Chapitre 44

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98 jours.

— Ça y est, on peut sortir ? s'exclame ma meilleure amie, toute enjouée.

— Mais ouiii, attends deux minutes que je termine de mettre mes chaussures.

— Mais Léa, geint-elle. Ça fait déjà dix minutes que je suis bêtement plantée devant toi.

Je m'esclaffe un peu devant son empressement. J'aurais pensé qu'elle n'allait peut-être pas très bien due à son envie de sortir si rapidement mais au contraire, je ne l'ai jamais vu aussi respirante de vie. Presque, elle pourrait bondir en plein milieu de notre chambre, le cœur débordante d'une joie sans pareille. Je souris, contente que les choses se soient arrangés mais je n'oublie pas ce côté noir, qui s'est infiltré depuis quelques jours, dans un côté de mon cœur.

Alexia doit remarquer mon soudain air grave plutôt suspicieux puisqu'elle me tire le bras une fois mes lacets terminés pour sortir de la pièce. Nous descendons rapidement les escaliers et passons dans le salon et la cuisine pour sortir de cette maison que j'ai appris à considérer comme une sorte de maison avec le temps, non sans une certaine nostalgie qui me secoue encore le cœur, parfois.

Les lieux sont vides de toute vie. Nous sommes donc les seules qui sont restés dans la bâtisse puisque je n'ai pas entendue les jumeaux à l'étage. Mon cœur s'accélère et je déglutis quand je m'apprête à poser la question qui me brûle de l'intérieur, ressentant le besoin de la sortir le plus vite de moi pour en avaler aussitôt la réponse donnée.

— Alexander n'est pas là ?

— Non, il est sorti, m'informe Alexia. On va sûrement le rejoindre mais pas tout de suite, j'ai envie de t'emmener voir plus loin que d'habitude.

La porte passée, je tourne vers elle un regard étonné. Que manigance-t-elle donc ? J'aurais aimé voir Alex mais je suppose que ce sera pour plus tard, le cœur presque au bord de l'implosion à cette simple pensée.

— On va où ?

— Tu te rappelles de la cascade ? sourit-elle mystérieusement.

— Bien sûr.

Comment ne pas m'en rappeller ? J'avais failli y laisser la vie. Un frisson glacé court sur ma peau quand j'y songe de nouveau. Je ne saurais jamais ce qu'il s'est passé réellement là-bas, simplement que je suis tombée à cause d'une force inconnue et que j'aurais pu ne jamais me réveiller. La gorgée nouée, je hoche la tête mais je ne suis pas sûre d'avoir envie d'y retourner car il y a le pire des souvenirs qui réside près de la cascade. Le souffle court, la poitrine brûlée, je me souviens de tout.

— Léa ?

— Oui, oui, excuse moi, dis-je en reprenant mes esprits. Mais...on va aller à la cascade ?

— Non, on ira plus loin, dans les plaines. Tu vas voir, ça va être génial, je vais te faire monter sur mon dos.

— Quoi ? hoquèté-je de stupeur. Tu es sérieuse ? Me porter sur toi ?

— Bien sûr ! Tu vas voir, on va adorer, ça procure un tel sentiment de liberté.

Mon cœur se gonfle d'une excitation qui me donne envie d'arriver encore plus vite à notre destination, dans les plaines. Je me souviens encore de la fois où je suis montée sur Alexander, du bonheur que ça m'a procuré et la vitesse hypnotisante et sensationnelle à laquelle on allait. Alex... Mon palpitant, sourd à ma raison, se remet à battre plus que d'habitude, dénotant le calme que je suis sûre d'afficher à l'extérieur.

— Dans ce cas, j'ai hâte ! couiné-je.

Alexia rit, fière d'avoir pu me donner envie à mon tour mais ça ne m'étonne pas. La présence de celle-ci, même si je ne l'avoue pas souvent, est comme un baume sur ma peau, me révélant des sentiments que je ne connais pas trop. Elle m'aide toujours, envers et contre tout et ça suffit. C'est bien ma meilleure amie.

La Malédiction de La Luna (S1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant