h̶e̶'̶s̶ ̶s̶t̶u̶c̶k̶ ̶i̶n̶ ̶h̶i̶s̶ ̶h̶e̶a̶d̶.̶
Sept heures du matin,
début janvier - Harry.Ce soir là, je n'ai pas réussi à dormir. Le soir du premier cours de modèle vivant. Louis ne voulait pas sortir de ma tête. Ses yeux surtout. Ses yeux complètement bleus. Son regard tout bleu. Parce que, merde, il n'y avait rien, rien du tout qui l'animait. Il n'y avait rien, dans son regard, quand il est arrivé et quand il est parti. C'était impossible à déchiffrer. Et je détestais ça. Mais un peu après, il m'a regardé. Il m'a vraiment regardé, et quand il a posé son regard sur ma peau en qu'ensuite il s'est mis à dessiner, tout a changé. Dans son regard. C'était incroyable. Un mélange de tout? Ses yeux brillait de vie. Il avait l'air apaisé. Entre ces yeux là et ceux de son arrivé, c'était le jour et la nuit. Et pour être tout à fait honnête, je me suis senti déshabillé par son simple regard, alors que je l'était déjà presque. Presque nu.
Ça m'a complètement bousculé, chamboulé, bouleversé. J'étais absent, complètement absorbé par la façon dont ses yeux se posaient sur moi - par ses gestes, son poignet rempli de bracelets en tissu, sa main qui glissait sur sa feuille comme si c'était quelque chose de naturel. J'aurai presque dit passionné, occupé à imaginer ce que Louis pouvait bien faire sur cette feuille alors que je ne voyais même pas encore son dessin.
Je n'ai même pas remarqué que les autres éleves étaient parti. Ou alors si mais maintenant je ne m'en rappellais plus. Et Lucille ne nous a rien dit. Je crois même qu'à un moment elle est sortie de la salle, enfin oui, je le sais, elle me l'a dit ensuite, qu'elle était sortie. Mais je ne l'ai pas vu sur le coup.
On a dépassé deux heures. Deux putain d'heures en plus des horaires convenues, deux putain d'heures qui sont passées comme un claquement de doigts. Deux heures ailleurs.
J'aurai dû avoir les muscles - le corps entier douloureux d'être resté dans telle ou telle position, le temps de le voir finir son trait avant de changer ma pose ; J'aurai du avoir les membres engourdis d'avoir bouger autant aussi, mais non. Non. Je ne ressentais rien de tout cela avant de rentrer enfin chez moi. Je me sentais juste bien. Bien et ailleurs. Totalement ailleurs.Lucille nous a arrêté simplement parce que l'école devait bientôt fermer, et je crois que Louis avait un bus à prendre aussi.
Et dès qu'il a arrêté de dessiner, le voile sur son visage et dans ses yeux est revenu. Comme un masque qu'il enfilait. Est-ce qu'il le faisait exprès?J'ai vite été me changer, le temps qu'il range son matériel, et j'ai discuté un instant avec Lucille que je n'écoutais presque pas parce que je lançais trop souvent des regards vers Louis pour ne pas le louper lorsqu'il sortirait de la salle. Je voulais lui parler, lui dire je ne sais quoi, n'importe quoi. En fait, je voulais juste revoir cette lueur de vie dans ses yeux une nouvelle fois.
Nos regards se sont croisés par hasard une nouvelle fois, on s'est regardé cinq secondes à peine, et il a fait tomber toutes ses feuilles par terre, d'un coup. Mes yeux se sont grands ouverts tous seuls, par réflexe sans doute, et j'ai profité de l'occasion pour regarder ses dessins juste avant qu'il ne se jette presque dessus pour tout enrouler à nouveau.
Et je crois que je ne m'en remettrai jamais. Parce qu'effectivement, peut-être que ses dessins n'étaient pas les plus réalistes ou les mieux réalisés, ni les plus précis, mais j'ai été frappé par le feu d'artifice d'un tout qui éclatait, la puissance des émotions qui se dégageait de ces foutues feuilles. On voyait rien que par ses traits qu'il était passionné, animé par tout ça. Par l'Art.
J'ai eu envie de lui dire tant de choses... Mais à peine sa professeure l'avait appelé qu'il était déjà trop loin.Je crois qu'il a eu honte de faire tomber ses feuilles, et de laisser par conséquent ses dessins à découvert. Honte comme auparavant, lorsqu'il est arrivé en retard et qu'il est tombé. Alors qu'il n'avait aucune raison d'avoir honte. Son art était magnifique, intrigant. J'avais comme, des dizaines de questions qui fusaient dans ma tête juste après avoir vu ses dessins. Et c'est peut-être stupide, ou alors disproportionné comme réaction, mais tant pis. Son art était poignant, je ne saurai pas dire mieux. Je ne saurai pas expliquer pourquoi. C'était simplement incroyable. Et Louis, il était intrigant lui aussi. Et je crois que j'ai eu besoin de le revoir, juste pour lui dire que son art était magnifique, passionnant. J'avais absolument besoin de le revoir. Même rien qu'une fois, une heure, une minute, quelques secondes à peine.
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Martyre.
Romance*˖ On était comme des aimants, impossible à détacher. On était des aimants, des aimants qui s'aimaient. ˖* Et c'est parce que l'adrénaline, parce que la nostalgie, parce que l'art, parce que la vie. C'est parce que l'un en voit un partir et parce q...