— Vous dites être partie de votre meute ? me questionne le jeune homme.
Quand je le regarde, je ne peux pas m'empêcher de le trouver séduisant. Ce n'est clairement pas le moment mais mon esprit n'en n'a que faire. C'est un très beau loup. J'ai appris quelques choses à son propos même si ça fait à peine deux heures que je l'ai rencontré. Il vient justement de la meute du Sud, là où je dois me rendre. Quand je lui ai dit, il m'a regardée, éberlué.
— Figurez-vous que je viens de cette meute.
Un petit hoquet de surprise a passé mes lèvres. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait la même destination que moi. Le hasard fait bien les choses.
— Je suppose donc que vous voulez me suivre.
— C'est très juste, je lui souris.
— Vous avez quel âge ?
— Je viens d'avoir la majorité, quatorze ans. Et vous ?
— J'ai dix-sept ans. Pourquoi voulez-vous aller dans notre meute, si ce n'est pas trop indiscret ?
Je me rembrunis. Je n'ai pas envie d'en parler, ce que mon interlocuteur comprend. Je m'attends à ce qu'il y ait un gros blanc mais il me surprend encore une fois.
— J'espère que vous vous sentirez bien dans notre meute. Nous sommes une grande famille. Vous serez bien, j'en suis sûr.
— Merci beaucoup.
Je le regarde du coin de l'œil. J'ai peur que ce blanc ne s'éternise ; qu'aucun de nous deux n'essaye de le briser. Ça me met terriblement mal à l'aise et me terrifie tellement que je serre les poings.
J'ai parlé rarement à des gens dans ma meute et ma mère ne me laissait rarement la liberté de voir quelqu'un. Seulement Léo venait me voir le soir, en cachette. Il a été ma seule source de réconfort, mon seul confident. Pendant longtemps, il m'a aidée et a essayé de parler de ma souffrance à l'Alpha mais ça tombait dans les oreilles d'un sourd.
Hier soir, il a finit par abandonner. Léo n'avait plus le droit de me voir, au risque de perdre tout ce qu'il avait. Il a préfère m'abandonner lâchement. Quand j'y pense, un étau invisible serre mon cœur. Je ne peux pas ainsi me livrer devant un inconnu, laisser les larmes couler, bien qu'il soit gentil, en apparence...
Je refoule. Tout. Mais ce blanc m'effraie toujours. Je ne supporte pas ce silence oppressant. Je prends mon courage à deux mains et engage de nouveau la conversation.
— Vous n'avez pas peur que des hommes voient la meute ? Au beau milieu de la nature.
Le jeune homme a un petit rire communicatif. Je me demande bien ce qui lui provoque une telle émotion. Je me surprends tout de même à sourire.
— Même si on nous voyait, les hommes ne feraient rien. Ils imagineront juste un conte, quelque chose qui explique ce qu'ils ont vu. L'irrationnel a toujours besoin d'être expliqué par eux. Après tout je comprends. On est au dix-huitième siècle. Ils n'ont aucune technologie, quelques savoirs. Comment pourraient-ils expliquer que des hommes se transforment en des loups et soient plus avancés qu'eux ? Ils criraient au loup.
— Effectivement, nous sommes des loups, commenté-je avec un petit rire.
Il me sourit en retour. Nous continuons à discuter de tout et de rien. Cette fois-ci, comme la première fois que je l'ai vu, je pressens que c'est quelqu'un de bien. Sans savoir pourquoi.
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La Malédiction de La Luna (S1)
LobisomemSAISON 1 ✓ (Pas encore réécrit, merci pour votre compréhension quant au premiers chapitres qui peuvent être mal écrits). Plongez dans un univers où les rêves sont la clé du mystère. Enfermée chez elle depuis quatorze ans, Léana n'a rien : pas d'amis...