L'inspecteur enchaîne alors les questions, de plus en plus pointilleuses, même sur des détails dont je n'aurai pas soupçonné l'importance. Après environ une heure, l'un de ses collègues vient le chercher, il me laisse donc seul dans le bureau avant de revenir avec encore plus de questions, comme s'il n'en avait déjà posé suffisamment. Sauf que cette fois, elle dérive très vite et je n'ai plus de mal à comprendre leur logique, elle porte presque essentiellement sur ma sœur « disparue » quatre ans plus tôt et sur son petit copain que nous avions hébergé en secret pendant deux mois après qu'il est fui son domicile familial et avant qu'il parte avec Ophélie.
Je me doutais bien que cette histoire allait me retomber dessus à un moment ou un autre... J'ai eu beau répéter qu'ils étaient partis faire le tour du monde, personne ne m'a jamais écouté par rapport à cette affaire, soupçonnant alors un meurtre ou un enlèvement. Et malheureusement, je n'ai jamais pu fournir de preuve qu'ils allaient bien, ne me laissant volontairement aucun moyen de les contacter. Mais le dossier à été classé sans suite, c'est déjà ça. Voilà que maintenant, je suis mêlé à trois disparitions différentes qui ont malheureusement toutes été signalées au dix-huit ans de la personne... Je sens que ça va finir par très mal tourner et que je vais être dans un joyeux pétrin, j'espère que j'aurai le droit d'avoir un bon avocat, parce qu'il me faudra au moins ça si ça continue...
Pendant tout le temps de l'interrogatoire, je n'ose pas demander des nouvelles des recherches, je me doute bien que si les policiers ont du nouveau, je serai tenu au courant puisque je ne serais plus là.
Après un temps infini, le policier me laisse enfin partir après avoir récupéré mes vêtements en tant que preuve et m'avoir fourni d'autres affaires. Je suis également prévenu qu'il me recontactera sûrement demain matin pour poursuivre l'interrogatoire, je dois donc rester dans les parages. Au moins, ça doit signifier que je ne suis pas encore assez coupable pour être enfermée. Quand je sors du poste de police, il fait déjà nuit depuis longtemps et le froid est tombé... Au moins, les habits qu'ils m'ont fournis sont à peu près chauds. Un peu démoralisé, je me retrouve à rejoindre ma voiture à pied... Pour découvrir qu'elle a été embarquée en tant que preuve... Génial... Il ne me reste plus qu'à appeler un taxi, j'aurai fait sans problème tout le trajet jusqu'à chez moi en vélo, mais en marchant ça me semble tout de même un peu trop loin, surtout dans le noir.
Je songe un moment à m'arranger avant l'arrivée de la voiture, mais j'abandonne, tout ce qu'il me reste à fait, mais de me changer... Le pauvre chauffeur de taxi est un peu surpris par ma tenue improbable en me voyant, mais ne fait aucun commentaire même si je dois avoir une tête de déterrer. Je commence très sérieusement à en avoir marre en plus d'avoir atrocement peur pour Kamala. Une fois devant ma maison, je rentre dans la grande bâtisse vide et plus que jamais, je regrette amèrement d'être seul, complètement seul... Je donnerais tout pour revenir dix ans en arrière quand les Snow, ma vraie famille, habiter encore dans la dépendance et qu'Ophélie était toujours là... Quand j'étais jeune et innocent, sans tous ses problèmes.
Je n'ai même pas encore allumé la lumière du vaste hall d'entrée que je commence déjà à pleurer... Je n'en peux plus... J'ai tout fait pour rester courageux ces dernières années, mais là, c'est beaucoup trop, je n'en peux plus de voir ma vie m'échapper petit à petit. Pour Kamala, je n'abandonnerai pas, mais je sens bien que tout ça commence à devenir beaucoup trop dur pour moi, je n'y arriverai pas seul, j'ai besoin de soutien. Prenant une décision, je ressors, ne sachant pas pourquoi j'ai pris la peine de venir ici alors qu'il n'y a absolument rien. Dès que je suis dans le jardin, j'attrape mon vélo et l'enfourche avant de partir à toute vitesse vers la maison des Snow à quelque centaine de mètres de là. Sans même m'arrêter, je descends de vélo et je me précipite à l'entrée de la petite maison, laissant mon vélo en plein milieu du passage. Je toque à la porte comme un fou, n'ayant qu'une envie, rentrée. C'est Ekala qui m'ouvre et ça tombe à la perfection, c'est exactement d'elle dont j'ai besoin, j'ai besoin d'une maman, de quelqu'un qui compte vraiment pour moi et qui est capable de me réconforter.
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L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)
ParanormalBeaucoup de personnes racontent des légendes en prétendant qu'il faut le voir pour y croire, mais si dans mon cas, il faut y croire pour me voir. Le 12 juin, à Margate, Kamala fête ses dix-huit ans en ville avec son petit copain, Pâris. À 16 heures...