28. Dévoué

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J'ai la Gryffondor la plus populaire à mon bras, et même si elle est plus jeune, quelle importance? Hermione Granger fait tourner les têtes. Elle me plaît. Elle a un certain caractère, et puis elle est brillante. Elle traîne un peu trop à mon goût avec Harry et Ron, mais ça ne me dérange pas énormément parce que bien franchement, ils n'ont pas l'air de poursuivre quoi que ce soit envers Hermione.

NOIR.

C'est le mois de novembre. En cours de Défense contre les Forces du Mal avec Ombrage, Harry Potter n'arrête pas d'intervenir. C'est ce que Hermione me dit. Selon lui, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est de retour. Selon Ombrage, c'est un mensonge. Je ne sais pas qui croire. La première fois qu'il en a parlé, je l'ai trouvé insolent. Ça m'a surpris moi-même. Pourtant, dans les couloirs, les opinions au sujet d'Ombrage sont presque unanimes : elle est chiante. Je ne la trouve pas chiante, mais plutôt autoritaire. Elle sait se faire craindre, et c'est quelque chose que j'admire. Je pense qu'être craint vaut mieux qu'être trop gentil avec tout le monde.

NOIR.

Ombrage nous distribue en classe des textes théoriques assez compliqués. Les parchemins sont photocopiés, mais on voit que la copie originale est vieille et jaunie, comme si elle sortait d'un ancien grimoire.

-Vous êtes tous au courant qu'il y a des idées préconçues qui circulent selon lesquelles les Sang-purs sont plus...valeureux, plus méritants de leur magie que ceux qui seraient nés de moldus, minaude-elle d'une petite voix.

Elle regarde toute sa classe dans son ensemble et je vois quelques étudiants se tendre un peu sur leur siège, quelques bureaux devant moi.

-Le but du Ministère n'est pas de vous dire quoi penser, continue Ombrage, et surtout pas d'invalider certains courants de pensée pour la simple raison qu'ils nous paraissent insensés. En tant que sorciers réfléchis, nous avons le devoir de nous pencher sur toutes les opinions et d'étudier ce qui les construisent.

Je me redresse sur mon siège, trouvant étrangement raison à ce discours.

-En devoir, je veux que vous me rendiez deux pieds de parchemin au sujet de la tension entre Sang-purs et les Nés-moldus, et plus largement, que vous m'expliquiez en détail ce que croient les Puristes et pourquoi le monde magique ne devrait appartenir qu'aux Sang-purs.

Une élève de Serdaigle lève sa main timidement.

-Oui, Miss Barrows? miaule Ombrage.

-Est-ce que nous pouvons écrire sous la forme d'un argumentaire en commentant de façon personnelle ces idées?

-Vos opinions personnelles m'importent peu, n'ont et ne devraient avoir aucune importance lorsqu'il s'agit d'examiner d'autres opinions. Je ne vous demande pas de débattre. Je vous demande d'être assez ouvert d'esprit pour pouvoir expliquer avec des arguments logiques et fondés quelle est la pensée, la mentalité des Puristes.

Le silence tombe dans la classe, mais personne ne rajoute de commentaires ou de questions. Ombrage continue sa leçon et nous examinons les textes qu'elle nous a distribué. C'est bien écrit, direct et précis. Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de textes, et je sais que leur nature devrait me déranger, mais c'est plus fort que moi. Ils témoignent d'une intensité et d'une rigueur qu'on ne rencontre plus aujourd'hui.

Lorsque le cours termine, un de mes amis, Joshua, que je sais être né de parents moldus, vient me voir, les joues en feu, l'air vachement offusqué.

-Je peux pas croire qu'elle se permet d'enseigner des trucs pareils! crache-t-il.

Je ne dis rien et le laisse continuer sa tirade. Il me dit que le monde moldu a déjà subi les ravages de plusieurs dictateurs cruels et que la même chose est en train de se produire avec Voldemort. Il pense à un dictateur en particulier avec un drôle de nom dont je n'ai jamais entendu parler.

De sang-froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant