● Chapitre 5 - Louis.

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J̶u̶s̶t̶e̶ ̶u̶n̶ ̶a̶p̶p̶e̶l̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶m̶e̶ ̶c̶a̶s̶s̶e̶r̶ ̶
l̶a̶ ̶g̶u̶e̶u̶l̶e̶ ̶e̶n̶c̶o̶r̶e̶.̶

Fin janvier - Louis.

Encore. Pourquoi les émotions sont-elles si rapides? Pourquoi sont-elles toujours contradictoires, chaotiques? J'ai l'impression que rien n'est normal, parce que j'absorbe tout, j'ai l'impression de tout absorbé et de ne jamais rien ressortir que par les larmes et les crises de trop.

Aujourd'hui, j'allais bien. J'avais l'impression en tout cas, que j'étais bien. J'ai réussi à m'apaiser. J'ai adoré cet aujourd'hui. J'ai écouté du classique toute la journée, j'ai écris, écris des chansons, j'aime écrire des chansons. Je n'écris rien d'autre que des chansons, que je trouve ridicules, mais que je n'effacerai jamais, parce que ça fait parti de moi. J'ai dansé, sauté dans ma chambre comme un enfant sauterai dans des flaques d'eau , j'ai pris une longue, très longue douche, ça m'a aidé ça aussi, à aller bien. J'ai crié, j'ai même été dehors, manger une glace, me balader dans le parc, discuter avec des inconnus, des gens d'associations, j'ai récupéré des numéros, j'ai accompagné de ma voix un homme qui jouait de la guitare dans le métro et puis j'ai même été à la gare, juste pour jouer un morceau sur le piano public (La fille du bus de Lonepsi pour être exact), je n'ai pas osé chanter mais j'ai tout de même cueilli le sourire des gens. Je suis sorti, j'ai marché encore, je ne sais combien de temps mais j'étais réellement bien. J'ai été jusque la grande place de la ville, j'ai parlé avec un sans domicile fixe qui était posé sur les marches de l'ancien musée (mon endroit préféré de la ville), j'ai traîné à la bibliothèque, j'ai appelé Zayn, on a beaucoup parlé de tout, de rien, j'ai été dans une bijouterie, et j'ai fini assis sur le bord d'un pont, à regarder le soleil se coucher, avec du Ludovico Einaudi dans les oreilles, à dessiner l'ombre de plus en plus présente sur la statue du pont, une statue d'Hector, et puis j'ai regardé les nuages s'écarter pour montrer le ciel étoilé qui commençait arriver. J'étais bien.

Je ne suis rentré que lorsqu'il faisait totalement nuit. Vers vingt heures trente. Les lampadaires brillaient fort et, idiot comme je suis, j'ai levé la tête et la lumière m'a aveuglé un instant, juste un instant, et pendant cet instant, mon téléphone s'est mit à vibrer, et son nom est apparu sur l'écran.

Il m'a marché dessus.

J'ai eu mal au cœur, comme une pique très forte, d'un coup, et le lampadaire m'aveuglait plus fort encore.
J'ai heurté un homme.
Il avait l'air déboussolé, et tout les sacs qu'il tenait dans ses mains sont tombés. Je n'ai pas relevé. Plus la tête à ça. Plus la tête à rien.

Il ne m'appelle jamais. Ou alors trop souvent.

L'homme m'a crié à la gueule, et je lui ai balancé un doigt d'honneur.

Il me fait faire n'importe quoi.

L'homme a continué d'hurler. Je lui ai dis de baisser le volume parce qu'il était tard. Ou peut-être lui ai-je directement dit de fermer sa gueule. Je n'ai pas vraiment écouté ce que je disais.

Pourquoi m'appelle-t-il encore?

L'homme a crié encore plus fort, enfin je crois, je crois qu'il hurlait, je croie parce que je n'entendais même plus. Plus rien.
Et sans que je ne le vois venir, il a jeté ses sacs au sol, m'a prit par les cheveux, m'a donné un coup bien placé (dans les couilles plus exactement), et je suis tombé au sol parce que je ne suis qu'os et peau, chétif, faible et complètement ridicule.

Il me rend comme ça plus encore.

L'homme m'a frappé à plusieurs reprises ensuite. Mais je n'ai plus cherché à comprendre. Mon coeur souffrait. Juste mon coeur. J'avais tellement tellement mal au coeur. Des coups en plus ou en moins ne changeaient rien.
J'ai commencé à les compter. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq... Douze... Vingt-cinq... Vingt-neuf... Ses pieds qui butaient à n'importe quel endroit de mon corps allongé ne me faisait pas grand chose. Je me suis dis qu'il perdait son temps.
Mais un était plus fort, un a l'estomac, et j'ai fini par hurler et me plier en deux. Puis j'ai entendu des cris, encore, et l'homme a accouru jusque sa voiture, enfin de ce que j'ai entendu parce que je voyais rien, puis il a démarré et quelqu'un est venu me prendre sur ses épaules.

Martyre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant