○ Parce que, Louis.

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̶T̶o̶u̶t̶ ̶s̶e̶u̶l̶s̶,̶ ̶m̶a̶i̶s̶ ̶e̶n̶s̶e̶m̶b̶l̶e̶.̶



Une nuit - Louis.

Il fait nuit. Il fait nuit, et j'attend encore que Zayn m'appelle. Depuis trois heures. Il m'avait promis. Il savait que je devais voir Ryse. Et même si je sais qu'il est trop tard, et qu'il a sans doute oublier, je l'attend encore. Parce que j'ai besoin de lui. J'ai besoin de lui, mais il est pas là, il est plus là, et moi je sais plus quoi faire.

Il fait nuit. Ca va peut-être faire trois heures maintenant qu'il fait nuit. Je suis rentré de la prison à l'aube, et voilà plus de trois heures que j'attend Zayn, le coeur noyé dans les larmes, dans la douleur. J'ai terriblement mal au coeur. Pourquoi quitter quelqu'un que l'on n'aime plus fait-il aussi mal? Je ne sais pas m'arrêter de pleurer, depuis que je suis sorti de prison. J'ai envie de vomir, de partir, de disparaitre. Je m'en veux, et c'est terrifiant. J'ai mal au cœur, tellement que j'e ne sais plus respirer normalement, mal au cœur, et mal à la tête aussi. Ça cogne là-haut. J'entends mon coeur. Trop fort. Trop vite. Trop lourd. J'ai l'impression de l'entendre disparaitre.

Il fait nuit, je ne vois rien de dehors. Mes volets sont fermés, une musique plane doucement dans tout l'appartement, et j'entends le vent souffler dehors. Ca souffle fort, et c'est peut-être la première fois que je suis autant apaisé par ce bruit. Le vent qui souffle fort, qui fait claquer mes volets, qui fait voler des choses, qui fait se frotter les branches entre elles. Ce vent qui me fait peur d'habitude. Mais pas ce soir, pas cette nuit. C'est différent. Tout est différent. Et je ne sais pas pourquoi tout me semble aussi différent maintenant, et je crois que ça me terrifie.
J'attends toujours Zayn. Il m'avait promis.
Je lui ai envoyé une tonne de messages.
Peut-être qu'il a éteint son téléphone. Quoi d'autre?
Ou alors il ne veut plus me parler. Ou alors il ne sais juste plus supporter mon moi tragique, lunatique et pathétique.

Je suis toxique.

Je suis toxique et je le sais. Et je sais qu'il le sait aussi. Je suis toxique pour Zayn, je suis toxique pour tout ceux que je côtois. Parce que je ne sais pas être quelqu'un de normal, ni avoir des comportements normaux, ni avoir des réactions normales, des pensées normales. Une vie normale. Et j'ai ce poids que je crois ne gérable par personne. Et peut-être que finalement, Zayn s'est rendu compte -comme tous les autres avant lui- qu'il était préférable pour lui de ne plus me prêter attention. Et peut-être même qu'il n'arrive plus à supporter le drame que je suis. Et s'il essayait de partir, comme tous les autres avant lui?

Je crois que je réfléchis trop, et je m'en veux de ne pas savoir faire confiance correctement à Zayn. Parce que dans un coin de mon esprit, je sais qu'il a sûrement un empêchement (du moins je l'espère), et que Zayn ne partira pas, parce qu'il me l'a promis, parce que Zayn n'est pas comme les autres, parce qu'il est différent. Parce qu'il est de ces jolies différences dont le monde a besoin. Parce que c'est Zayn, tout simplement. Mais je crois que j'ai aussi décidé que je ne saurai pas croire cette partie de mon âme cette nuit. Parce que je suis totalement anéanti. Parce que je ne me suis jamais senti aussi vide de ma vie, je crois. Ou alors trop remplis d'émotions, pour la plupart contradictoires, et que j'ai du mal à gérer ce que je suis ce soir. Parce que j'ai quitté le seul et unique amour de toute ma vie, parce que j'ai quitté l'homme que j'ai tant aimé auparavant. Parce que j'ai quitté celui que j'ai aimé. J'ai tellement aimé Ryse. Oh ça oui, je l'ai aimé, au point de laisser se noyer mon cœur dans les vagues de mon âme et de le laisser presque mort, au bord du gouffre des douleurs. Je l'ai aimé à m'en bousiller les tripes, à m'en tordre l'estomac, à m'en faire perdre la voix, et même perdre la raison parfois. Je l'ai aimé, je l'ai aimé comme je n'aurais jamais pu penser aimer personne. Je l'ai aimé de toutes les manières possibles. Je doute qu'ils y en ai une qui manque à l'appel. Je l'ai aimé sous toutes ses humeurs, toutes ses formes, tous ses angles, tout son esprit, toute son âme, son âme entière, toutes ses peines et tous ses sourires, toute sa peau. La peau... il était encré dans la mienne, son regard perdu dans le mien, à s'observer des heures durant, oubliant le monde, à nous imaginer construire le nôtre, un rien qu'à nous, pour lui, et pour moi, et pour tous ces qui nous ressemblent un peu. J'ai aimé Ryse à m'en brûler la peau. Je l'ai aimé d'une flamme terriblement puissante. Puissante, extrêmement et putain de trop puissante, si bien que j'ai fini par m'y brûler.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant