○ Chapitre 17 - Louis.

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A̶n̶d̶ ̶i̶t̶'̶s̶ ̶n̶i̶c̶e̶ ̶t̶o̶ ̶b̶e̶ ̶u̶g̶l̶y̶
i̶n̶ ̶e̶a̶c̶h̶ ̶o̶t̶h̶e̶r̶'̶s̶ ̶a̶r̶m̶s̶

La même nuit - Louis.

Je crois que j'ai dû remercier une bonne vingtaine de fois l'homme de l'interphone quand je suis tombé à la renverse après l'ouverture de la porte d'entrée de l'immeuble, et puis j'ai monté les escaliers quatre par quatre, pour atteindre l'appartement d'Harry.
J'ai voulu aller vite, parce que je savais que quelque chose n'allait pas. Mais là, j'étais sur le palier, et c'était ridicule mais je ne savais plus faire un pas.

Harry avait mit de la musique. Fort. Il avait mit de la musique suffisamment fort pour que je l'entende résonner depuis les dernières marches de l'escaliers qui permettent d'accéder à son étage. Et rien n'avait l'air d'aller. Rien du tout. Harry ne dormait pas, j'en étais persuadé. Et il dormait souvent tard, d'accord, mais je savais qu'il n'était de ceux qui aimait déranger les gens, et donc de ceux qui mettent la musique trop fort aussi tard pour rien, juste par simple égoisme.

Quelque chose n'allait pas.

Et je devais  comprendre.

Alors je me suis approché de sa porte, et puis après une petite hésitation, j'ai frappé. Doucement, mais suffisamment fort tout de même pour qu'il puisse l'entendre malgré la musique. Mais je n'ai reçu aucune réponse. Rien qui pouvait m'indiquer qu'il m'avait entendu. Alors j'ai réessayé. J'ai frappé à sa porte une seconde fois, mais toujours rien. Rien du tout. Et puis j'ai re-réessayé. Mais je n'ai encore reçu aucune réponse. J'ai même commencé à me dire qu'il dormait, finalement. Mias j'ai décidé de continuer a toquer à sa porte, parce que l'évidence qui apparaissait petit à petit ne m'était pas envisageable. Il était là, et il était réveillé. J'en étais sûr.

Et c'est au bout de la huitième fois, du huitième coup sur sa porte, que j'ai entendu le volume de la musique s'éteindre lentement.

Il m'avait entendu.

Il m'avait entendu pour la première fois, ou alors, il m'avait déjà entendu auparavant, mais il me le faisait simplement savoir maintenant, qu'il m'entendait. Enfin, on s'en fiche je crois. 

Je me suis rapproché de la porte encore plus qu'avant, parce que maintenant je savais que j'avais un minimum son attention, et puis après un petit moment d'hésitation, j'ai murmuré:

- Harry?

Mais il ne m'a pas répondu.
Encore une fois.

Et moi j'étais là, comme un con, planté devant sa porte d'entrée, le coeur au bord des larmes. J'avais peur qu'il m'en veuille, qu'il regrette, qu'il ne veuille plus jamais me voir. Et par dessus tout, j'avais peur pour lui. Je m'en voulais, terriblement. Je m'en voulais si fort d'être parti l'autre fois. Je m'en voulais d'être autant égoiste, mais autant l'être jusqu'au bout: j'avais besoin de m'assurer qu'Harry allait bien, même si pour une fois l'évidence était inévitable ; Harry n'allait pas bien.

Alors je me suis assis dos à la porte, le coeur serré, et je lui ai dit, dans un autre murmure, les yeux un peu fermés:

- Harry, est-ce que tu veux bien m'ouvrir la porte, s'il te plait? Je m'en fiche si tu ne dis rien. J'aimerai simplement te... voir?

Mais c'est un silence, un long silence qui a englobé l'endroit après mes paroles. Mais pas le même silence qu'avant. Je crois qu'en fait, il se tenait juste de l'autre côté de la porte. Et même sans le voir, j'étais bouleversé parce que je le sentais complètement déboussolé. Et c'est ridicule: comment aurais-je pu connaître l'état dans lequel il se trouvait? Mais c'est inexplicable je crois, parce que je le savais, c'est tout. Et moi, je n'étais pas vraiment mieux. Alors j'ai attendu un long moment, une larme silencieuse roulant sur ma joue, et alors que je sortais de ma poche un stylo et un feuille pour faire glisser un mot sous sa porte, j'ai entendu un bruit de clé, un clic de verrou, et j'ai compris qu'il m'avait ouvert la porte ; Alors je n'ai plus hésité une seconde: je me suis relevé, j'ai enclenché la poignée, et la seconde d'après, j'étais rentré.
Je n'ai pas tout de suite chercher à savoir où il se trouvait ; J'ai d'abord fermé la porte, puis j'ai retiré machinalement mes chaussures, mon manteau, les ai posé sous son porte-manteaux à lui, et puis j'ai enfin levé les yeux dans la pièce.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant