La tension est à son comble.
Je redoute le pire en m'apprêtant à désobéir à un ordre : celui de ne pas revenir en un seul morceau. Je ne sais pas ce qu'il va se passer derrière cette barrière et ne pouvoir rien contrôler me met dans un état de stress second. Mon corps commence à trembler quand je franchis à mon tour l'autre côté du dôme pour rejoindre Alexander et sa sœur. Je prie pour qu'ils ne remarquent rien et souffle plusieurs fois pour tenter de faire disparaitre cette tension insupportable qui esclavage tout mon être.
Après tout, j'ai bien deux loups avec moi pour m'aider s'il n'y a ne serait-ce qu'un problème mais je ne peux pas nier que Léo peut sévir à tout moment, surtout que cela ne fait que quelques jours qu'il m'a prévenue de ce qu'il me ferait. L'effroi me serre considérablement le cœur comme s'il n'était qu'une minable éponge à essorer. Je suis loin d'être sereine et cette douleur sourde qui se fond dans mon palpitant me le confirme.
Sitôt que le passage se referme, le silence qui nous entoure devient pesant, refermant sûrement de lourds non-dits. Lesquels ? Je ne sais pas et je ne chercherai pas à savoir. Ça ne me regarde en aucune manière. Alors je les suis bien sagement, telle une automate, et me force à taire en moi mes états-d'âmes. Après tout, je suis déjà là par dépit.
Au fur et à mesure que nous avançons dans la forêt, que nous dépassons des centaines d'arbres, d'arbustes aussi verts que le sol à nos pieds, que nous voyons de discrets animaux vaquer à leurs occupations, le visage d'Alex dépêrit, comme s'il mourait à petit feu. Il passe rageusement plusieurs fois sa main droite dans ses cheveux en soupirant, agacé. Mais je sens bien que ce sentiment de façade en cache un autre, plus profond.
Je ne peux affirmer que celui de sa sœur soit plus serein. Ses sourcils sont froncés et elle est semble très perdue dans ses pensées. En cet instant, il n'y a que la solitude qui m'accueille, ses bras grand ouverts, chaleureux au possible quand ceux qui m'accompagnent sont très loin, partis par delà tout, là où je ne peux pas les suivre. Pour faire passer ce temps qui me pèse considérablement sur les épaules, je fixe le sol en balançant mes jambes pendant que je marche. L'ennui qui m'enserre en ce moment est éprouvant et j'ai comme l'impression d'être invisible.
Rien ne se passe pendant quelques minutes qui me paraissent interminables mais imperceptiblement, Alexia se rapproche de moi et me demande d'un regard et d'un main vers mon bras, si elle peut s'accrocher au mien. Je hoche la tête avec un sourire qui se veut rassurer et nous finissons bras sans-dessus sans-dessous, loin derrière Alex.
— Il est encore plus fermé que moi quand nous allons voir maman, commente-t-elle la mine affaiblie.
Je ne réponds pas grand chose car je ne sais pas quoi dire mais je ne veux pas encore sentir ce malaise qui nous a précédé plus tôt alors j'essaye de dire quelque chose qui pourrait l'aider.
— C'est nor... normal, bredouillé-je, ce que vous avez vécu est dur.
— Et encore, tu ne sais rien..., avoue-t-elle la voix tremblante. Avant ça, mon frère était beaucoup plus ouvert... Il n'a pas vraiment changé, si ce n'est qu'il est plus las, plus fatigué, moins patient et parfois, ça me rend folle.
— Il...tenait beaucoup à votre mère.
— Oh oui. Comme nous tous. Nous ne pourrons jamais l'oublier. C'était un rayon de soleil. C'est elle qui a appris mon frère a développé son amour pour le dessin, qui lui a acheté des pinceaux, des crayons et ils dessinaient souvent ensemble. Alex se raccroche beaucoup à ça, c'est ce qui le rallie beaucoup à sa mère. Elle adorait dessiner elle aussi.
Je déglutis, la gorge nouée. Je me souviens parfaitement quand il m'a dit que sa mère lui avait appris pour le dessin, et l'aveu de sa sœur jumelle serre mon cœur. Je ne veux même pas imaginer la douleur que cause la perte d'un être cher. Je ne pourrais jamais comprendre totalement et ça me rend folle mais je suis là. Même si c'est interdit, je suis avec eux, et c'est tout ce qui compte. Finalement, je ne regrette pas d'être venue, car j'espère être un soutien. J'enlève doucement mon bras et lentement, un peu hésitante, je serre les épaules d'Alexia en guise de condoléances. Ma meilleure amie me fait un petit merci discret.
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La Malédiction de La Luna (S1)
WerewolfSAISON 1 ✓ (Pas encore réécrit, merci pour votre compréhension quant au premiers chapitres qui peuvent être mal écrits). Plongez dans un univers où les rêves sont la clé du mystère. Enfermée chez elle depuis quatorze ans, Léana n'a rien : pas d'amis...