De sang-froid

13. Médusé

Drago pénétra dans la salle commune des Serpentards. Il réalisa, sans aucune nostalgie, que la salle n'avait pas du tout changé, et que le lieu ne lui avait pas manqué du tout. Elle ne lui évoquait que des souvenirs pathétiques de mauvais tours et de soirées bruyantes où tout le monde pariaient quant à savoir quand Hagrid serait enfin renvoyé.

-Qui a vu Blaise? demanda-t-il au large aux élèves qui étaient assis dans le salon.

On lui pointa le dortoir, et Drago monta les escaliers. Il ne prit pas la peine de cogner à la porte et l'entrouvrit, passant sa tête par l'ouverture.

-Blaise? Vieux?

Blaise était allongé sur son lit, les pieds croisés, un livre dans une main et un bras replié sous sa tête. Le dortoir était en désordre, mais désert.

-Je peux te parler? lui demanda-t-il.

Blaise soupira et referma son livre d'un coup sec sans dire un mot. Drago avança et se posta au bout de son lit, attendant que son ami se redresse. Sa lèvre était encore enflée.

-Qu'est-ce que tu veux? grinça Blaise, l'air impatient.

-Je sais que tu m'en veux. Je comprends.

-Et?

-Je voulais m'excuser. Je n'aurais pas dû te frapper.

-Non, effectivement.

-Je n'aimais pas ce que tu disais et c'était une manière pour moi de ne plus entendre. C'était stupide.

Blaise acquiesça puis se racla la gorge.

-Nous ne sommes plus des enfants. Je ne te serai pas rancunier pendant des lustres.

-Merci.

-Alors, tu es venu me voir parce qu'en fait, tu as compris que j'avais raison?

-Peut-être.

Blaise esquissa un sourire en coin et s'esclaffa. Drago lui rendit son rictus, soulagé que le malaise entre eux se dissipent aussi rapidement. Drago avait toujours apprécié ce côté chez Blaise. Il n'était pas rancunier et oubliait vite les torts qu'on lui avait fait.

-Peut-être que tu voudrais savoir que quand Granger m'a demandé si je la considérais encore inférieure, j'ai rien répondu.

Le visage de Blaise demeura complètement stoïque, comme s'il n'avait rien entendu. Il dévisageait Drago. Et vice-versa. Le silence devint inconfortable.

-Est-ce que je suis supposé pisser de joie ou quoi? lança Blaise.

Drago leva les yeux au ciel. Pourquoi, effectivement, l'avait-il annoncé à Blaise, comme une grande nouvelle digne de mention? Comme si c'était Blaise était celui qui validait lorsque Drago faisait quelque chose de bien ou non.

-Je pensais que tu voudrais savoir, avoua finalement Drago en haussant les épaules, décidant de jouer sur l'indifférence.

-Bah, félicitations Malefoy, de ne pas répondu à une question simple!

-Ça prouve que ce n'est plus le cas, non? cracha Drago. L'absence de réponse est une réponse.

-Ce n'est pas à moi de confirmer ce que tu penses vraiment. Tu te connais.

-En fait, non! Je le sens chez moi, putain! Je ne me reconnais plus! Je commence à faire des choses qui ne me ressemblent pas! Des choses d'avant ne m'intéressent plus et des choses qui ne m'intéressaient pas m'intéressent maintenant.

-D'avant quoi?

-Quoi?

-Des choses d'avant quoi?