○ Chapitre 6 - Louis.

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J̶u̶s̶t̶e̶ ̶l̶a̶ ̶f̶i̶n̶ ̶d̶u̶ ̶m̶o̶n̶d̶e̶,̶ ̶
̶J̶L̶ ̶L̶a̶g̶a̶r̶c̶e̶.

(!! La scène du flashback dont Louis parle dans ce chapitre est un passage qui montre l'homosexualité du personnage principal du film que L et H regardent, passage qui ne se trouve pas dans la pièce de théâtre que H à lue, et c'est ce pourquoi Louis est stressé !!)

Fin Janvier - Louis.

Nous regardions toujours le film. Et j'étais crispé. Incroyablement crispé. C'est limite si je n'étais pas tétanisé. Parce que la scène du flashback arrivait, parce que Harry était à mes côtés, parce qu'il avait l'air d'apprécier le film, parce que j'avais peur encore, toujours, de rencontrer le dégoût dans ses yeux, ou simplement peint sur son visage après avoir visionner le flashback. Presque tétanisé parce que j'avais peut-être un imbecile qui blâmait l'amour à mes côtés. Ou alors peut-être tétanisé parce que ce potentiel imbécile était Harry.

Alors j'ai attendu, repoussé encore, repoussé le moment où je lui dirai le contenu du flashback (parce que c'était évident que ma peur allait l'emporter et que j'allais arrêter le film avant en paniquant). Je pense que j'ai du vidé à moi tout seul peut-être les trois-quarts des bols de pop corn, sucrés et salés confondus. Je mange beaucoup quand je suis stressé. Beaucoup. Beaucoup trop. Trop parce que là j'avais mal au ventre à force de manger et manger et manger encore. Très fort. Mais je n'avais pas peur de vomir pour une fois, parce que j'avais trop peur du reste pour y penser. J'avais mal au ventre, mais ça devenait futile. La peur l'emportait toujours sur le reste. Quand elle est là, le monde entier devient futile.

Ça passait. Le temps filait, et je ne sais pas si j'ai trouvé ce temps trop long ou pas assez, mais je sais que ma respiration s'écourtait de plus en plus, et que c'était désagréable, et je me demande même si mon souffle ne sifflait pas parfois.
Je m'imaginais déjà une vingtaines de scénarios... Harry me disant de partir étant celui que je trouvais le plus probable.
J'étais stressé à un point inimaginable, insupportable. Je me suis même dis que j'allais bientôt tomber dans les pommes.
Et d'un coup, sortant de mes pensées et scénarios, j'ai vu la scène avec Louis qui retourne dans sa chambre d'enfance, celle juste avant le flashback, la scène d'amour de Louis et son amant, la scène qui révèle le fait que Louis est gay...
Et j'ai eu peur. Et j'ai eu trop peur. Et le Louis du film a posé sa tête sur le matelas, le déclencheur du flashback, et je n'ai plus contrôlé aucun de mes gestes. J'ai sursauté sur la télécommande, manquant presque de tomber du canapé comme un imbécile, et j'ai stoppé le film, brusquement. On voyait presque le debut du flashback en arrêt sur image.
Je suais. Je suais à grosses gouttes. Des gouttes froides. Ça n'arrivait jamais. Je ne suais jamais.
La respiration en pagaille, complètement dépassé. Je tremblais, je voyais flou, trop flou. J'avais peur. Et mal.

Peur, et mal.

- Louis? Louis ça ne va pas?

Mal au coeur.

- Louis, Louis, ok calme ta respiration, concentre toi uniquement sur ça. Respire. Tu vas y arriver Louis. Je suis là.

Et il a continué à m'indiquer comment respirer. Alors je l'ai suivi. J'ai suivi son souffle. Puis il a arrêté, et j'ai continué tout seul. Pendant peut-être dix minutes, ou plus, ou moins, je n'en sais rien, j'ai essayé de me calmer. J'ai inspiré, j'ai expiré. Et il a attendu. Encore. Le regard dans les vagues, pensif je crois.
Au début, ça ne marchait pas, j'avais presque l'impression que me concentrer sur mon souffle me le coupait d'autant plus, et si Harry n'avait pas été là je crois que j'aurais fais un malaise. Mais je me suis concentré sur les courbes de son visage au lieu de le faire sur mon souffle, et j'ai fini par retrouver une respiration convenable.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant