● Chapitre 21 - Louis.

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T̶a̶k̶e̶ ̶m̶y̶ ̶h̶e̶a̶r̶t̶ ̶a̶n̶d̶ ̶t̶a̶k̶e̶ ̶m̶y̶ ̶h̶a̶n̶d̶
̶L̶i̶k̶e̶ ̶a̶n̶ ̶o̶c̶e̶a̶n̶ ̶t̶a̶k̶e̶s̶ ̶t̶h̶e̶ ̶d̶i̶r̶t̶y̶ ̶s̶a̶n̶d̶s̶
̶A̶n̶d̶ ̶h̶e̶a̶l̶.̶

Premier mai - Louis.

Il était quatre heures cinquante trois du matin, on était le premier jour de mai, et moi je ne savais pas dormir. Je ne savais plus dormir. J'avais quitté le lit à deux heures et demi à peu près je crois, après avoir passé plus d'une heure a essayer de calmer le vacarme dans mon crâne, sans succès. J'étais censé aller voir Ryse à neuf heures et demi le matin même, sauf que la dernière fois que je l'avais vu, un mois auparavant, nous nous étions disputés. Par rapport à ses psychiatres qui allaient demander son H-O, par rapport à son frère, et par rapport à notre rupture - enfin plutôt par rapport à Harry et moi. Surtout par rapport à cela. Et je savais qu'il aurait du mal, je savais qu'il en souffrirait attrocement, encore plus que n'importe qui d'autre, mais je ne pensais pas que tout cela serait aussi fort. C'était d'ailleurs assez ridicule dans un sens, car s'il y a bien une chose que j'avais compris par rapport à son trouble de la personnalité limite, c'est qu'il ressentait tout dans des proportions immenses. Non, ce n'est pas tant que je ne pensais pas qu'il aurait si mal, plus que je préferais ne pas le penser parce que ça me bousillait le cœur. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir d'aller mal. Je ne pourrais jamais lui en vouloir d'être ce qu'il était. Je savais qu'une rupture était difficile, surtout pour lui, et je savais qu'il avait déjà tellement essayé de ne pas me noyer sous ses émotions... Il avait tellement essayé de se contrôler, l'autre fois, mais la vérité c'est qu'il était juste trop entier pour réussir. Et je ne lui en voudrais jamais pour cela. Mais je pense que mon histoire avec Harry l'avait fait vriller. Pour de bon. C'était une évidence. Il nous avait vu, Harry et moi, devant l'hôpital, et ce n'était pas compliqué à comprendre puisqu'il nous avait vu nous embrasser. Et bien sûr qu'il avait comprit. Et il était en colère, et il était triste, et il croyait à nouveau que je l'avais abandonné, mais cette fois-ci encore plus que toutes les autres fois, comme si j'allais le laisser complètement tomber maintenant qu'Harry était là... Même si cela n'arriverait jamais. Je pensais à cet instant que je n'arriverai sans doute jamais à le lui faire comprendre, qu'il était trop important pour que je le laisse. Que j'avais besoin de lui. Et je le comprennais, dans un sens, parce que c'était trop tôt pour lui. Trop d'informations aussi rapidement. Trop de vacarme d'un coup. Pour moi même d'ailleurs, cela me semblait tôt, mais j'avais déjà tellement attendu aussi... Ce matin, un mois auparavant, n'était pas un beau jour. Et quand je suis parti, juste avant que je ne sorte du parloir, en fait, je me suis retourné un instant et je l'ai appercu à travers la fenêtre sur la porte : il était effondré dans les bras d'un agent, et il pleurait. Il pleurait fort, toujours toujours plus fort. Il pleurait si fort, et le voir aussi malheureux m'avait marché sur le coeur. J'avais le coeur au bord des lèvres, le coeur au bord des larmes. J'aurai tant aimé aller le prendre dans mes bras, j'aurai tellement aimé pouvoir le réconforter comme je le faisais avant, j'aurai aimé pouvoir l'aider... Mais j'étais la source de son malheur, alors je ne pouvais rien faire.

Je devais retrouvé Harry après avoir vu Ryse, ce jour là, sauf que je suis rentré en crise et je ne voulais pas qu'Harry en subisse une une nouvelle fois, et peut-être aussi que c'était trop tôt pour moi, alors j'ai été chez Zayn, avec qui j'ai fini par passer trois jours, sans donner de nouvelles à Harry, parce que je ne pouvais plus rien faire. Rien du tout. Même boire et me lever pour aller au toilettes ou me doucher me semblaient être des épreuves inssurmontables. J'avais comme l'impression de ne presque plus exister autrement que par la douleur. Et c'était trop dur. Comme si j'étais en pause, avec le monde qui continuait de tourner autour de moi.
Harry m'appelait sans arrêt, mais je le laissais sous silence. Égoistement peut-être, mais je ne pouvais pas lui répondre. Je n'y arrivais pas. Pourquoi faire, de toute facon? Pour qu'il me demande des nouvelles et que je lui réponde que j'aurai préféré ne plus jamais avoir à lui en donner? Je ne pouvais pas faire cela. C'était trop pathétique. Et puis il avait bien d'autre choses à faire que de s'occuper d'un mec comme moi. Non, je ne pouvais pas lui répondre, et je crois que je ne le voulais pas vraiment non plus. Alors je suis resté chez Zayn pendant trois jours. Et ça a fait comme toujours: à chaque réveil je voyais sur la table de chevet un verre d'eau plein, puis vers dix heures, il me rejoignait et on refaisait le monde pendant des heures avant d'aller manger puis d'aller regarder un film allongés sur le lit de la chambre d'amis de la maison d'Eugène. De leur maison. Et je crois que je détestais cela à présent. Pas quand on referait le monde, mais pour le reste, parce que j'avais l'air tellement ridicule... Je ne supportais plus qu'il s'occupe de moi je crois, parce que je me faisais pitié. Et je détestais vraiment me faire pitié. Le premier jour de la crise, j'avais eu besoin d'aide rien que pour me lever. Pour me lever putain. C'était complètement stupide. Alors je suis resté trois jours chez Zayn, et puis je suis rentré - enfin je suis allé chez Harry, après trois jours, en plein milieu de la nuit parce que Zayn était parti rejoindre Eugène chez ses parents et que je crois que je ne supportais plus d'être tout seul. En fait, quand Zayn m'a dit qu'il devait rejoindre Eugène, je lui ai dis que j'allais retourner chez moi. Au début, il m'a proposé de venir avec lui, mais j'ai refusé parce que j'avais déjà assez honte de moi comme ça, et qu'un regard de pitié de la part de n'importe qui m'aurait probablement achevé, alors il m'a déposé devant mon immeuble, et après m'avoir serré longtemps dans ses bras, il est parti. Et moi je suis monté jusque mon appartement, et puis j'ai essyé de dormir mais je n'y arrivais pas. Je ne supportais plus d'être tout seul. Je ne supportais plus de me retrouver seul avec moi-même. Je ne supportais plus de me sentir aussi vide. Je ne me supportais plus. Alors je suis allé chez Harry. Parce que je n'étais qu'un egoiste pathétique qui ne savait plus rester seul.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant