rapporter à son maître. Je ressers mes bras contre moi, à distance raisonnable de ces hommes et de leurs yeux de charognes.

— Donc on va bien vous déchiqueter, un par un, pour prendre minimum notre plaisir puis on s'occupera bien de la princesse.

Mes yeux me piquent inlassablement tout le long de leur stupide petit discours qui ne fait qu'accélérer ma tension artérielle. Je suis si concentrée sur l'homme et sa cicatrice, et sur les trois loups aux poils noirs clairs qui s'avancent derrière eux, que je me rends compte qu'au dernier moment que ma meilleure amie s'est avancée face aux hommes :

— Jamais ! hurle-t-elle.

Et sans plus attendre, elle enlève son haut et dévoile son soutien-gorge couleur crème. Son frère, qui souffle bruyamment son prénom, détourne aussitôt le regard, agacé. Quelques secondes plus tard, c'est son pantalon, qu'elle jette plus loin, qui part. C'est de mes yeux écarquillés, que je la vois faire. J'étais prête à dire quelque chose mais Dower, un sourire pervers qui me donne envie de vomir, collé sur son visage, se permet de lui faire des avances :

— Une femelle plutôt désirable. Changement de plan, on va s'amuser et après, la Mort viendra te chercher.

Alexander, devant moi, passe rageusement sa main dans ses cheveux. À travers son tee-shirt, ses muscles dans son dos se tendent considérablement. Il respire une colère intense par tous les pores de sa peau, je peux le sentir même à quelques mètres derrière lui.

— Et visiblement, ton frère ne semble pas de mon avis, ricane cette saleté Dower.

Ses allusions me donnent envie de vomir, et je me retiens considérablement pour qu'ils ne voient pas combien je suis touchée par ses mots, une aversion que je ne peux pas contrôler à l'intérieur de moi. J'arrime mes mains contre ma bouche, le dégoût qui cogite, comme un monstre qui fait remue affreusement, en plein dans mon palpitant.

La Malédiction de La Luna (S1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant