10. Touché

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-Granger?

Hermione leva les yeux de son parchemin une seconde, continuant d'écrire son mot, regarda vers le salon, et reposa les yeux sur sa feuille.

-Quoi?

-Est-ce qu'on va parler de ce qui s'est passé dans la salle de bain il y a trois jours ?

-J'étais blessée, tu m'as guérie, ça termine là.

-Tu sais de quoi je parle, grinça Drago. Pas notre salle de bain. La salle de bain au sixième étage.

La vérité, c'est qu'elle y avait beaucoup trop pensé depuis que c'était arrivé, mais que ça l'effrayait tellement qu'elle préférait changer de sujet. Qu'est-ce qu'elle pouvait faire, de toute façon? Laurent ne pouvait se rappeler qui l'avait ensorcelé, et malgré tout ce qu'elle essayait de se dire à elle-même, elle savait profondément qu'il avait sous l'Impero pour lui livrer ce message à elle, personnellement. Qui? Ça, elle n'en avait aucune idée, mais elle avait du mal à se replonger dans le souvenir lugubre de cette soirée, où la litanie de Laurent résonnait entre les murs. Comment il l'avait projetée en arrière avec une telle force.

-Je ne sais pas, je n'aime pas y penser, admit-elle, toujours concentrée sur son devoir.

-Moi non plus, je ne voulais pas y penser.

-Alors pourquoi tu m'en parles ?

-Parce que ça me tourne quand même dans la tête. J'arrive pas à comprendre d'où ça vient.

-Probablement un Serpentard qui voulait me jouer un tour, tu te souviens? lança Hermione, lui rappelant la propre hypothèse qu'il avait émis.

-C'est probablement des conneries, et tu le sais.

Il soupira et se massa les yeux. Il était allongé sur le sofa de leur petit salon depuis une demi-heure, un livre en main, essayant de se concentrer sur les lignes qu'il lisait. Mais depuis une bonne dizaine de minutes, il relisait la même phrase sans arrêt. Il n'avait plus la tête là.

Malgré leur différend de la veille concernant la première danse du bal, il était surpris que Hermione ne l'ait pas ignoré et qu'elle ait démontré une attitude détachée. Elle voulait le laisser faire les premiers pas, il le savait, et ça le gonflait. Elle avait raison sur toute la ligne, oui, il avait honte de danser avec elle devant tout le monde, mais comment allait-il pouvoir faire disparaître ce sentiment? Est-ce qu'elle lui avait déjà pardonné son arrogance?

-Conneries ou pas, rétorqua-t-elle, posant sa plume et jetant les yeux sur le dos du sofa où elle savait que Malefoy était allongé, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

-Peut-être en parler à McGonagall...

-NON! rugit-elle, bondissant sur ses pieds.

Elle traversa la pièce en quelques enjambées, contourna le sofa pour pouvoir le regarder en face, et resta debout, le doigt pointé sévèrement sur lui.

-Non, Drago! On ne lui en parle pas!

Il se redressa sur son séant, balança son livre sur un coussin et la fixa.

-Pourquoi?

-Parce que !

-Pourquoi, bordel ? Un élève dans son école a subi un Sort Impardonnable!

-Parce que, ce n'est pas un problème qui concerne l'école !

-De quoi tu parles?

-C'est un problème personnel, dit-elle, la voix soudain beaucoup plus basse. C'était à moi que s'adressait les paroles de Laurent.

De sang-froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant