11. Vidé

130 7 2
                                    

Les cauchemars affligèrent Hermione. Des images semi-réelles la foudroyaient. Le pub. Une main qui lui agrippait la mâchoire. Dans la fenêtre, toutes les têtes de ses amis qui regardaient avec des yeux opaques la scène sans bouger. Elle criait chacun de leur nom, mais personne ne l'entendait ou personne ne voulait. Puis, elle se réveillait parfois et avait l'impression de voir à contre-jour la silhouette noire d'un homme, c'était peut-être Drago, se découper contre le clair de lune de sa fenêtre. Et alors que ses paupières se refermaient, ou se réouvraient, elle ne le savait pas trop, elle sentait la langue de l'agresseur dans son cou. Et il murmurait Granger... Granger... et lorsqu'elle émergea du sommeil, elle hurla.

-Ne me touche pas! Ne me touche pas!

-Granger, bois ça.

Drago était encore là, assis sur son lit, le dos droit. Il avait au creux de ses mains une tasse brûlante qui dégageait un doux arôme. Hermione, le souffle court et haletant, regarda autour d'elle pour se resituer. Le matelas était familier. Le mobilier était familier. Elle était dans sa chambre. Poudlard. Elle était en sécurité. Elle inspira et relâcha l'air lentement pour se calmer. Le Serpentard lui tendait la tasse.

-Bois ça, répéta-t-il.

Elle s'empara de la tasse avec ses deux mains, et effleura une seconde les doigts de Drago. Hermione frémit, et porta la tasse sous son nez pour sentir. Camomille. Elle sirota une gorgée brûlante, se souciant très peu de la sensation de brûlure sur sa langue. Le thé chaud lui fit l'effet d'une couverture aussitôt qu'il descendit dans sa gorge. Elle soupira.

-Tu es là depuis combien de temps? demanda-t-elle timidement.

Elle n'aimait pas que les gens la regardent dormir, surtout qu'elle avait eu un sommeil agité. Elle sentait que c'était privé. Son homologue haussa les épaules.

-J'ai pas compté. Peut-être une demi-heure.

-Pourquoi?

-Weaslette m'a fait jurer que je pouvais pas t'énerver ce soir. Elle avait l'air un peu menaçante.

Hermione ne dit rien et but une autre gorgée du thé.

-Tu peux aller dormir, Drago..., finit-elle par dire.

Il ne lui répondit pas.

-Je vais mieux, je t'assure, ajouta-t-elle devant son silence.

Le Serpentard fronça les sourcils et joignit ses mains, les contemplant. Est-ce qu'il restait vraiment parce qu'il s'inquiétait? Il ne voulait pas lui donner cette impression, mais il ne pouvait nommer le sentiment qui l'obligeait à rester cloué sur place. Ce qu'il savait, ce qu'il ne voulait pas se décider à dormir pour finalement se faire réveiller par des cris au beau milieu de la nuit.

-Je me demande ce qui s'est passé, dit-il, recomposant son masque détaché.

-Je ne sais pas si je veux te le dire.

Hermione fut épris d'un frisson violent, ce qui faillit renverser du thé sur les draps. Drago le remarqua.

-Tu es sérieuse? Tu ne peux vraiment pas me le dire?

-J'ai besoin d'un peu de temps, Drago. Pour digérer.

Son homologue se mordit la lèvre, furieux, et ravala son impatience. Bordel, Weaslette l'avait vraiment soumis. Malgré tous ses instincts et sa curiosité maladive qui le poussaient à ne pas lâcher le morceau, il hocha la tête pour accepter.

-Est-ce que tu as ma robe? demanda-t-elle pour changer de sujet.

-Bientôt.

-C'est dans une semaine seulement... Pourquoi tu n'es pas allé avec tous les autres aujourd'hui?

De sang-froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant