Chapitre 12

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Je le savais, qu'elle me dirait quelque chose qui me ferait aussi mal qu'une bombe. Mais je n'avais pas prévu ça. Que la cause de tous mes malheurs soit celui que j'aime. Qui l'aurait su ? Moi la dernière.

Mon cœur est couvert par un abcès qui me fait si mal qu'il manque d'exploser à tout moment. Je n'avais pas prévu la déferlante douleur qui m'assailli. J'aimerais tellement m'enfuir loin de là, loin de tout ça. Mais même là, je ne suis pas libre de mes choix. Je déglutis, terriblement secouée. Je ne me sens plus moi même, comme si quelqu'un avait pris ma place.

Ma mère s'est enfin tu et continue le voyage sans dire un seul mot. C'est au bout d'une demi-heure, qu'elle tourne soudainement et s'enfonce dans la forêt profonde, les phrases allumés. Nous nous enfonçons toujours plus et plus loin, bien loin dans la forêt, je perçois de la lumière et pleins de gens.

— Comment personne ne les voies ? C'est la meute, c'est ça ?

— Oui, me réponds ma mère. Ils ont une barrière qui ne permet qu'aux créatures surnaturelles de les voir. Les humains ne peuvent pas. Encore une preuve que tu es bien ma fille.

Je me renfrogne suite à sa remarque et serre les dents. Qu'elle parle ainsi de moi ne me fait pas plaisir du tout mais je ne peux rien dire. Alors je me tais. Mais quelque chose se plaque soudainement sur le pare brise de la voiture. Une énorme et grosse forme noire ondoie devant nous et dans le noir complet, je fais mon plus beau cri.

Mes oreilles me font mal et la forme n'arrête pas de bouger. Au beau milieu, ma mère recule. Quant à tout coup, la forme noire part et nous apercevons, par delà les bois, des loups. Je sens la terreur monter d'un cran tandis qu'ils s'avancent tous, tapis dans l'ombre. Puis derrière les loups, un homme s'avance tout doucement.

Il y a les yeux qui brillent dangereusement et il semble plutôt adulte. Sa barbe de quelques jours démarque son visage et son visage aussi lisse que possible nous fixe sans se départir. Je suis clouée sur mon siège et je vois mes mains qui tremblent un peu sans que je m'en rende compte. C'est quand ma mère ouvre la portière, qu'elle vient claquer contre un arbre, que je sors de ma torpeur.

— Maman ! je crie. Qu'est ce que tu fais ? N'y vas pas ! S'il te plaît !

Elle ne m'écoute pas et s'avance vers l'homme. Lui, ne bouge pas mais quelques loups derrière lui grognent en signe de danger. Mon cœur bat terriblement fort, comme un tambour incessant, qui ne veut pas s'arrêter. À chaque moment, je redoute qu'elle ne se fasse tuer et que moi, seule dans la voiture, j'observe ce massacre.

Quand l'homme s'avance à son tour, je ferme les yeux pour ne pas regarder. Mais quand je les rouvres, je ne manque pas de défaillir en les voyant s'enlacer chaleureusement. J'entends même le rire de ma mère ainsi que la fumée dû au froid de la forêt s'élever jusque dans le ciel.

Avant que je ne sorte demander des explications, ma mère hoche de la tête silencieusement et remonter dans la voiture.

— Tu m'expliques ?

— Ils vont nous conduire jusqu'à leur village.

— Pourquoi ils t'ont rien fait ?

— Parce qu'ils me connaissent, répond t-elle avec évidence.

Les loups de la meute se retirent vers le dôme du village et nous les suivons avec la voiture, tant bien que mal. Le trajet n'est pas très agréable et j'ai plusieurs fois envie de me mettre en colère mais je supporte. Un étrange picotement au cœur me met très mal et je m'inquiète pour ça. Si Léo était encore là, entrain d'essayer de me contrôler ?

Ma mère s'exclame et je lève les yeux pour voir que nous sommes arrivées à ce qui semble, l'entrée du dôme qui protège la meute du mystérieux homme. D'ailleurs, le voilà qui nous sourit.

Quand on parle du loup...

Je me mords la lèvre. Cette expression s'applique très bien pour le coup. Ma mère claque la portière de la voiture tandis que j'attrape mon sac avant d'en faire de même.

— Bienvenue dans la meute du Sud ! nous fait l'homme. Je me présente. Je suis l'Alpha de la meute, Rodric Williams.

— Rodric ! s'exclame maman. Ça fait tellement longtemps. Nous jouions quand nous étions petits. Et bien... Je te présente ma fille, Léa. Elle va bientôt avoir dix huit ans, dans plusieurs mois.

— Enchanté, me dit Rodric, approchant sa main pour me la serrer.

Je fais mon plus beau sourire, le moins faux possible et je lui serre la main. Il est très fort vu sa carrure impressionnante.

— Rodric..., soupire ma mère. J'ai besoin de ton aide. Nous sommes dans une situation catastrophique et cela peut avoir une incidence sur les meutes.

Les sourcils de l'intéressé se fronçent durement et il dit :

— Sarah, tu sais bien que tu peux compter sur moi. Que se passe-t-il ? C'est assez grave pour que tu viennes me voir, en tous cas.

— Léo, prononce t-elle.

Soudain, tous les loups derrière lui se mettent à grogner avec rage et même certains hurlent. Rodric serre les dents et son visage devient aussi dur que de la pierre.

— Qu'est-ce qu'il a fait encore ?

— Il traque ma fille.

La surprise prend place sur le visage de l'Alpha et il déplace ses yeux vers les miens pour m'observer. En déglutissant, je détourne le regard. Il est bien trop imposant pour moi et il me dérange. Heureusement, il le remarque et reparle à ma mère :

— Tu sais pourquoi ?

— Pas vraiment non...,ment ma mère. Il dit être amoureux de ma fille.

— N'importe quoi, rétorque l'Alpha. Il n'en n'aime qu'une seule. Et il l'a détruite. Sarah, qu'est-ce que tu attends de moi ?

Tout se bascule dans ma tête, ainsi que ce que j'attends. Léo aurait détruit une fille ? Je ne comprends plus rien et je n'arrive plus à réfléchir calmement. Je me tourne vers ma mère, attendant aussi sa réponse. Elle prend une grande inspiration et se lance :

— Tu pourrais héberger ma fille pendant une durée indéterminée ? Je sais que ce que je te demande est particulier mais j'ai confiance en ta femme et toi et je sais qu'elle sera en sécurité, chez vous.

Je baisse la tête doucement. Je ne veux plus rien entendre. Ni ma mère qui parle de m'abandonner ni cette homme qui accepte de prendre une parfaite inconnue sous prétexte qu'elle est en danger, comme un bon samaritain.

— Ne t'en fais pas Sarah, c'est tout à fait possible. Mais il y va avoir beaucoup de problèmes à régler.

— Bien sûr ! Nous verrons ça au téléphone, je vais te donner mon numéro.

Puis finalement, ma mère m'entraîne un peu à l'écart et arrange mes mèches qui dépassent sur mon visage. Elle me regarde en souriant, les mains sur mon visage, et me donne envie de pleurer. Je déteste plus que tout les adieux.

— Mon dieu, ma chérie...,murmure t-elle. Tu vas tellement me manquer.

Je serre les dents quand je sens arriver ce pic de douleur qui perce mon cœur. Je ne veux pas me mettre à pleurer. Je veux rester forte mais c'est si dur quand les larmes menacent de couler.

— Maman...

— Chut chut, pleure pas ma fille. Je t'en prie. Tu me reverras mais tu n'habiteras plus chez nous. Ton père et moi allons déménager. Par précaution. D'accord ?

Je hoche la tête, tandis que je me blottis contre elle, comme une enfant. Mes mains se serrent sur son tee-shirt. Je sais déjà qu'elle va terriblement me manquer, plus que je ne crois. Je me retiens toujours de pleurer et je relève la tête. Elle dépose un doux baiser sur mon front, me sourit une dernière. Mes doigts accrochés aux siens ne parviennent pas à la retenir et elle me dit au revoir.

Je reste silencieuse, mon sac à la main, tandis que sa voiture démarre et qu'elle s'en va pour de bon. Et c'est là que je sens le peu de résistance m'abandonner. Je commence à pleurer et j'enfouis mon visage dans mes mains. Je n'ai plus le cœur de continuer.

Tu me manques déjà, maman...

La Malédiction de La Luna (S1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant