Only Him (bxb)

* Chapitre 35 : 2/2

Heureusement, personne ne nous remarquait. Je continuais d'aller dans la chambre d'Elton tel un cambrioleur. Si nous nous faisions attraper, je n'allais rien avoir. C'était Elton qui allait tout perdre. Il fallait alors faire attention. Pendant ces quelques jours, je m'étais même découvert un talent pour l'escalade. Quelque chose avait changé chez Elton. Il me parlait de politique. Certes il m'en parlait déjà avant, cependant, cette fois-ci, il le faisait en tant que prince et non pas en tant qu'observateur. La différence pouvait paraître minime mais pourtant elle ne l'était pas. Loin de là. J'étais dans la salle principale, accompagné de mon père. Quelques nobles nous collaient alors que leur femme était en train de chercher les faveurs de la reine, c'est-à-dire, de ma mère.

Nous parlions de stratégie, de guerre etc. Nous n'étions pas stupides, donc bien évidemment, nous ne parlions pas de l'attaque que nous étions en train de préparer pendant plusieurs jours. De plus, le père d'Elton était présent. Il était en train de regarder, tout comme les autres, la carte qu'on avait spécialement ramenée du bureau de mon père. Elle était installée sur une immense table, il y avait aussi les pions qui étaient censés représenter les armées. Nous en étions fières. Et il le fallait évidemment. Il fallait montrer que la France était un pays fort, qui ne se laisserait pas faire, un pays qui était prêt à répondre à une attaque.

Un pays qui pouvait attaquer.

Alors que nous continuons de parler, quelqu'un rentra dans la salle. Mon oméga. Il arborait les couleurs de l'Angleterre et se tenait droit avec fierté. Je ne pouvais que l'admirer, comme tous ceux qui étaient présents dans cette salle. Enfin... Son père lui ne l'admirait pas. Car il portait aussi un blason spécial. Ce blason signifiait que la personne qui le portait pouvait prendre des décisions politiques. Or, des décisions politiques pour un oméga, mais quel sacrilège. Je ne pensais pas comme eux. Pour moi, un oméga pouvait assister à des discussions politiques, mais surtout, pouvait participer. Il venait près de nous et je souriais en le regardant. Plusieurs murmures commençaient à se faire entendre.

Ce qu'il faisait là était mal vu, mais je ne pouvais m'empêcher de le soutenir. Je lui faisais même une place à mes côtés. Il souriait en regardant la carte et prenait un pion en main.

- Les armées navales... Très bon choix, Votre Altesse.

Je lui disais cela en lui faisant un petit clin d'œil. Son père n'avait pas cessé de le mitrailler du regard, bien évidemment.

- Veuillez m'excuser pour mon absence. Cependant, je ne sais qui a pensait que ce serait bien de m'enfermer dans ma chambre. Ce laps de temps m'a permis de réfléchir à quelque chose. Je ne compte plus me laisser faire. Après tout, je suis de sang royal. Je suis l'héritier direct du Roi Fraidey, l'unique fils de la défunte Reine Charlotte. Et je compte bien gouverner l'Angleterre comme je l'entends une fois mon père mort. Je protégerai mon pays et je ne laisserai pas mon mari prendre possession de ce qui est mien. Je ne compte pas non plus me marier à un inconnu choisi par mon père. Je choisirai mon propre mari. Après tout, pourquoi ne pourrai-je pas gouverner mon pays ? De nos jours, il y a bien des Reines et des Rois consorts. Alors pourquoi pas un oméga en tant que Roi et son mari en tant que Roi consort. Pour tout dire, des bâtards sont même légitimés. Il y a même des Rois qui avant étaient considérés comme étant un bâtard.

Tout le monde le regardait sous le choc. Enfin, moi je continuais de l'admirer. J'aimais le voir agir comme cela. Je ne voulais pas qu'il se laisse écraser par notre société. Il avait raison de réclamer ce qui était sien. Son père prenait son poignet en main. La force qu'il y mettait était clairement visible. Elton le regardait et libérait son poignet de son emprise.

- Si vous voulez me parler, vous n'avez qu'à me le dire père.

Il insistait particulièrement sur le mot père. Cela se voyait aussi que son père se retenait de s'énerver encore plus et de le battre en public.

- D'ailleurs, étant donné que vous êtes le dauphin, vous devriez savoir comment placer des armées non ?

Je pouvais affirmer une chose, cela devenait de plus en plus intéressant. Il me mettait même au défi maintenant. Mais j'allais lui montrer que j'étais fort, et que même si je l'aimais, je n'allais pas m'écraser. Qu'importe qui pouvait être mon adversaire, je gagnais toujours.

- Vous avez raison. Après tout, je suis moi aussi l'héritier de mon père. Voulez-vous que je vous apprenne comment place t-on ces armées ?

- Je pense pouvoir me débrouiller. Je m'intéresse aux stratégies depuis mon enfance. La bibliothèque de mon château contient énormément de livres sur le sujet.

Je voyais le visage de son père se décomposer. Hé oui, un oméga n'était pas non plus censé lire ce genre de livres. Je souriais et j'appelais des gardes. Je leur demandais d'installer une seconde carte.

- Alors proposons deux stratégies. Nous verrons bien qui gagnera.

- Avec plaisir, Léon.

Hé oui, la France et l'Angleterre étaient désormais amies. Il m'avait appelé Léon en présence de d'autres personnes, cela montrait que nous étions proches. Enfin... Personne ne pouvait se douter d'à quel point nous étions proches. Après tout, la pression sociale était énorme. Un oméga, encore moins de sang royal ne prendrait pas le risque de ruiner sa réputation en ayant des relations charnelles hors mariage. Même si ces relations charnelles avaient lieu avec un autre prince.

Une fois la carte installée, nous commencions tous deux à faire plusieurs stratégies. Je mourrais d'envie de regarder quelle stratégie il avait choisi, mais je voulais aussi le battre loyalement. Je devais aussi montrer à tous que j'étais digne d'être le fils de mon père, d'être le dauphin, d'être le prochain roi. Cette pression pouvait être bénéfique. Oui, le stress bénéfique existait, mais il ne devait pas excéder une certaine limite. Heureusement, je parvenais à gérer ce stress.

Après une dizaine de minutes, quelqu'un nous arrêta et nous nous éloignions de nos cartes. Je regardais alors ce qu'avait fais Elton, et il en faisait de même. Je voyais un sourire prendre place sur ses lèvres.

- Elton, je suis désolé de te l'annoncer mais... Tu as perdu !

Je souriais et il me regardait sans comprendre.

- Comment ça ? Tu dois rêver. Regarde, ici j'ai mis les troupes maritimes, elles pourront envahir la France par la frontière ouest alors que l'armée pourra faire pression sur les frontières nord, obligeant ainsi les autres à reculer vers l'est et le sud.

- Mais c'est impossible pour les troupes maritimes de passer par là car il y a des rochers qui briseront les coques des bateaux. Tu ne pouvais pas le savoir, il faut être français pour savoir cela. Il faut aussi vivre en France et aimer ce pays qui est magnifique et sauvage.

- Ce n'est pas précisé sur les cartes qu'il y a des rochers.

- Lorsque tu regardes ici, tu peux remarquer que le relief est plus prononcé. C'est une nouvelle façon de faire des cartes. L'utilisation des reliefs est de plus en plus utilisée.

Je prenais la main d'Elton dans la mienne alors que tout le monde nous regardait. Je posais son doigt sur l'endroit en question et il souriait en continuant d'examiner toute la carte. Je m'éloignais ensuite de lui et je repartais aux côtés de mon père. Même si je voulais être proche de lui, je ne le pouvais pas sans mettre en jeu sa réputation. Et sans réputation, pas de mariage. Dans pas longtemps nous serions réunis, il nous fallait juste attendre un mois.