● Parce que, Harry.

61 6 29
                                    

̶♡̶


Une matinée, Harry.

Hier, Marty est revenu. Pour la première fois depuis son départ.
Il est revenu pour prendre son manteau, qu'il avait oublié. Je n'y avais pas touché, resté seul parmi les vides sur le porte manteau, comme un de ces décors de théâtres figés, qui ne bougent jamais. Il est seulement venu prendre ce vieux manteau, enfin à la base il était là pour ça.

Il est revenu et moi je n'allais pas bien. Pas bien du tout pour une raison inconnue. J'étais terrifié, j'avais besoin de compagnie, et malgè le fait que j'avais eu celle de Louis il y a peu, je me sentais affreusement seul. Parce que personne n'était là, parce que Kurt et Lucille ne répondaient pas, et parce que Isaac me manquait, et parce que Isaac ne serait plus jamais là. Louis est parti, et j'ai refais dans ma tête le scénario de tout ce qu'il s'était passé avec lui depuis la veille, et évidemment, le moment du dessin d'Isaac est revenu aussi. Alors j'ai trop réfléchi, et j'ai fini par ne plus penser qu'à lui, qu'à Isaac, jusqu'à l'arrivée de Marty. Parce que c'était la première fois qu'une personne extérieure à mon passé le rencontrait. C'était la première fois qu'une personne extérieure à mon passé faisait sa rencontre. Enfin sa rencontre... le voyait, tout simplement. Et j'aurai pu mentir à Louis, mais je ne l'ai pas fais. Parce que même si je n'aime pas parlé d'Isaac, j'avais l'impression que je devais lui dire.

Je n'aime pas parlé d'Isaac. Je n'aime pas parler de lui depuis qu'il a disparu de ma vie, de nos vies à tous. Et je sais que je ne devrais pas avoir peur de parler de lui, mais la vérité c'est que je suis totalement terrifié de devoir y faire face, de devoir faire à nouveau face à son départ. Et c'est ridicule, parce qu'il est évident que ce n'est pas en parlant de lui que je ferai forcément face à son départ à nouveau, mais je ne peux pas. Je ne peux juste pas parlé de lui. Parce que ça serait se rendre à l'évidence, et que c'est une évidence que je fuis depuis que j'ai appris son décès. J'ai disparu pendant de long mois après qu'on m'ai annoncé son départ, parce que c'était trop dur de faire face à la vériré, parce que pour moi c'était impossible qu'il ait disparu avant moi. Parce qu'on s'était promis que c'était tous les deux pour toujours, comme la plus belle des famille, parce que c'était ce qu'il était pour moi, Isaac, malgrè l'absence de lien de sang, il était ma famille. Et j'ai fuis la fatalité, parce qu'il est toujours plus facile de fuir que de se rendre à l'évidence. J'ai fuis. Et je n'ai ni participé aux procédures, ni ai été à son enterrement, ni recontacter un seul membre de sa famille depuis, ni été le voir une seule fois, depuis qu'il repose dans le cimetière de la ville. Parce que c'était trop dur, parce que je n'ai jamais réussi, parce que c'était injuste. Parce que je ne pouvais pas. Alors j'ai fais mon égoiste, et Lucille et Kurt ne m'ont d'ailleurs jamais pardonné mon silence durant ces longs mois d'après le décès d'Isaac. Et c'est assez simple à comprendre, parce que moi-même je ne me suis jamais pardonné tout ça. Et puisque j'ai toujours passé mon temps à fuir, j'ai décidé que j'allais vendre cet appartement, parce que Marty n'y était plus, et parce que traînaient dans cet appartement des souvenirs que je voulais plus jamais revoir. Alors Marty est revenu, sauf que je crois que j'aurai préféré rester seul que de le voir ici. Mais puisqu'il était là, autant profité de sa présence pour lui parler de mon projet de vente, parce qu'il est vrai que nous avions payé cet appartement tous les deux, et que prendre unez décision sans son accord m'était tout bonnement impossible. Alors il est revenu, il a chopé son manteau, et je lui ai proposé de boire un verre. Il a accepté, surpris de ma demande mais satisfait je crois aussi, il s'est assis sur le canapé, et, lui tendant un verre de vin rouge, je me suis assis face à lui, sur le fauteuil du salon, et je lui ai dis que je voulais vendre ce foutu appartement.

Et on s'est disputé.
Parce qu'il n'était pas d'accord. Parce qu'il voulait que je reste là. Parce qu'il voulait savoir pourquoi je voulais vendre l'appartement, et je n'ai pas su lui répondre correctement. Parce que j'avais juste besoin de partir ailleurs, d'une nouvelle vague loin de tous ces souvenirs, et il n'a pas compris. Il n'a pas arrêté pas de me répéter que je ne pouvais pas partir comme ça. Que je ne pouvais pas tout effacer d'un coup. Que lui aussi était attaché à cet endroit. Et encore une fois, que lui aussi il souffrait d'être parti. Et je n'ai rien répondu. Qu'est-ce que j'aurais pu répondre? Je le savais déjà. Je le savais déjà, mais je ne lui avais jamais dit, parce que je savais qu'il en souffrirait, ou alors qu'il resterait dans le déni jusqu'à ce qu'il soit face à la réalité. Comme là. Alors il s'est enervé de mon silence je crois, et j'ai osé lui dire qu'il était culotté de me dire ça sachant qu'il avait déménager pour habiter avec sa copine. Et alors qu'il s'apprêtait à rétorquer quelque chose, son téléphone a sonné. Et instinctivement, moi, je savais déjà que c'était elle. Mais il n'avait pas l'air de vouloir décrocher. Alors je lui a fais la remarque, mais il ne m'a répondu qu'en me criant dessus encore, me disant que je ne pouvais pas partir de cette appartement, que cette idée de laisser notre nous dans le passé était stupide. Et puis d'un coup, il a voulu m'embrasser. Alors que son affreuse sonnerie de téléphone sifflait dans mes oreilles, il s'est approché de moi et il a voulu m'embrasser. Et peut-être que si le contexte avait été différent, je l'aurai accepté. Ou alors peut-être que non, parce que cela n'avait plus aucun sens de m'embrasser maintenant. Alors au moment où ses lèvres allaient se poser sur les miennes, je me suis reculé. Pour la première fois de ma vie, je ne l'ai pas accepté. Il m'a regardé, hébeté par mon geste, dans un silence complet, et puis son téléphone a sonné encore une fois, et cette fois-ci il a décrocher, en se remettant à crier. Et moi je ne savais pas quoi faire, alors je suis juste resté où j'étais, devant lui, sans bouger, et j'ai attendu.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant