Chapitre 33 : Espéré

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F É V R I E R

Dès qu'il quitta le terrain de Quidditch, il fila vers son dortoir. Le rythme de son cœur ne ralentit pas. Les cheveux défaits, les joues rouges, il s'engouffra dans son appartement et tomba sur Ginny. Elle l'examina attentivement.

-Ça va? demanda-t-elle. Tu as l'air... je sais pas.

Drago passa sa main dans ses cheveux dans l'espoir de les repeigner un peu.

-Euh... je... oui? Je crois?

Ginny fronça les sourcils, peu convaincue.

-Si tu ne te sens pas bien, je peux faire les rondes de ce soir seule...

-Non, coupa-t-il rapidement. Il faut être deux.

-Je peux demander à...

-Rouquine, s'il te plaît, dit-il. Je ne te laisserai pas faire les sacrés rondes seule ou avec Zabini.

Ginny sourit légèrement et lissa sa robe de sorcière.

-Veux-tu descendre prendre le souper avec moi? demanda-t-elle comme à son habitude.

Elle lui posait toujours la question, mais depuis un mois il lui avait toujours répondu non. Mais cette-fois, se mordant la langue pour s'empêcher de répondre par réflexe, il acquiesça.

-D'accord.

Ginny haussa les sourcils, mais ne commenta pas. Ils descendirent ensemble dans la Grande Salle, Drago gardant ses mains dans ses poches, tête remplie de vent et de la révélation salvatrice qu'il avait expérimenté. La Gryffondor le regardait en coin. Il était différent. Elle ne savait quoi exactement, mais il arborait un air différent. Un peu plus détendu. Un peu plus en paix. Drago prit place au bout d'une table, coincé entre Harry et Blaise, face à Ginny et Ron. Ils le regardèrent tous, un peu surpris, mais décidèrent de ne pas émettre de commentaires. Drago mangea un souper complet pour la première fois depuis un mois.

***

Cette semaine-là, Drago Malefoy prit tous ses repas du soir. Son appétit n'était pas énorme, mais il se forçait à terminer ses assiettes. Il était capable d'échanger quelques mots de conversation, même avec Potter, mais c'était plus difficile avec Weasley. Ginny et Blaise échangeaient publiquement des petits signes d'affection, mais ils étaient très subtils. Drago ne pouvait s'empêcher de les envier.

Il continua d'aller à l'infirmerie chaque jour, mais se refusa de lui souffler les mots qui lui brûlaient maintenant les lèvres. Lorsqu'il les lui dirait, ce serait à son visage éveillé. Parce qu'il savait maintenant qu'il l'aimait, c'était plus facile d'espérer qu'il pourrait bientôt partager cet amour avec elle. Peut-être qu'elle ne l'aimait pas, peut-être qu'elle ne serait pas prête, mais il savait que peu importe où elle en serait, rien ne changerait de son côté. Il voulait la gâter. Il voulait lui donner tout ce qu'elle désirait. Ses bras, ses lèvres, son corps, tout était à elle. Son sourire, ses idées, son temps, tout à elle. Son cœur, sa vie, ce qu'il était, tout à elle.

Une folle idée le traversa dès que le mois de février s'amorça. La Saint-Valentin approchait, et c'était l'occasion parfaite de célébrer ses sentiments avec elle. Il se mit à espérer, de jour en jour, que le 14 février serait la date fatidique où elle ouvrirait les yeux, appelée par tout ce qu'il voulait planifier. Il préparerait le rendez-vous parfait. Il se procura des chandelles. Il se rasa chaque jour. Il recommença à faire des entraînements le matin.

Harry avait commencé à se tenir un peu plus souvent avec lui, dans l'espoir unique de désamorcer toutes les rumeurs qui continuaient de circuler. Personne ne pourrait penser trop de mal de Malefoy si Harry Potter lui-même traînait publiquement avec lui. Il continuait de réfléchir à cette histoire de MacMiller, MacMillan, Black, Sirius. Il sentait qu'il connaissait la réponse, mais juste avant de l'atteindre, elle lui échappait. Harry commençait à croire que Drago l'endurait. Mis à part ce « Potter » qu'il ne se gênait pas de cracher encore sarcastiquement bien souvent, Drago se montrait beaucoup plus civil avec lui.

De sang-froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant