Martyre.

○ Chapitre 16 - Harry

C̶'̶e̶s̶t̶ ̶t̶r̶o̶p̶ ̶t̶a̶r̶d̶ ̶p̶o̶u̶r̶
c̶o̶m̶b̶l̶e̶r̶ ̶l̶e̶ ̶m̶a̶n̶q̶u̶e̶.̶

(Trop) tard - Harry.

J'ai l'impression que les gens m'échappent. En fait, je crois que je ne sais plus les retenir. Mais est-ce que j'ai déjà su le faire, finalement?
Ils sont tous parti d'une manière où d'une autre. Les gens. Tous. Parfois je les ai fais fuir, comme Simon et puis Marty aussi j'imagine, il m'a fuit ; Et parfois, ils sont parti sans que je ne puisse rien y faire, comme Isaac, arraché par la vie alors que c'était celui d'entre nous tous qui l'aimait le plus, la vie.

Il aimait tellement la vie. Et cette pute l'a fait disparaître.

Putain.

C'est difficile de penser autant à lui en ce moment.
Surtout que je n'ai personne avec qui partager ma peine, parce que Kurt et Lucille ont décidé de m'ignorer, je crois, et que ma famille n'existe plus depuis bien longtemps.

C'est simple, ça fait cinq ans que je n'ai plus eu aucun contact avec l'un d'entre eux - à part ma dernière grand-mère que j'ai au téléphone de temps en temps.
Mon père m'a en quelque sorte viré de chez moi le dernier jour de mon année de terminale, parce qu'autant jouer mon rôle de "cliché" à la perfection... J'avais organisé une fête pour célébrer l'anniversaire de mon copain, la fin du lycée, revoir mes amis de classe une dernière fois... Et à cette époque, j'étais en couple avec Simon depuis quelques temps. On était discret. Seuls nos proches - très proches - savaient, c'est à dire: sa famille (pas la mienne: complètement contre l'idée même d'une relation homosexuelle) et mon meilleur ami de l'époque, Jonathan. Simon voulait qu'on arrête de se cacher, mais moi non, parce que j'avais trop peur que mes parents l'apprennent. Mais je crois que ce soir là, j'en avais plus vraiment quelque chose à faire que les gens sachent pour nous. Lui était ouvertement pansexuel depuis que je le connaissais, et pour ma part je savais depuis des années que c'était les garçons, surtout, qui m'attiraient ; Et puis ma famille n'était pas là, et nos amis n'étaient pas de ceux qui crachent sur l'amour: le danger n'était plus. Alors ce soir là, j'ai décidé de l'embrasser pour la première fois devant des gens. Juste comme ça, poser mes lèvres sur les siennes. Et puis personne n'a rien dit alors je me suis laissé aller, et ce pendant une bonne partie de la soirée, jusqu'à vraiment l'embrasser pendant qu'on dansait comme des fous sur un morceau de Nirvana.
Mais à croire que finalement, les clichés des films sont de simples réalités romancées et trop communes, parce que comme si c'était prévu d'avance, mon père est rentré à cet instant. Juste au moment où j'embrassais Simon sur ce morceau de Nirvana, notre préféré à tous les deux, mon père est rentré. Il n'était pas censé être là de la soirée, mais il a tout de même débarqué, - déjà en colère parce que je ne répondais pas au fixe (que quelqu'un avait du débrancher en trébuchant dessus) et que les voisins l'avait appelé pour lui dire qu'on faisait trop de bruit (alors qu'ils auraient tout simplement pu venir nous voir... putain d'abrutis.) - il m'a vu embrassé Simon, et il a pété un plomb.
Il a renvoyé tout le monde chez soi, et il est rentré dans une colère bien trop sombre. Je ne l'avais jamais vu ainsi, autant en colère. Évidemment que, à cause de ses idéaux ridicules, mes penchants pour la mode et mon envie de faire mes études dans ce domaine avaient déjà cause bon nombre de soucis entre nous - parce qu'il était de ceux qui pensait que cela rendait les hommes faibles - mais jamais nous ne nous sommes battus comme nous l'avons fais ce soir là.

C'est moi qui ai frappé le premier. Parce qu'il avait insulté Simon, et parce que sa colère ridicule m'avait mis en colère, et parce que jamais je ne l'avais vu avoir autant de haine dans le regard: il était de ceux qui luttaient contre l'amour, et je crois que cela m'était inssuportable. Donc on s'est battu, et alors que ma mère avait enfin réussi à le calmer, alors que tout le monde dormait, j'ai fais mes bages, j'ai tout emporté, et je suis parti.