● Chapitre 12 - Harry.

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̶T̶o̶u̶t̶ ̶l̶e̶ ̶t̶e̶m̶p̶s̶,̶ ̶l̶a̶ ̶t̶ê̶t̶e̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶l̶e̶s̶ ̶é̶t̶o̶i̶l̶e̶s̶
̶D̶e̶s̶ ̶t̶o̶n̶n̶e̶s̶ ̶d̶e̶ ̶p̶e̶r̶s̶o̶n̶n̶e̶s̶ ̶d̶é̶f̶i̶l̶e̶n̶t̶ ̶s̶o̶u̶s̶ ̶m̶e̶s̶ ̶y̶e̶u̶x̶
̶P̶o̶u̶r̶t̶a̶n̶t̶ ̶j̶'̶m̶e̶ ̶s̶e̶n̶s̶ ̶s̶i̶ ̶s̶e̶u̶l̶.̶

Février - Harry.

Je pense que c'est lorsque l'on est réellement confronté à la mort, qu'on la touche du bout des doigts, qu'on se rend enfin compte de la valeur de notre vie. Moi, je n'ai pas eu ce contact direct à la mort. J'y ai pensé, des heures entières allongé comme un idiot dans mon lit, je repassais en boucle dans ma tête toutes ces phrases interminables, ces histoires démunies de sens, ces visages, mon passé. J'ai vécu dans le passé, pendant un temps très long, et j'ai voulu frôler la mort, un petit peu, pour comprendre ce que c'était que de vivre vraiment. Dans les faits, frôler est un bien grand mots. Je n'ai fais qu'y penser très fort, mais il y a un moment où je me suis vu mourir. J'étais spectateur de ma propre mort. Dans mes rêves, dans la rue. J'ai imaginer comment mourir tellement de fois que j'ai fini par être un spectateur quotiden de mes propres scénarios. Il y a une période où je vivais dans une dimension parallèle, où j'avais l'impression de vivre en tant que spectateur de ma vie, en parallèle à ma propre vie. J'étais ailleurs. Mon corps fonctionnait tout seul. Moi je n'étais plus là. Je ne parlais pas. Presque pas. Je demandais à l'aide, silencieusement. Tout simplement parce que je le trouvais trop pathétique pour en parler réellement. Mais ça, personne ne l'a jamais remarqué. Ou alors personne ne m'en a jamais fais la remarque. Même pas la personne la plus proche de moi à cette époque, Simon, mon ex copain.
C'est à ce moment là que j'ai compris qu'on naissait seul, et qu'on allait mourir seul aussi. Et qu'on pouvait bien mourir, que le montre continuerai de tourner quand même sans nous. Et qu'on pouvait essayer de toutes nos forces de chercher à arrêter la solitude, ça ne marcherai jamais. On serait toujours seul.
On passe notre vie à être entouré de gens, qui nous marquent plus ou moins, qui restent longtemps, ou qui ne restent pas, mais la finalité de ces rencontres est la même: ce sont des éphémère, tout le temps. Personne ne reste jamais vraiment. On en a l'impression parfois, que quelqu'un essayera de nous retenir. Mais après réflexion, on. est seul. Hein? Personne ne nous retiens vraiment. On est seul. Entouré de gens, mais seul.

Je crois cependant aux âmes sœurs, et je crois que c'est le seul moyen de combler cette solitude complètement. L'âme sœur sera la seule personne de votre vie à toujours toujours vous retenir, qu'importe ce qu'il se passe. L'âme sœur restera toujours, jusqu'à la fin. L'âme sœur est la seule personne avec qui on n'aura plus peur de l'éphémère.
Alors oui, je crois plus que tout aux âme-soeurs.
Mais je crois aussi que la trouvaille de l'âme sœur est potentiellement impossible, et que malgré son inaccessibilité, on passe notre temps, toute notre vie à chercher cette personne qui comblera cette solitude qui nous suivra toute notre vie, et qu'au fond, on s'accroche à un espoir, en vain. L'âme sœur n'arrive jamais. Mais cette recherche nous anime, nous fais rencontrer des gens. On passe de lit en lit, en espérant comprendre enfin le sens contraire d'une solitude. Comme une quête qu'on ne peux s'empêcher de vouloir terminer à tout prix, mais qui ne se termine jamais. Au fond, au plus intime de nous, on est toujours seul. Et on sait qu'on finira seul. Avec cette solitude.

Des exceptions, bien sûr qu'il y en a eu. Achille et Patrocle, par exemple, en sont les preuves. "He's half of my soul, as the poets say", n'est ce pas? Moi j'y crois.
Mais la plupart du temps, on est condamné à vivre sans son âme-soeur. Seul. Entouré mais seul.

Je ne sais pas si les couples mariés se sentent heureux. Est-ce qu'une personne marié ressent de la solitude parfois? J'ai bien peur que oui. Peut-être moins souvent, parce que c'est vrai qu'il y a l'amour qui couvre cette solitude, un peu comme un pansement, mais au fond, c'est pas comme une plaie, la solitude, c'est une cicatrice, une marque qui ne disparaît jamais. Elle est encrée dans la peau, et il suffit de soulever seulement une peu le pansement d'amour, pour qu'elle ne réapparaisse. Parce que le seul amour qui n'a pas besoin de pansement, c'est celui de l'âme sœur. Le seul amour qui comblerait cette cicatrice, c'est celui de l'âme sœur.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant