Chapitre 5

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—Toi, to-, je balbultie minablement.

Le dénommé Léo lève un sourcil. Je ne sais par quel pouvoir, il était sous la forme d'un loup. Comment est-ce possible ? Mes joues commencent à se colorer. J'ai eu beau lire tous les romans sur les loups garous avec des romances à la limite de l'érotisme, rien au monde ne m'aurait préparer à ce qui me fait face.

Un pan du monde se révèle, une face cachée dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Je ne suis pas si différente des autres, ignorants.

—Moi, me répond t-il calmement.

—Mais, que.. ? Comment as-tu pu faire cela ?

—Ce sont mes pouvoirs.

Oh mon dieu, il venait juste de confirmer ma pire crainte. Ce n'était pas si difficile de le deviner. Je remarque à l'instant que je suis restée clouée depuis tout à l'heure, tétanisée par la peur dure et froide qui s'est enfouie dans mon corps.

Même si j'ai vu ce Léo se transformer sous mes yeux, j'ai de plus en plus de mal à y croire. Et puis, pourquoi moi ? Je ne suis pas ces héroïnes de romances fantastiques. Quelque chose au fond de ma gorge vient remplacer mon sentiment actuel. Le dégoût.

—Un loup garou ? je crache amèrement.

—Oui ; je peux comprendre que tu n'y croies pas.

J'éclate d'un rire dur et sarcastique.

—Tu rigoles j'espère ?

Je détourne le regard et malgré ses yeux scrutateurs, je m'apprête à me relever quand il lève une main pour m'arrêter. Haussant un sourcil, mon cœur reprend de l'allure. Des détails de son visage s'imposent dans mon esprit quand il me sourit.

Il a des fossettes des deux côtés de ses joues, ses cheveux noirs luisent sous la lumière du soleil. Quelques mèches sont éparpillées sur son front et ses yeux marrons se fixent sur mon visage. Il prend feu quand je me rends compte que je suis entrain de regarder avec envie ses lèvres.

Pour ne rien montrer, je soupire. Je vois sa pomme d'Adam remuer quand il déglutit et mon cœur s'accélère.

—Non je ne rigole pas. Et si tu me suis, je peux te montrer.

Il s'accroupit devant moi tandis que mon organe rouge continue de battre plus fort. Ses lèvres s'étirent doucement et il me tend sa main droite, confiant.

Mon regard bute sur ses doigts qui semblent forts, habiles. Elles me donnent envie de les prendre et de les serrer jusqu'à m'en faire mal. J'hésite encore et suis assez mitigée par la décision.

Quelque chose au fond de moi me presse de prendre sa main et de me laisser aller avec lui, quand bien même il m'emmènerait loin d'ici, loin de ma famille et de ma malédiction.

Malédiction...

C'est là que quelque chose s'allume en moi et me rappelle que je ne peux toucher personne, même lui.

—Non ! crié-je en me levant d'un bond. Je ne peux pas te toucher sinon, tu tomberas en poussière. Je...

—Fais moi confiance, s'il te plaît, me supplie t-il du regard.

Je sens mes poumons se vider, une sensation de gêne se remplit en moi peu à peu. Quel regard porte t-il sur moi et pourquoi veut-il absolument que je lui prenne la main, quand bien même je suis capable de le tuer ?

Je respire un grand coup, espère que mes tremblements passeront inaperçus et glisse ma main dans la sienne doucement. Automatiquement, je ferme les yeux.

Mais au bout de quelques secondes, je sens toujours sa paume. Je rouvre une paupière et constate, non sans réprimer un hoquet d'étonnement, qu'il ne s'est toujours pas désintégré.

—Que-, comment ?

Mon corps se fige, mes muscles se raidissent. Je ne comprends pas comment est-ce possible. En une minute, toutes mes certitudes s'effondrent pour ne rester que des questions et des doutes par milliers.

Je commence à craquer, entre Léo capable de se transformer et moi, de le toucher, j'ai l'impression d'avoir touché le fond des révélations dures, aujourd'hui. Des larmes s'agglutinent dans mes yeux et d'ici quelques secondes, elles s'écouleront sur mes joues. Mais Léo ne semble pas de cet avis car il passe ses pouces sur le coin de mes yeux pour les enlever.

Puis, il sourit tranquillement et se lève avec moi. Mais la tristesse n'a pas disparu et semble m'entourer infiniment.

—Suis moi, dit-il malicieusement en m'entraînant à sa suite.

Je manque de trébucher et cours après lui, ma main toujours dans la sienne. Au fond de mon jardin, il me pointe du doigt une petite sortie. Je ne l'avais jamais remarqué avant, pourtant je connais mon jardin de fond en comble. Alors comment est-ce possible ?

—Il n'y avait pas de trou avant...

—Je sais, c'est moi qui l'ai fait.

—Quoi ? je m'exclame. Mais tu es fou !

—Fais moi confiance Léana.

Sa supplication tait mes protestations. Ma nervosité commence à se frayer un chemin et je crains que ma mère ne remarque ma disparition. Mais pourtant, une douceur vient calmer mon cœur stressée et je la laisse me guider. Encore une fois, je lui donne ma main et il m'aide à passer.

Cette fois-ci, juste sous mes yeux, il se transforme en un loup magnifique. Je retrouve ses yeux marrons et son pelage qui me donne envie d'y passer la main pour le caresser. Mon cœur manque de défaillir, ne serait-ce quand j'y pense. Toutes ces émotions à la fois me déstabilise.

Comment est-il possible de ressentir tant en même temps ? Excitation, nervosité, chaleur. Je m'y perds délicieusement, avec lui.
Il m'invite, d'un coup de museau, à me jucher sur son dos précautionneusement. Ce geste me fait sourire et une fois sur lui, il commence à courir dans les bois juste derrière chez moi.

Le vent me cingle le visage et mes mèches partent dans tous les sens mais je suis si excitée. Mes doigts s'accrochent à son cou et je baisse la tête.

Puis au bout d'un moment, tout redescend. Avec un petit rire, je passe ma jambe de l'autre côté et manque de m'étaler. Souriante, je recule un petit peu tandis qu'il reprend sa forme humaine.

Quand il peut se relever, ses yeux viennent fixer les miens et il m'emporte je ne sais où. Mon cœur commence à jouer tel un tambour et une douce mélodie parvient à mes oreilles. Je l'imagine m'aimer, m'embrasser.

Parcourir de ses lèvres mon corps. Mes membres commencent à s'alourdir et je commence à m'imaginer dormir. Dormir paisiblement. Avec Léo, rien de mal ne peut m'arriver, j'en suis certaine. Avec lui, tout ira bien. Je serais loin de tout, de ma famille, du malheur qui me touche.

Je veux m'enfuir avec lui, partir dans un endroit où personne ne pourra nous retrouver.
Mais un flash vient réveiller mon esprit, appuie dans mon crâne et se déverse en celui-ci. Sa douleur me fait gémir.

—Tu m'appartiens, pour toujours.

—Nana !

Je me plie de douleur et m'effondre. La dernière chose que je vois est un Léo inquiet qui se penche à toute allure vers mon corps. Puis la noirceur m'englobe et je me sens partir doucement.

La Malédiction de La Luna (S1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant